Seuil à la française.

mercredi 23 août 2006
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Nicolas Sarkosy a décidément bien du mal à apaiser les esprits sur l’opération de régularisation des familles sans- papiers d’enfants scolarisés, lancée par sa circulaire du 13 juin.

Au départ, le ministre de l’intérieur parlait de régularisation de 2 000 à 2 500 personnes.

Le directeur de la police générale de la préfecture de police de Paris, Yannick Blanc, avait avancé, dans nos colonnes, le chiffre de « plusieurs milliers » de familles régularisées.

Devant les préfets, lundi 24 juillet, M Sarkosy évalue autour de 6 000 le nombre de cartes de séjour qui devraient être délivrées.

D’ici la date limite du 13 août, pour le dépôt des dossiers par les familles, le ministre s’attend à ce que 20 000 personnes présentent une demande de régularisation.

- Etrangement, pourtant, M Sarkosy fixe à l’avance un seuil, en observant dans Le Figaro du 24 juillet que « si les premiers dossiers examinés sont représentatifs de l’ensemble des demandes, la proportion devrait tourner autour des 30% ».

- La France renoue ici avec une politique de seuils de tolérance. Comme à l’époque ou l’on s’interrogeait sur le seuil d’immigrés que les Français pourraient « supporter » ou le seuil de chômage susceptible de provoquer une explosion sociale.

M Sarkosy a pourtant ouvert le curseur un peu plus largement qu’il ne l’envisageait au départ, mais, sachant que l’extrême droite lui reprochera son laxisme et la gauche sa rigidité, il reste sur un registre de fermeté.

Il confirme que les familles sans papiers seront expulsées... tout en excluant à l’avenir de refuser la scolarisation des enfants clandestins.

- Comprenne qui pourra.

On a décidément du mal à concevoir que des familles d’enfants scolarisés soient obligées de quitter un pays vis-à-vis duquel elles ont donné des signes d’intégration en mettant leurs enfants à l’école.

En 2003, un rapport du délégué interministériel à la famille montrait que près de 1% des élèves de 6 à 16 ans ne respectaient pas l’obligation de scolarité. Dans les collèges, l’absentéisme oscillait entre 1,9% et 2,5%.

Le ministre de l’intérieur et président de l’UMP justifie son choix de « justice » et de « raison » par son refus de nourrir le terreau qui permettrait à Jean Marie Le Pen et à Philippe de Villiers de progresser.

- Mais aucun principe ne peut conduire un pays attaché aux droits de l’homme à expulser des enfants en cours de scolarité.

- D’autres pays européens abordent autrement la question des sans-papiers.

En Allemagne, Wolfgang Schäuble, ministre de l’intérieur chrétien-démocrate, affirme qu« on ne peut pas renvoyer je ne sais ou des enfants nés ici, scolarisés ici ».

- L’Allemagne compte entre 150 000 et 250 000 étrangers sans statut juridique.

Elle ne les régularisera pas tous. Mais elle agira, comme l’Italie et l’Espagne, avec pragmatisme*.

La France, elle, préfère, la aussi, cultiver son particularisme.

Editoral « Le Monde » du 25/07/06. transmis par Linsay

* NDLR : Encore faut-il s’entendre sur le mot pragmatisme mais on y reviendra



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