Leurs dividendes sont nos emplois et nos salaires !
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2 sites industriels fermés, plus de 1000 emplois directs et au moins autant d’emplois indirects menacés ou supprimés, font que certains posent la question de l’avenir des industries agroalimentaires dans ce département des Bouches-du-Rhône.
Pour sa part, le Préfet de Région, qui ne cesse de répéter que l’Etat n’a aucun pouvoir pour empêcher les entreprises de licencier, de fermer où de se délocaliser voit dans cette situation une crise du secteur agroalimentaire.
Il a, en ce sens, saisi le CESR [1] afin d’en analyser les causes et de proposer des mesures, à même de le redynamiser.
Crise de l’agroalimentaire ?
- fralib
Il se fend, au passage, d’une analyse sur la fin des entreprises traditionnelles agroalimentaires issues de l’époque des colonies qui mérite réflexion. Il y aurait donc, selon lui, crise irréversible de l’industrie agroalimentaire en France.
Mais celle-ci serait dûe à quoi ?
Au manque de compétitivité de ce secteur ?
Au fait que les anciennes colonies se sont réappropriées la transformation du sucre, du cacao ou du thé issus de leurs plantations ?
En d’autres termes la vocation industrielle du Port Autonome à Marseille souffre-t-elle de la perte des industries ou les deux sont-ils victimes de la Mondialisation avec un grand M et contre laquelle on ne peut rien faire ou alors victimes de choix d’avenir pour Marseille et son département ?
Sauf à croire, que les économies des producteurs se développent, que leurs agricultures ne sont plus pillées, que ces fermetures et délocalisations se font en direction de ces Pays ou département d’Outre mer ce qui n’est pas le cas, cette déclaration du préfet s’analyse non comme un constat objectif, mais comme l’expression d’une volonté politique concernant Marseille et son port...et la Mondialisation a bon dos !
Ce sont les mêmes qui souhaitaient ardemment l’América Cup et son cortège de bateaux de plaisance de luxe et d’hôtels 5 étoiles qui font mine de croire que Marseille n’a plus de vocation industrielle et son port plus d’avenir dans le commerce.
Nombres d’entreprises traditionnelles agroalimentaires sont nées, vivent de l’activité du Port de Marseille.
Blé, cacao, thés et Canne à sucre alimentent les semouleries (semoulerie Bellevue et Littoral), les Moulins (Moulins Maurel, Moulin Storione), les industries de pâtes et de semoule (PANZANI, FERRERO), le thé (LIPTON-ELEPHANT), le sucre (SAINT LOUIS SUCRE).
Leurs fermetures auraient des conséquences tant sur les amplois industriels que sur les emplois du Port tant ces deux activités sont liées.
S’agissant des entreprises agroalimentaires concernées nous tenons une partie de la réponse, celle de leur santé financière.
Leurs dividendes sont nos emplois et nos salaires !
Chez PANZANI chaque salarié créé 6553 euro de richesses chaque mois travaillé.
Chez NESTLE :5155 euro, chez SAINT LOUIS SUCRE :7190 euro, chez HEINEKEN :7983 euro.
Il s’agit là de création de richesses fabuleuses de 68 160 euro (447 000 Frs) à 95 796 euro â€ËÅ“(628 000 Frs) par an et par salarié.
Mais cela suffit-il à faire mesurer la vraie part des salaires dans les productions, à rendre inacceptable la part que les capitalistes s’accaparent dans les richesses créées par les salariés ?
Chez UNILEVER à Fralib, face aux exigences du Groupe d’améliorer la compétitivité de l’établissement par la suppression de 57 emplois, le syndicat pointe que la part des salaires, charges comprises avec les 10 plus hautes rémunérations pèse pour 14 centimes d’euros (chiffrage confirmé par la direction) dans une boîte de thé vendu entre 1,70 et 2,30.
14 centimes d’euro, c’est le prix du développement d’une photo couleur et ce serait encore trop quand, dans le même temps, en 2006, les actionnaires engrangent 5 milliards d’euro qui correspondent à plus de 225 000 emplois à plein temps à 1500 euro par mois.
Ce lien entre les dividendes accumulés par le capitalisme, les salaires et les emplois est parlant. Ainsi les seules entreprises du CAC 40 ont versé 25,5 milliards d’euro de dividendes en 2006 soit l’équivalent de 1 million d’emplois à 1500 euro par mois.
EDF a, pour sa part, versé l’équivalent de 225 000 emplois (5 milliards d’euro) à ses actionnaires.
Combien d’emplois menacés ou supprimés chaque jour dans la chimie, la métallurgie, dans les services ou ex-services publics ?
Il n’y a donc pas de crise particulière dans le secteur agroalimentaire, les entreprises ne sont pas des « canards boiteux », ici, comme ailleurs le capitalisme fait des ravages.
Marseille port pour plaisanciers fortunés dans une ville pour riches ou port de commerce dans une ville dont ne serait pas exclues les classes populaires le choix est là. Qu’il s’agisse de l’emploi ou du logement leur choix est cohérent, nos luttes disent assez que le notre l’est aussi.
Pour paraphraser une banderole que l’on voit beaucoup ces derniers temps : Emploi et Logement les marseillais restent et résistent !
[1] Conseil Economique et Social Régional, instance consultative sans aucun pouvoir de décision
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