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Je ne suis pas « pro-palestinien » ...

et j’irai à Gaza

mercredi 2 juin 2010, par Charles Hoareau

Depuis hier la presse, au sujet des manifestant-e-s qui un peu partout en France et dans le monde protestent contre l’assassinat programmé par l’armée israélienne de militant-e-s pacifistes, parle de militant-e-s « d’extrême gauche et/ou pro-palestiniens. »

Et je ne comprends pas.
Enfin presque pas.
Et en tous cas je ne me sens pas concerné.

Je ne me sens pas d’ « extrême gauche ».

Notion dont en plus je ne suis pas sûr qu’elle veuille dire quelque chose même si elle est pratique pour le classement en fiche.
Je ne me sens pas extrémiste au sens où l’entend ou le sous-entend la presse.
Si on doit parler d’extrémisme il faut dire que c’est le capitalisme qui est un système extrémiste tant dans son fonctionnement et ses visées que dans les solutions qu’il met en œuvre pour subsister au mépris de toute volonté populaire.

Car comment qualifier autrement un système qui n’hésite pas à recourir aux pillages, à la surexploitation et même aux guerres, aux coups d’état et autres dictatures quand il est remis en cause par les peuples ?

De ce point de vue de l’Afrique à Cuba en passant par le Moyen Orient, l’histoire fourmille de multitudes d’exemples. Ce qui se passe au Honduras ou dans un autre domaine ce que la technocratie de l’Union Européenne veut imposer aux peuples d’Europe au mépris de la plus élémentaire démocratie en sont deux illustrations actuelles.
Et ne parlons pas du « Grand Moyen Orient » cher à Georges Bush que l’administration Obama n’a pas remis en cause…

Suis-je de gauche ?

Historiquement sans doute mais aujourd’hui je n’appartiens pas à la même famille politique que Strauss-Kahn ou de nombre de dirigeants politiques qui s’affirment de « gauche » (et qui me semblent bien plus près de la « droite décomplexée » que de moi) et avec qui je me sens en rupture sur le RSA, l’affrontement face aux multinationales, l’UE et la justice internationale au moyen orient ou ailleurs.

Suis-je, sommes-nous pro palestiniens ?

Notion bien pratique pour expliquer qu’il y ait en France et ailleurs des gens qui manifestent contre ce qui se passe en Palestine ?

Je ne suis pas pro-palestinien pas plus que je n’étais pro-africain quand je manifestais contre l’apartheid en Afrique du sud et participais à la campagne mondiale de boycott des oranges OUTSPAN ou pour la libération de Mandela.

Je ne suis pas pro-palestinien pas plus que je n’étais pro-vietnamien quand avec des millions d’autres de par le monde je participais à des manifestations pour la paix au Viet-Nam et le départ des américains.

Je ne suis pas pro-palestinien pas plus que je n’étais pro-noir quand je participais à la protestation internationale contre la politique de ségrégation raciale aux USA et pour la libération d’Angela Davis.

Nous ne sommes pas plus pro-palestiniens que nous sommes pro-kanaks – pas plus qu’il y a 50 ans, nos parents étaient pro-algériens ou pro sénégalais – quand nous revendiquons à leur suite le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Le 31 mai nombre de rues de France et du monde étaient remplies de militant-e-s pro paix, pro paix parce que pro humains tout simplement.

Ou pour le dire autrement pro liberté, pro égalité, pro fraternité.

 Comment peut-on être pour la liberté et accepter l’enfermement de toute la population de Gaza ?

 Comment peut-on être pour l’égalité et accepter la politique d’apartheid que mène Israël dans les colonies palestiniennes ?

 Comment peut-on être pour la fraternité et accepter cette politique d’élimination systématique, d’expulsion, d’exclusion, de racisme que mène Israël non seulement dans « ses » colonies mais à l’intérieur même de ses frontières ?

On ne le peut pas.

Tout être humain épris d’égalité, de liberté, de fraternité ne peut que se sentir solidaire du peuple palestinien comme de tous les peuples qui sont opprimés dans le monde.

Et c’est pour cela que depuis 62 ans des femmes et des hommes de par le monde manifestent contre les crimes commis par l’état d’Israël au nom d’une idéologie au caractère fascisant de plus en plus affirmé.

Par son acte qui n’est ni une erreur ni une réaction disproportionnée mais une action froidement planifiée par un état qui s’est arrogé « un droit d’exception » le gouvernement israélien a voulu donner un message clair :

« Moi Israël, je fais ce que je veux, le droit des peuples cela ne me concerne pas. Personne ne rentrera dans Gaza. »

A cette déclaration de guerre faite au monde libre, le monde libre doit répondre.

Nous ne laisserons pas faire.

Comme à chaque période historique où les peuples ont été confrontés au fascisme ils n’ont pu s’en sortir qu’en ne reculant pas. Au besoin en s’appuyant sur la solidarité internationale.

Les pro humains de notre temps, manifestant-e-s contre les massacres de Sabra et Chatila, les invasions du Liban ou le massacre de Gaza, sont les héritiers des révolutionnaires de 1789, des brigadistes d’Espagne de 1936, des résistant-e-s de 1940, des militant-e-s de l’indépendance des années 50, de celles et ceux qui en 1973 clamaient au côté d’un peuple martyrisé « El pueblo unido jamà s serà vencido ».

Notre réponse de pro humain au massacre du 31 mai doit être nette et sans bavure :
« Messieurs les fascistes nous ne reculerons pas !
No pasaran !
S’il le faut nous irons à Gaza et en Palestine pour arracher avec le peuple palestinien le droit universel à la liberté, l’égalité, la fraternité ! »

Inscrivons-nous massivement pour les prochaines missions civiles de soutien au peuple palestinien.

Le 1er juin 2010

Messages

  • Tout à fait en accord avec ce que tu viens de dire , que je ressentais confusément, depuis les retours médias, qui ont vite classés les pacifistes et humanitaires de "pro palestiniens" voire plus loin "en leur sein des islamistes décidés à en découdre". sans doute y en avait -il ? Sans doute pouvait -on le prévoir, sans doute cet assaut avait pour but de discréditer en faisant de cette flotille une Armada contre Israël, plûtôt qu’une flotille de sauvetage d’humains...Qui ont aussi répondu à une provocation militaire inconcevable ! Ce cynisme ambiant sur le dos d’un million et demi de femmes, d’enfants et d’hommes qui souffrent, est véritablement intolérable !Que la communauté Internationale fasse preuve d’un peu de courage politique, et non d’amènagements financiers !
    Le faschisme où qu’il soit doit être combattu ! Et l’on appelle des résisatnts ceux qui s’y opposent !
    Catherine

  • C’est beau, c’est juste, simplement parceque c’est historique, au sens où l’entends Marx, de ce qu’est l’Histoire. Non une suite d’événements constatés, mais un processus d’affrontement entre le prolétariat et les capitalistes, qui en permaence ont besoin de conflits pour à la fois détourner les regards des peuples et justifier un système d’exploitation. Il existe en ce sens un rapport dialectique entre le blocus de Gaza et les blocus sociaux imposés par le capital à l’ensemble des peuples (emplois, santé, retraites etc). C’est à ce niveau de réflexion et d’actions, que le commmunisme (au sens de Marx)est une libération...

    A ce propos attention aux événements actuels, derrière l’apparence de l’immobilisme actuel, et de la violence du système, tout est possible. Souvent les Révolutions naissent dans l’apparence du néant...

    Amicalement, Fabrice.

  • Pour faire simple, je dirais que si cette intervention était une "pétition" adréssée à tous les "hommes politiques"
    je la signerais tout de suite en tout cas elle peut servir d’avertissement au Capital et à ses "supporters zélés" et donc j’y souscris . Je pense que tu es allé de manière assez succinte à l’essentiel, bravo.
    Je voudrais juste rajouer que je suis bien d’accord avec les deux réposes qui suivent.
    Amitiés

    MCOCO Le Rebelle Médocain

  • Bien dit.
    J’ai été choqué par l’usage exclusif de pro-palestinien dans les médias français pour désigner les militants voulant aider à la libération de ces prisonniers. Cette unanimité n’est certainement pas un hasard, la propagande pour le Système totalitaire qui nous gouverne et nous domine est très bien faite. Nous sommes bien en guerre, l’information des masses est contrôlée.
    Ceci prouve une fois de plus l’omniprésence d’une dictature ’douce’ souvent niée.
    On retrouve fréquemment l’usage de mots bien choisis pour leur absence de signification, les bons les méchants, la droite la gauche, libéralisme = liberté, extrémisme = terrorisme, idéologie = totalitarisme, marché = liberté, écologie = lutte contre le CO2, OGM = progrès, sciences = progrès, ...

  • le terme pro palestinien a été inventé par les médias et l’élite politique pour masqué le fait suivant : alors que les peuples sont d’abord et majoritairement contre la politique colonial de l’état d’Israel avant d’être du côté du peuple Palestinien ,la plupart des élites dirigeantes ont une position inverse et sont un soutien indéfectible à l’appareil d’état Israélien.

    c’est un terme qui vise en effet à faire de la juste lutte pour la création d’un état Palestinien viable et la reconnaissance du préjudice politique et humain subit par le peuple Palestinien comme un simple combat partisan équilibré ,évacuant la notion d’injustice.

    à lire pour prolonger la réflexion un article sur le site "les mots sont importants" une analyse critique d’ édito paru dans le journal le Monde sur "la mouvance pro palestinienne"

    bonne manif à tous

    Fred

    Voir en ligne : la mouvance pro palestinienne

  • Merci Charles,
    tu tiens toujours la route ! je pense aussi à Danielle Bleitrach.

    Yves Le Gloahec

  • Sacré Charles,

    Tu commences bien ton article, mais tu termines en voulant aller à GAZA, mais pour le peuple Palestinien. Je viens avec toi, mais pour de bonnes raisons !. Et il est là le vrai problème. Qui est ce peuple Palestinien et qui n’en fait pas parti. Doit-on remonter aux hommes pré-historiques pour le savoir ?. Un peuple est t-il propriétaire de son territoire pour l’éternité ou parce que dieu (?) le lui a dit ? Si c’est le cas ces affirmations sont dangeureuses.
    Laïcité, démocratie, et la fin de l’américano-intervention, doivent venir dans ces lieus (GAZA... et ISRAEL).
    Après on verra que le problème n’en est pas un.

    Du passé faisons table rase !
    Patrick

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