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Sur Arte, mardi 5 mars à 20 heures 50, « The Gatekeepers », un documentaire exceptionnel pour comprendre comment l’Etat d’Israël entend les mots « démocratie », « plan de paix » ou « droit de se défendre »... Ci-dessous une critique publiée sur le site Assawra.
Face à la caméra : Avraham Shalom, Yaacov Peri, Avraham Dichter, Youval Diskin, Ami Ayalon, Carmi Gillon, six anciens "patrons" du Shin Beth, la sécurité intérieure israélienne, racontent pendant une heure et demie dans The Gatekeepers ("Les gardiens"), leur lutte contre le « terrorisme » palestinien mais aussi contre l’extrême droite religieuse juive. Une histoire secrète de trente ans qui débute avec l’occupation de la Cisjordanie et de Gaza, à la suite de la guerre des Six-Jours de 1967, et court jusqu’à fin 2011.
Entre répression au quotidien d’une population de plus en plus hostile, deux intifadas, la multiplication des attentats anti-israéliens avec en représailles les liquidations ciblées, exécutions sommaires, bavures, détentions administratives sans acte d’accusation ni procès, interrogatoires implacables et mise en place d’informateurs palestiniens. En parallèle, ils doivent également neutraliser un mouvement terroriste juif qui ira jusqu’à tenter de faire sauter le dôme du Rocher, sur le Haram El Sharif (l’esplanade des Mosquées en pleine vieille ville de Jérusalem, le mont du Temple pour les Israéliens juifs). Une lutte de l’extrême droite juive qui s’affichera au grand jour lors de l’assassinat d’Yitzhak Rabin, en novembre 1995, par Yigal Amir.
Projeté l’été dernier au festival international du film de Jérusalem, ce documentaire réalisé par Dror Moreh est d’abord passé quasiment inaperçu. Arrive la fin de l’année et la décision de la cinémathèque de Jérusalem de le programmer. Très vite les séances ont lieu pratiquement à guichet fermé. On refuse du monde. Un succès dû au bouche-à-oreille et à quelques bonnes critiques. Mais il faudra attendre sa nomination aux Oscars pour que Israël confidential (The Gatekeepers pour la version anglaise) fasse vraiment du bruit. En moins d’un mois, plus de 50 000 Israéliens vont se précipiter dans les sept salles qui désormais assurent sa diffusion.
Les télés et les radios, nomination aux Oscars oblige, finissent par en parler et surtout font réagir les politiques. À droite, c’est glacial et unanime : un film "orienté", "tendancieux". À la présidence du Conseil, Benyamin Netanyahu laisse son porte-parole déclarer : "Le Premier ministre n’a pas vu le film et il n’a pas l’intention de le voir." Au lendemain de la cérémonie des Oscars, la droite fait des gorges chaudes du fait que Dror Moreh, le réalisateur du film, est reparti les mains vides. "Nous ne verserons pas une larme", dit-on en coeur... Quelques jours plus tard, Limor Livnat, la ministre de la Culture, met le feu aux poudres. Après avoir dénoncé "ces films qui salissent l’image d’Israël", elle appelle les réalisateurs à s’autocensurer. Les professionnels du cinéma lui répondent par une lettre ouverte dans laquelle ils rappellent que "le rôle du ministre de la Culture est de promouvoir l’art, pas de censurer" ! Si elle conserve son portefeuille, Limor Livnat a annoncé son intention de changer la composition de la commission d’attribution des subventions aux projets cinématographiques.
Assawra - 05-03-2013 - avec les agences de presse
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