Geoffroy Didier et Guillaume Peltier : l’école buissonienne.
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Ces duettistes sont les rejetons de la droitisation vendue à Sarko et à Copé par Patrick Buisson.
Les deux sont droitiers et revendiquent être les seuls véritables héritiers de la « génération Sarkozy ».
Surnommés « Plic et Ploc » à l’UMP, Geoffroy Didier et Guillaume Peltier, 36 ans chacun, plutôt bien mis et bien nés, sont des enfants de la droite nationaliste chère à Patrick Buisson.
Leur courant, baptisé tous muscles dehors « la Droite forte », est arrivé en tête - avec 27,8% des suffrages - des six motions soumises au vote des militants UMP le 18 novembre.
Un résultat validé par la désormais célèbre - et totalement infaillible - Cocoe, commission de cooordination des élections.
Ce succès - sous réserve d’être démenti, on ne sait jamais avec l’UMP - est, selon les duettistes, dû à l’application d’une recette simple :
« Nous sommes fiers d’être français, fiers d’être de droite et fiers d’être sarkozystes ».
Et Patrick Buisson, le journaliste-sondeur-stratège du sarkozysme élyséen, est évidemment « fier » de ses rejetons.
Lui qui ne cesse de défendre urbi et orbi - c’est-à-dire jusqu’au Vatican - la « vraie France », incarnée par « une réconciliation de toutes les droites ».
Action, réaction !.
Biberonnés à l’école buissonnienne, Plic et Ploc ont été abreuvés au cathéchisme pseudo-patriotique de leur maître.
Et ont soumis leur bréviaire - une sorte de petit livre bleu-blanc-rouge - à l’approbation des militants.
Il faut le lire pour le croire.
Honnissant tous ceux qui n’aiment pas la France, Didier et Peltier se font fort de déféndre « nos modes de vie, nos traditions, notre identité, qui fondent la France d’hier, d’aujourd’hui et de demain ».
Ils rêvent d’« une France fière de ses traditions judéo-chrétiennes et de ses racine grécolatines », au point de proposer que soit inscrit dans la Constitution ce verset :
« La France est une République laïque de tradition chrétienne ».
Allléluia !.
Vraie France, vrais rances.
Les deux ambitieux veulent aussi « soumettre le versement de toute allocation sociale pour les étrangers » au fait qu’« ils aient travaillé, cotisé et habité au moins dix ans en France ».
Comme leur héraut Jean-François Copé, ils comptent aussi supprimer l’aide médicale d’Etat - la Sécu pour les sans-papiers, sans ressources -, en la réservant aux stricts cas d’urgence.
Une proposition que fait également sienne le Front national.
Qui se ressemble...
Déterminés à mettre hors d’état de nuire la chienlit qui gangrène la « vraie France », Peltier et Didier proposent dans le même élan de doter les enseignants d’« un statut spécial interdisant le droit de grève ».
Comme pour les flics et les matons.
On ne peut pas leur donner tout à fait tort : un élève est souvent un délinquant en devenir.
Lorsqu’il ne finit pas journaliste du service public, donc gauchiste.
Didier et Peltier proposent de « démocratiser les chaînes » et de « libérer l’information en garantissant l’embauche de journalistes de droite ».
Pour que ce catéchisme nationaliste rentre bien dans l’esprit (-saint) des militants de l’UMP, notre sympathique duo suggère la création d’une véritable « école de cadres » du parti.
Un peu comme celle du PC à Moscou, au temps du camarade Jacques Duclos.
Une proposition pas désuète pour un sou - c’est le cas de l’écrire - pour l’épatant Guillaume Peltier.
Le jeune homme, dépeint par un ami comme « un réactionnaire moderne », possède en effet sa propre boîte, baptisée Com 1+, qui propose des formations aux élus.
D’ailleurs, Peltier est en contrat avec l’Association nationale pour la démocratie locale, émanation de l’UMP, présidée par la députée amie de Copé Michèle Tabarot.
A tous les élus locaux qui le souhaitent - moyennant financement public -, Peltier délivre trucs et astuces pour devenir un édile hors pair.
A ceux que cela intéresse - comme à tous les « décideurs » - le transfuge du Front national et du Mouvement pour la France propose également, pour 600 euros hors taxes, un abonnement annuel à sa « Lettre de l’opinion », succédané de sondages réalisés par l’Ifop et propriété de Laurence Parisot, boss du Médef.
Des patrons, Geoffroy Didier en a eu connu quelques-uns : l’avocat Jean Veil, chez qui il a appris le barreau, mais surtout Hortefeux et Sarko.
A ces deux là, le conseiller régional a fourgué notes, formules et éléments de langage.
Mais son vrai maître à penser se nomme Alain Carignon.
C’est d’ailleurs l’ex-député de l’Isère qui a présenté Plic à Ploc.
Résultat : un pacs contre nature entre le « nationaliste moderne » Peltier, venu de l’extrême droite, et le « patriote vieillot » Didier, qui a fait ses classes en créant en 2006 la Diagonale, pour « sarkozystes de gauche ».
Une trajectoire qui explique peut-être, chez Didier, quelques hésitations idéologiques.
Comme ce 22 novembre, où, interrogé sur LCI sur les valeurs de la Droite forte, le jeune avocat a plaidé pour « une droite qui ne s’excuse pas d’être de gauche ».
A la place de Buisson, on le déshériterait.
Par Didier Hassoux dans le Canard enchaîné du 28/11/2012
Transmis par Linsay
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