Combien coûtera la guerre du Mali ?

mercredi 30 janvier 2013
popularité : 4%

Nul ne peut savoir combien coûteront les opérations militaires françaises au Mali. Pour une raison simple : on ignore combien de temps elles dureront et quelle ampleur elles prendront. Une seule chose peut être avancée avec une quasi-certitude : cela se mesurera en centaines de millions d’euros. Soit un tout petit pourcentage des 30 milliards du budget de la défense.

Comment calcule-t-on le coût des « opex » ?

Les « opex », comme disent les militaires, ce sont les opérations extérieures que conduit l’armée française à l’étranger : Afghanistan, Libye, Côte-d’Ivoire, Kosovo ou aujourd’hui Mali. Les responsables budgétaires n’en mesurent pas le coût, mais uniquement le surcoût. Pour une raison simple : les militaires qui sont envoyés au Mali auraient quand même perçu leur solde à la fin du mois s’ils étaient restés dans leur caserne. En revanche, lorsqu’ils partent en opex, ils touchent des primes particulières, dont l’indemnité de sujétion pour service à l’étranger (Isse). Concrètement, leurs soldes sont plus que doublées durant leur séjour de quatre ou six mois. Prenons un adjudant marié et père de jeunes enfants : sa solde passe de 1 900 € par mois à 4 800, soit une augmentation de 150 %.

Ces primes représentent environ la moitié des surcoûts. Dit en termes de gestion d’entreprise : la guerre reste une activité de main-d’œuvre et la masse salariale s’en ressent !

Pour les matériels, c’est un peu la même chose que pour les hommes. Les avions, les blindés, les hélicoptères ont déjà été achetés et ils auraient été entretenus et utilisés pour l’entraînement des troupes. Normalement basés à Saint-Dizier, les Rafale qui volent au-dessus du Sahel l’auraient fait au-dessus de la Champagne. La guerre use simplement un peu plus vite leur potentiel et peut abîmer quelques véhicules sur les routes africaines... C’est uniquement ce différentiel entre l’usage en temps de paix et l’usage en temps de guerre qui est comptabilisé.

Reste la question des munitions : évidemment, la consommation augmente lorsqu’on se bat ! Pour l’instant, ce n’est pas énorme : en dix jours, le nombre de frappes aériennes est resté très limité, à peine quelques-unes chaque jour. Rien à voir avec la Libye, par exemple, où l’aviation française avait tiré pas moins de 1 600 bombes et missiles. Dont des systèmes très sophistiqués comme les missiles de croisière Scalp, qui coûtent, tout compris, 850 000 € pièce !

Quel est le prix de nos guerres ?

Au cours des dix dernières années (2002-2012), le surcoût des opérations extérieures s’est élevé au total à 7,7 milliards d’euros. Soit, quand même, plus de 200 000 € par jour. Alors qu’elles avaient connu des niveaux élevés dans les années 90, notamment avec la guerre du Golfe et l’ex-Yougoslavie, les dépenses liées aux conflits ont fortement augmenté à partir de 2008, avec l’aggravation de la situation en Afghanistan, pour atteindre plus de 800 millions par an. 2011 a été un cru exceptionnel à cause de la Libye : 1,24 milliard d’euros ont été dépensés cette année-là - dont 350 millions pour la guerre en Libye et plus de 500 pour l’Afghanistan.

En 2012, il est retombé à 870 millions et le retrait d’Afghanistan, coûteux à réaliser, aurait dû se traduire dès cette année par une nouvelle réduction pour revenir vers les étiages du début des années 2000 - un peu plus de 500 millions par an. Sauf que la crise malienne est arrivée et qu’elle pèsera évidemment sur le budget !

Qui paye ?

Pendant des années, aussi étonnant que cela puisse paraître, rien n’était prévu dans le budget de l’Etat pour financer les opérations extérieures. Lorsqu’elles se produisaient, le ministère de la Défense payait avec ses crédits, puis on bricolait une solution en annulant des dépenses et en demandant une rallonge au Parlement. Depuis 2003, une « provision » est votée chaque année dans le budget de la défense. D’abord dérisoire (24 millions), elle atteint désormais 630 millions. Ce qui ne suffit pas et, chaque année, il faut encore trouver quelques centaines de millions. Concernant le Mali, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a promis la « transparence » sur son coût. Difficile de faire autrement d’ailleurs : tout figure au final dans les documents budgétaires. Qui sont publics.

Par Jean-Dominique Merchet source Marianne 2 le 29/01/2013

Transmis par Linsay



Commentaires

Logo de thierry
dimanche 3 février 2013 à 23h40 - par  thierry

Sites favoris


20 sites référencés dans ce secteur