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Une nouvelle victoire du War Party
mercredi 26 octobre 2011
Le War Party (WP), le parti transnational de la guerre, a inscrit un nouveau succès dans son livre d’or : la guerre de Libye. Décidée par la Coupole du pouvoir -le plus grand organe dirigeant dont la composition est secrète, mais dont, comme on sait, font partie les délégués des plus influents groupes multinationaux et financiers et de l’appareil militaro-industriel - elle a été magistralement conduite par le Secrétariat transnational, en fomentant et en armant la dissidence interne (à travers des agents secrets et des commandos infiltrés) pour la faire apparaître comme une « révolution ».
Le secrétaire général du WP, Barack Obama, soulignant que « la mort de Kadhafi démontre la justesse de notre rôle pour protéger le peuple libyen », annonce que de cette façon « nous avons rénové le leadership américain dans le monde ». Washington a mis « un masque européen sur le commandement de l’opération », expliquent des fonctionnaires de l’administration, mais ce sont les Etats-Unis qui ont été « la colonne vertébrale de l’opération OTAN », en fournissant aux alliés du renseignement, l’approvisionnement des chasseurs en vol et des bombes à guidage de précision. Dans cette guerre -souligne le vice-président d’Obama, Joseph Biden - « nous n’avons pas perdu une seule vie » : donc, plus que celles du passé, cette guerre indique « comment se comporter avec le monde pendant que nous avançons ».
L’opération en Libye, expliquent les fonctionnaires, prouve que « les dirigeants de certaines puissances de moyenne grandeur peuvent être renversés à distance », sans envoyer de troupes sur le terrain, en utilisant des armes aériennes et navales et en faisant assumer aux alliés, dans ce cas européens et arabes, le « poids le plus grand » de l’opération. Indubitable est le mérite des membres du Secrétariat du WP, surtout le français Sarkozy. Après la « normalisation » avec la Libye, celui-ci fut le premier à accueillir Kadhafi avec tous les honneurs à Paris, en décembre 2007 (un an et demi avant que Berlusconi le reçût à Rome), en stipulant un accord de 10 milliards d’euros pour fournir à la Libye des centrales nucléaires et en engageant la Libye dans des négociations exclusives avec la France pour l’achat d’armements, parmi lesquels des chasseurs Rafale.
A peine plus de trois ans après, ce sont justement les Rafale français qui ont attaqué la Libye, quand la Coupole du pouvoir a décidé que la meilleure façon d’exploiter les ressources libyennes n’étaient pas les accords mais la guerre. En mars dernier, un fils de Kadhafi déclara que la Libye avait contribué à financer la campagne électorale de Sarkozy et qu’il en avait les preuves. On comprend donc pourquoi le président français a défini le meurtre de Kadhafi comme une « étape importante ».
Méritoire aussi le rôle de la section italienne du WP : après avoir déchiré le traité de non-agression, le gouvernement Berlusconi a participé à la guerre avec ses bases, navires et avions, qui ont effectué plus de 1.100 raids. Et le jour même où Kadhafi était tué, la marine militaire annonçait qu’elle avait réactivé les structures Eni [1] pour l’exploitation du gaz libyen et Finmeccanica [2] rouvrait, en Libye, son établissement hélicoptériste AgustaWestland.
Pendant que l’activiste « de gauche » du WP, Bersani [3], explique que « la mission en Libye entre dans le cadre de notre Constitution, parce que l’article 11 répudie la guerre mais pas l’usage de la force pour des raisons de justice ».
Et le président Napolitano assure que « nous ne sommes pas entrés en guerre ».
Il manifesto
Manlio Dinucci le 25/10/2011
Traduction de l’italien : Marie-Ange Patrizio
Transmis par Linsay
Voir en ligne : Il Manifesto
[1] Société nationale des hydrocarbures, NdT
[2] « Premier groupe industriel italien du secteur de la haute-technologie et parmi les 10 premiers mondiaux en aérospatiale, défense (si on peut dire, NdT) et sécurité ».
[3] ancien élu PCI, devenu secrétaire du parti démocrate classé "centre gauche" NDLR
Messages
26 octobre 2011, 13:34, par chb
Merci pour cet article.
Commandité ou fortuit, l’assassinat en Libye du guide-dictateur montre que nos armées « humanitaires » et leurs sous-traitants d’occasion ne maîtrisent pas les violences qu’ils déchaînent : ce n’est pas difficile d’imaginer que le but des huiles de l’OTAN était donc de provoquer le chaos. Les chiffres de victimes "collatérales", peu prises en compte puisqu’il y a zéro mort parmi les agresseurs, atteindront peut-être nos journaux au gré de la guerre civile qui commence : ils sont apparemment si supérieurs aux exactions du tyran supprimé que l’opposition nouvelle donnera du fil à retordre au CNT, au-delà de ses propres dissensions.
Localement, on peut se demander si nos députés débattant en juillet de la reconduction de l’opération savaient à quoi ils apportaient leur soutien... Leur assentiment n’est-il pas plus grave que le glissement attendu du CNT dans une idéologie islamiste ?
Plus largement, il y a une pétition (un peu maladroite mais bon) pour mettre nos responsables face à... leurs responsabilités. Pourquoi pas ?
Voir en ligne : pétition pour inculper les responsables de crime de guerre (assassinat de Kadhafi)
26 octobre 2011, 19:39, par chb
Alors voilà, après la presse étrangère, c’est le Canard Enchaîné qui le dit sans fard : l’armée française a bien mené une chasse au Kadhafi. Si le gibier n’est pas mort tout de suite, ce n’est pas de notre faute. L’article est clair et précis sur les services attachés à cette mission particulière, sur les soldats engagés (au sol, ben oui), sur de précédentes tentatives ratées, sur le ciblage de tous les membres de la famille, et sur la coopération US-GB-F à ce crime de guerre auquel on avait aussi largement préparé l’opinion, qui était donc favorable à l’élimination du dictateur infâme du pays le plus développé de l’Afrique (selon l’UNESCO, avant l’opération botulique).
Seuls les communistes et quelques extrême-gauchistes avaient dit leur opposition à l’opération néo coloniale, sans toutefois chercher à mobiliser les masses contre l’impérialisme et l’OTAN. Et maintenant, à peu de chose près, tout le monde ici rentre dans le rang pour se féliciter de la « nouvelle période pour la Libye » comme dit le PC. Mais les français, les anglais, les italiens etc. savent que c’était une guerre pour le pétrole ! Ils comprendraient vite, suffit de leur dire, que tout libyen et bientôt tout africain (voire syrien, ensuite) serait légitime à nous faire subir un petit 11 septembre (Je n’ignore pas que la stratégie de nos dirigeants tient compte de cette « opportunité », à saisir éventuellement dès que la crise nous titillera un peu trop). Je constate aussi que l’impopularité de notre propre dirigeant n’a pas faibli depuis sa victoire militaire, prévue pourtant pour aider à le remettre en selle pour 2012.
Bon, alors, on fait quoi ?