Hakim Ajimi, les coupables de sa mort dorment à la maison
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Le 11 février 2013 était rendu le jugement en première instance de 3 policiers responsable de la mort d’Hakim Ajimi, 22 ans, décédé en mai 2008 à Grasse suite à une interpellation qui a viré au drame.
Le 9 mai 2008, Hakim Ajimi sort d’un entretien houleux, mais non violent, avec son banquier. Privé d’emploi, ces indemnités n’avaient pas été versées et sa situation financière était dans le rouge. Son banquier appelle la police. La BAC (Brigade Anti Criminalité) est envoyée sur les lieux, mais pour quel crime ? Lui demandant directement de le suivre au poste, Hakim refuse et se dégage, « non pour donner des coups mais pour sortir de l’emprise » dira l’un des policiers. On peut comprendre l’étonnement du jeune homme du déroulement de la situation. Les policiers pour le maîtriser se mettent à 3 sur lui et il se retrouve allongé, les quatre membres menotté pendant 10 minutes. L’utilisation d’une clé d’étranglement interdite dans d’autres pays d’Europe mais légale en France va être fatale pour le jeune homme.
nous parlions déjà des faits l’an dernier à l’occasion d’une manifestation de soutien.
Le verdict
Sur les 3 policiers concernés par le jugement les 2 policiers de la BAC ont pris respectivement 24 mois de prison avec sursis pour homicide involontaire et non assistance à personne en danger (Walter Lebeaupin) et 18 mois de prison avec sursis pour homicide involontaire (Jean Michel Moinier). Le policier municipal a lui pris 6 mois de prison avec sursis pour non assistance à personne en danger (Jim Manach).
La famille a obtenu 4500 euros : 200 euros de frais de justice pour les parents et 2500 euros pour les oncles. Les parties civiles ont été déboutées en 1re instance.
Les deux policiers de la BAC avaient dans un premier temps été blanchis, en mai 2010, après une ordonnance de non-lieu. Mais le procureur de la République de Grasse Jean-Michel Cailliau avait fait appel et la cour d’appel d’Aix-en-Provence avait renvoyé l’affaire en correctionnelle.
Une justice de classe
Les policiers de la BAC encouraient maximum 3 ans de prison et 45 000€ d’amendes [1] Au regard des faits dramatiques on ne peut que déplorer le fait que la justice, (quelle justice d’ailleurs ?) n’ait pas envoyé les délinquants de la BAC au trou. Délinquants car d’après le jugement les deux policiers de la bac n’ont commis qu’un délit. Tuer en France si l’on porte le bleu n’est que délit.
Pire encore les policiers exercent toujours !! Ils n’ont eu aucune sanction disciplinaire jusqu’à aujourd’hui. On peut comprendre que la police respecte la présomption innocence des policiers, mais devant les faits un retrait des opérations de terrain jusqu’au au jugement aurait été plus que souhaitable. La famille n’attend pas vengeance mais que la Police assume ses responsabilités et révoque les agents responsables de la mort d’Hakim Ajimi.
On le voit bien dans ce jugement la justice est en faveur des cowboy qui pour un oui ou pour ou non montrent leur bestialité. On peut mettre en parallèle ce comportement avec la mort la semaine dernière dans Marseille d’un jeune de 19 ans tombé sous les balles bleues pour avoir fumé un joint dans la rue.
La lutte continue
La famille tient à remercier tous les soutiens à tous les niveaux qui sont venus jalonner ces 5 ans de luttes. Des dons sont arrivés des 4 coins de la France . A l’international le gouvernement tunisien et sa représentation consulaire en France a également fait un don suite aux sollicitations du circuit militant.
Les policiers sembleraient se pourvoir en cassation, peut être eux aussi trouvent-il ce jugement peu convaincant ! La famille appelle à la mobilisation, digne et honorable face à l’abjection des propos déblatérés lors de la plaidoirie de l’avocat représentant la police, s’adressant au juge : "n’ayez pas peur Monsieur le juge, de la pression d’une certaine communauté » et en concluant : " Monsieur le juge, lavons l’honneur de la France ". De quelle France, de quelle communauté parle-t-on ? De tels propos dans un tribunal de la République sont tout simplement inadmissibles car ils sont racistes ! En finalité le jugement semble malheureusement donner écho à ces propos.
Lucide sur la médiocrité des peines M. Ajimi y voit quand même une satisfaction puisque les policiers ont été déclarés coupables. La faiblesse des peines tient pour lui au fait que ce sont des « coupables protégés ».
Aujourd’hui M. Ajimi a décidé de mettre son énergie au service de l’interdiction de la clé d’étranglement comme pratique d’interpellation policière. Clé pour laquelle la France à été condamné par la Cour Européenne de Justice.
De trop nombreuses questions restent en suspens et sans réponses concernant l’exercice des fonctions de police, de la justice qui se moque des citoyens et des sous entendus racistes qui ne peuvent être tolérés dans notre société. Ce ne sont pas des faits divers mais des faits graves, la justice doit condamner les coupables car il s’agit de la jeunesse de notre pays qui tombe.
[1] d’après le droit pénal français, l’article 221-6 définit l’homicide involontaire comme tel :« Le fait de causer, dans les conditions et selon les distinctions prévues à l’article 121-3, par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le règlement, la mort d’autrui constitue un homicide involontaire puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende..
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