Asimbonanga
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Putain Johnny Clegg est mort !
Comment parler de lui aux jeunes générations, à tous ces jeunes qui ne le connaissent pas ou ont vaguement entendu parler de lui, celles et ceux qui n’ont pas connu cette lutte contre l’apartheid qui traversa les terres et les mers pour faire se lever sur toute la planète des peuples entiers contre le racisme ? Comment leur parler à cette jeunesse qui vit aujourd’hui cet apartheid qui ne dit pas son nom et qui fait que quand on s’appelle Rachid ou Fatima on n’est jamais vraiment français pour d’autres ? Comment faire partager ce que l’on ressent à l’annonce de la mort de celui dont le nom reste associé à celui de Madiba et à Asimbonanga (Nous ne l’avons pas vu) ce titre sorti alors que Mandela était encore en prison et qui fut bien plus qu’un tube, un frémissement parcourant la planète, un hymne à la liberté d’un homme et de tout un peuple, un appel à ne jamais renoncer devant le racisme et le capitalisme auquel il sert d’arme de division massive des peuples opprimés ?
Je me rappelle le lundi qui a suivi la mort de Mandela, à l’ouverture de la réunion de la direction de l’union départementale CGT 13, une sono emplit l’air avec ce chant que nous avons écouté debout en silence et l’émotion au bord des yeux…
Johnny Clegg était un chanteur mais bien plus que ça. Celui qu’on appelait le zoulou blanc venait dire avec cette chanson mythique venant au milieu d’une musique « interraciale interdite » comme disaient les bourreaux afrikaners, combien notre combat, tous nos boycotts, toutes nos manifestations, notre espoir de voir tomber le régime fasciste d’Afrique du Sud soutenu par les pays capitalistes de l’époque des USA à Israël en passant par la France et l’Angleterre, combien cette lutte à la fois si lointaine et si proche pour nous habitants de France, combien ce combat était juste et méritait que nos efforts ne se relâchent pas.
Des racines de l’esclavage, aux indiens massacrés d’Amérique du Nord au Sud, de la controverse de Valladolid aux empires coloniaux, des « issus de » d’aujourd’hui aux engloutis dans les mers du monde, le racisme a toujours été ce poison idéologique destiné à justifier les dominations. Les Adama Traore ou les Lamine Dieng d’aujourd’hui, celles et ceux qui subissent au quotidien les discriminations à l’embauche, au travail, au droit au logement sont les enfants de cette histoire.
Refuser l’apartheid, le combattre comme nous le pouvions à des milliers de kilomètres relevait du même défi que celui de combattre pour la Palestine. La campagne BDS aujourd’hui n’est au fond rien d’autre qu’une reprise du moyen d’action de l’époque quand nous boycottions les marchandises d’Afrique du sud ou que les mineurs de Gardanne dénonçaient le charbon de l’apartheid. De même se battre pour que Georges Ibrahim Abdallah soit enfin libre et pour la libération de tous les prisonniers politiques palestiniens, relève du même combat : celui pour les droits des peuples, pour l’égalité, pour la justice.
C’est tout cela qui pénètre par tous les pores de la peau au plus profond de celles et ceux qui ont connu ces combats là (et continuent à les vivre aujourd’hui) quand ils entendent évoquer le nom de Johnny Clegg, de Asimbonanga, de Rosa Park, d’Angela Davis, de Salah Hamouri et de tant d’autres…
Ce qu’on peut dire à la jeunesse d’aujourd’hui c’est que notre combat mérite qu’elle s’engage comme elle le fait souvent, qu’il est juste, qu’il remonte à loin, qu’il continue aujourd’hui et qu’ensemble nous vaincrons…
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