Soirée cinéma : Bread and Roses : la grève pour la dignité, le droit et l’assurance maladie
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La grève de Lawrence en 1912 a été l’une des grandes victoires du mouvement ouvrier nord-américain. Ville du textile dans le Massachusetts, Lawrence était le site de l’American Woolen Company, propriétaire de quatre usines de filature de laine. Les 23000 employé-e-s étaient, pour la plupart, de nouveaux immigré-e-s et l’on comptait plus de vingt-cinq nationalités et langues différentes. C’est lors de cette célèbre grève que le slogan, « Bread, and Roses Too » (du pain et des roses aussi), apparut sur les pancartes tenues par des femmes grévistes. Un slogan qui a marqué et qui résonne encore aujourd’hui, témoin le film récent de Ken Loach, Bread and Roses (2000) que vous propose le Cercle Manouchian.
Cette histoire tonique et émouvante se passe à Los Angeles au milieu des années quatre-vingt-dix. Elle s’inspire d’une lutte qui a réellement eu lieu, celle d’employés préposés au nettoyage des grands buildings. Ils ont lutté pour arracher le droit d’être syndiqués, d’avoir une assurance maladie et une augmentation de salaires. Le scénariste Paul Laverty vit à Los Angeles depuis des années. Il a suivi la mobilisation de ces travailleurs originaires d’Amérique centrale pour la plupart. Il l’a fait avec un intérêt passionné, celui qui donne le sens des faits et des détails importants.
Tout d’abord les héros de ce film sont avant tout des héroïnes, des ouvrières, des femmes venues du Mexique, du Guatemala, de la Jamaïque, du Salvador ou de Russie pour trouver un moyen de nourrir leur famille. Passer clandestinement la frontière, échapper aux arnaques des passeurs, trouver un emploi, autant de combats qui exigent détermination personnelle mais aussi solidarité de ses proches, dans sa famille ou parmi ses collègues. Il faut voir avec quel humour une collègue noire de la jeune mexicaine Maya lui explique comment passer l’aspirateur sans trop s’épuiser dans ces kilomètres de pièces et de couloirs.
Pour nourrir une famille, payer un loyer, soigner un mari diabétique, il faut se battre pour chaque dollar, il faut avoir encaissé l’exploitation sous toutes ses formes comme l’a fait Rosa, la sœur de Maya. Toutes ces difficultés ainsi que les pressions des chefs et leur chantage permanent au licenciement ne conduisent pas royalement à " la prise de conscience collective ", " au coup de colère " qui entraîne tout le monde dans la grève comme un seul homme. C’est beaucoup plus complexe, contradictoire et subtil que cela. C’est un des mérites du film de nous le faire ressentir, sans aucun schématisme.
Il ne suffit donc pas qu’un jeune, sympathique et plein d’astuce, appointé par la machine syndicale de l’AFL-CIO, débarque avec un topo bien carré pour que tous les employés de l’entreprise de nettoyage aient envie de lutter pour imposer leurs revendications. D’autant plus que ce jeune plein d’allant commet d’emblée une bourde qui facilite le licenciement de plusieurs employées. Mais au moins, il n’en reste pas là. Il veut sincèrement que les travailleurs gagnent ; il ne se laisse pas intimider par les chefs, les flics ou son supérieur hiérarchique qui le menace de le licencier du syndicat s’il " en fait trop ".
Quand la lutte s’engage, d’autres difficultés surgissent mais aussi des sentiments qui peuvent enfin s’extérioriser : pas tant la colère que la joie et la fierté de ne plus être soumis, la perception commune du courage d’une somme d’individus, femmes et hommes, jeunes et vieux, qui vont faire céder les patrons.
Elle a l’air toute petite la manif des grévistes en marche vers un grand building de Los Angeles. Mais c’est une séquence simple et belle, particulièrement évocatrice de ce qu’est la force sociale des travailleuses et des travailleurs. Et puis il ne faut pas oublier que, non seulement ils y font le nettoyage, mais que ce sont eux aussi qui construisent les gratte ciel.
" Bread and Roses ", " du Pain et des Roses " : c’est un vieux slogan, une vieille aspiration du mouvement ouvrier qui garde toute son actualité et qui prendra forme au XXIe siècle, à défaut de s’être réalisée au XXe siècle.
Critique parue le 12 novembre 2000 sur Culture Révolution
Le cercle Manouchian vous invite le 12 juin à 18 heures à la projection du film - « Du pain et des Roses » de Ken Loach Puis débat avec les syndicats CGT du Nettoyage et de la CPAM. Thème : Travail et dignité |
Demander du pain ET de roses, cette revendication peut paraître atypique.
OU
Quand les femmes s’en mêlent !
Pour tout savoir sur cette grève lire ICI
Transmis par la_peniche
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