Le parti communiste japonais...
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A la veille des élections sénatoriales, le prestige du Parti Communiste du Japon, qui attire l’électorat le plus jeune, a préoccupé la revue étasunienne Time [1]. Cette revue lui a consacré un numéro spécial avant les dernières élections. Certes le communisme ne serait pas le choix de société et même si le vote nippon a lourdement sanctionné le premier ministre Shinzo Abe et son parti le Parti Libéral Démocratique, c’est le Parti Démocratique du Japon qui a été le principal bénéficiaire. Mais la progression du Parti Communiste du Japon déjà sensible aux dernières législatives se poursuit.
1-L’article de la revue étasunienne Time :
Le profil type du votant communiste est un jeune ayant fait des études universitaires, passionné de la littérature et des textes politiques. Le magazine Time cite le cas de Michiko Suzuki, d’environ 19 ans et étudiante à l’université de Wako, qui distribue dans ses moments libres la propagande communiste dans les rues de Tokyo. Dans le cas de Michiko, le bolchevisme est affaire de famille. Fille et nièce de militants du parti, la jeune fille a adhéré au parti avant d’accomplir ses 18 ans.
Le magazine estime que l’idée d’un parti communiste à la tête de la seconde économie du monde, plus de 15 ans après l’écroulement de l’URSS serait un anachronisme comparable à celui vécu par certains soldats japonais, perdus dans des îles du Pacifique durant des années et à qui personne n’avait dit que la seconde guerre mondiale était terminée. Mais si le pouvoir n’est pas à portée de main le PCJ est très loin de s’éteindre. Aujourd’hui il a environ 400.000 adhérents, et dans les dernières élections législatives de 2005, il a réalisé 7,30% de votes et 4,36 millions de citoyens ont voté en sa faveur. Le PCJ est probablement, le parti communiste, qui ne gouverne pas, le plus fort d’Asie sinon du monde selon le chercheur de l’Institut pour l’Asie orientale de l’Université Nationale de Singapour, Lam Peng-er.
Selon le Time, le succès du communisme au japon tient à la plongée de ses racines dans la longue tradition du parti dans ce pays. Il naquit en 1922 comme branche de l’Internationale Communiste- la fédération internationale des partis marxistes léniniste créé par Moscou- le PCJ s’est adapté rapidement aux conditions locales. Ce fut une des organisations japonaises qui s’éleva contre la montée du militarisme dans le pays durant la seconde guerre mondiale, et subit à ce titre une sanglante répression.
Le PCJ fut l’unique parti politique qui a lutté contre l’agression de la dernière grande guerre et qui a sacrifié les vies de ses membres selon le président du parti Kazuo Shii.
L’attitude adoptée par le parti durant le conflit lui a conquis le respect de beaucoup de Japonais à la fin de la guerre, et permit la légalisation de ce parti et sa présentation aux élections malgré les craintes des Etats-Unis face à l’introduction dans l’île d’une idéologie prosoviétique. Ce que l’on connaît sous le nom de la « purge rouge » de 1949, permit que soient éliminés de tous les postes officiels tous les communistes et représentants de gauche ce qui fit que dans toutes les décades qui suivirent jusqu’à nos jours les libéraux démocrates dominèrent la vie politique du pays. [2]
De ce fait le PCJ a formé une opposition raisonnable sérieuse opposition de gauche point d’appui du parti socialiste, pacifiste fervent et opposé à une alliance de sécurité avec les Etats-Unis. Pendant que les autres partis communistes chutaient dans l’insignifiance durant les années 1990, le JPC continua à jouer un rôle important dans la politique japonaise.
Son secrétaire général explique cette situation à cause du tournant pris par la parti quand il déclara son indépendance par rapport à Moscou. Pourtant beaucoup d’analystes estiment que la résistance du parti tient à une identité claire, cohérente alors que la plupart des partis fonctionnent dans des alliances instables sans objectifs clairement définis. Il est possible que le PCJ puisse bénéficier de la vertu qui s’attache à une idée concrète comme la « société socialiste communiste » au lieu d’être le produit des groupes de pression. Lam Peng-er, le chercheur de l’Institut de Singapour explique : « Le PCJ est l’unique organisation politique du pays qui a des racines profondes dans l’histoire » et « de ce fait, les communistes sont probablement le parti politique le plus moderne que l’on puisse trouver au japon ».
Alors que ce parti n’a que 18 sièges sur les 722 du parlement, le PCJ fonctionne comme l’unique opposition authentique dans la panorama de Tokyo. C’est l’unique parti politique qui a « pilonné » comme l’a dit la revue Time, le premier ministre, Shinzo Abe, pour sa position ambiguë en relation à la polémique sur le rôle joué par le Japon forçant à la prostitution des milliers de femmes asiatiques durant la seconde guerre mondiale. De même, étant loin du pouvoir, ils ne sont pas affectés par les scandales à répétition, les accusations de corruption, mal endémique de la vie politique japonaise selon le Times.
En outre, la cohésion que démontre le parti se nuance de flexibilité et d’ouverture selon le magazine des Etats-Unis. C’est que la discipline léniniste continue à être appliquée, et l’obéissance des membres du parti au Comité central reste indiscutable. Cela ne paraît pas en synchronie avec le Japon moderne, cependant toute la structure du parti peut perdre sa cohésion s’il est abandonné sa structure de fer.
"En tous les cas, les élections législatives de juillet, qui décideront du destin de Abe, ne seront pas affectées par l’ascension du communisme" déclarait le Time. Quel que soient le nombre de sièges que le parti Libéral Démocrate perde et même si le premier ministre présentait sa démission, cela signifierait que les votants auraient opté pour l’opposition -le parti Démocrate- sans aucun enthousiasme. Le PCJ accumulera seulement des votes de protestation en suivant l’exemple de la jeune Suziki : « je crois que mes amis ont beaucoup de difficultés quand il s’agit d’agir » « Mais comme membre du Parti Communiste, j’ai une perspective plus importante pour mon avenir, et je crois que nous avons des possibilités » conclue-t-elle.
2- Quelques commentaires rapides
Le parti communiste du Japon a eu comme les partis non gouvernementaux européens son orientation « eurocommuniste », abandon de la dictature du prolétariat, distance à l’égard de Moscou, son programme peut être considéré comme « réformiste », mais à l’inverse du PCF il a tenu bon sur quelques fondamentaux, en particulier la question de la paix, l’indépendance à l’égard des Etats-Unis, il n’a pas démoli son organisation, et il a tenu bon son rôle d’opposition (la seule authentique dit le chercheur de Singapour) au plan intérieur [[ Program du PCJ
[2] Histoire du PCJ : http://es.wikipedia.org/wiki/PartidoCommunistadeJap%C%B3n
Fondé le 15 janvier 1922, il fut interdit jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Durant la guerre, ce mouvement fut le seul parti politique à s’opposer fermement à la guerre. Le parti communiste s’oppose à l’acquisition d’armes nucléaires par le Japon et à la révision de l’article 9 de la Constitution. Aux élections législatives de septembre 2005, le Parti communiste japonais a obtenu 7,3% des voix, ce qui est un des meilleurs scores qu’il ait obtenu. Quelques résultats : le 10 avril 1946 : 3,8% des voix, le 20 avril 1947 : 3,7% des voix , le 23 janvier 1949 : 9,7% des voix et après avoir été exclu des charges il a baissé y compris dans les années soixante et dix.
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