PAM : le Port gagne
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C’est donc par un grand succès que se termine cette grève de 17 jours sur le Port Autonome de Marseille Fos qui a fait couler beaucoup d’encre médiatique.
A mon arrivée ce matin à l’Union Locale de Martigues où les portuaires boivent l’apéro suite à l’assemblée des grévistes qui vient de voter la reprise pas besoin de savoir ce qu’ils pensent : ça se lit sur leur visage...Les sourires en disent plus long que les mots.
Dans cette profession où l’on a fait du salut fraternel bien plus qu’une formule rituelle mais une véritable règle de vie, je n’ai pas encore franchi la porte qu’ils m’accueillent en riant : « ça y est tu viens chercher les emplois pour les chômeurs ? » Presque tout est dit...
Dans le hall un autre portant sur son visage le sentiment du devoir accompli me dit :
« On a fait ça pour les jeunes. On est vraiment content pour eux, maintenant ce sera à eux de se battre pour l’avenir du Port."
Pascal, dans une tâche nouvelle pour lui, a fort à faire pour répondre aux questions des journalistes nombreux et qui ne cachent pas en aparté être éberlués par les résultats obtenus. Il le fait comme à son habitude avec calme, et sérénité.
Il prend un moment pour partager sa joie tranquille
Toute la presse parle ce matin d’une victoire de la CGT, je suppose que tu es content...
Je suis content mais je ne dis pas que c’est une victoire
???
Ç’ aurait été une victoire si on n’avait pas été obligés de faire grève pour le respect d’un protocole d’accord que l’on avait signé il y a deux ans.
Vous obtenez quoi ?
On obtient ce que l’on demandait à savoir l’intervention des personnels du PAM pour les opérations de chargement et de déchargement des navires, ce que l’on appelle le bord à quai. Cela se traduit dans un premier temps par la création de 5 emplois en équivalent temps plein. Pour nous il était important que cela ne soit pas nominatif car cela garantit l’intervention du PAM auprès de GDF même s’il y a l’intervention d’un tiers. En créant une poche de service public dans GDF on l’empêche de privatiser ses propres emplois. C’est d’autant plus important que là, sur le port minéralier, c’est une filiale de GDF qui intervient et celle-ci a un capital mixte 70% GDF et 30% TOTAL.
Dans cette grève les salariés ne revendiquaient rien pour eux-mêmes. Au fond c’était une grève pour une idée...
C’était une grève pour développer et pérenniser l’emploi portuaire public. C’est une grève pour l’intérêt général dans un contexte où l’on assiste à une réorientation de l’activité des industries pétrochimiques en direction d’énergies propres comme le gaz. Cela on ne peut pas le confier à des intérêts privés.
Souvent on s’est étonnés de la mobilisation des salariés du port sur une question pour laquelle ils n’avaient en apparence rien à gagner pour eux-mêmes dans l’immédiat...
Les salariés ont compris que notre salut viendrait de gains collectifs et non d’avantages individuels. C’est cela qu’ils ont défendu avec force. Il faut dire aussi que la CGT a été magnifique dans ce conflit. Si on arrive à ce résultat c’est parce qu’on a eu le soutien de tous. La CGT a su mobiliser pour nous faire gagner. Du salarié du port au secrétaire général on a tous compris les enjeux. Derrière celui de la privatisation il y avait aussi la volonté d’abattre la CGT du port.
Et l’opinion publique ?
Au départ c’était difficile de se faire comprendre car il y a eu une telle désinformation, un tel musellement des médias...J’ai été étonné du poids de la préfecture sur les médias. Sans parler des préjugés archaïques savamment entretenus. Dans ce contexte on a donc forcément eu un temps de retard pour arriver à rétablir la vérité. Mais peu à peu on est arrivés à faire passer nos explications. Il y a alors eu une évolution du traitement médiatique de notre conflit. La presse ne pouvait plus se permettre d’être coupée de l’opinion publique sans se discréditer.
C’était une grève politique ? (avec un sourire du questionneur...)
Oui. Toute grève est politique. La notre porte sur des enjeux de société. Elle donne espoir et fait mesurer que quand les gens sont solidaires on arrive à inverser les choix politiques. A moins d’un mois de la présidentielle cela doit faire réfléchir. Le capitalisme n’a pas forcément gagné...
* secrétaire général adjoint du syndicat CGT du PAM
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