Soudan du Sud : Un an d’existence mais guère d’espérance
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Le 9 juillet 2011, la naissance du pays était célébrée dans l’allégresse. Mais le conflit persistant avec le Soudan au sujet des ressources pétrolières et de l’absence d’avancées en faveur du peuple ne donnent guère de raisons de fêter cet anniversaire.
Ce lundi 9 juillet, le Soudan du Sud fête le premier anniversaire de son accession à la souveraineté. Il y a un an, jour pour jour, ce pays des confins du vaste Soudan prenait son indépendance vis-à-vis de Khartoum. Et, faut-il le rappeler, c’est au prix de leur sang que ces marginaux noirs du pouvoir de Khartoum ont arraché leur souveraineté des griffes acérées d’El-Béchir [président du Soudan, au pouvoir depuis vingt-trois ans], après une longue et pénible guerre sans répit.
Evidemment, les Soudanais du Sud n’ont vraiment pas la tête à la fête. En effet, un an dans la vie d’un pays qui a poussé ses premiers vagissements sous le crépitement des mitrailleuses, cela demeure insignifiant. Au demeurant, beaucoup de pays africains, vieux de plus d’un demi-siècle, n’ont pas pu faire grand-chose pour sortir leurs populations de la misère. Bien sûr, On ne voudrait pas ici inviter les autorités de la nation naissante à prendre le mauvais exemple sur les autres pays du continent noir qui s’accommodent bien de leur indépendance de façade. Mais à la vérité, ayant la tête à la guerre, Salva Kiir [président du Soudan du Sud] n’a pas les mains libres pour se préoccuper des nombreux problèmes de son peuple qui commence évidemment à s’impatienter.
Pour ce peuple qui cherche à résoudre les fondamentaux de la vie, cette indépendance longtemps rêvée n’aura été qu’une pure illusion. Car, pour l’instant, le seul acquis dont peuvent se réjouir les Soudanais du Sud est la reconnaissance officielle de leur pays par les Nations unies avec un drapeau national. Le combat pour le contrôle et l’exploitation de la manne pétrolière, qui reste une source vitale, est loin d’être gagné par Juba*.
On n’aura de cesse de le souligner, El-Béchir n’ayant jamais digéré la sécession du Sud, pèsera de tout son poids pour empêcher cet Etat de jouir pleinement de son indépendance. Un constat cependant : en plus de son pouvoir qui vacillait déjà sous les coups de boutoir de multiples factions rebelles, El-Béchir est aujourd’hui en rupture de ban avec une partie des populations de la capitale qui vont jusqu’à réclamer sa tête [depuis le 16 juin, des étudiants, rejoints par de nombreux citoyens, manifestent dans les rues de Khartoum pour protester contre la montée en flèche du coût de la vie]. Cette menace amènera-t-elle El-Béchir à se préoccuper de la protection de son trône au point de taire sa haine vengeresse contre son voisin du Sud ? Rien n’est moins sûr.
En attendant, l’ONU qui a la charge de délimiter les frontières entre les deux pays, doit hâter le pas. Car ça urge pour les populations du nouvel Etat qui vivent les affres d’une si longue guerre.
Par Boulkindi Couldiati source Le Pays le 09/07/2012
Transmis par Linsay
Note :* A la suite de la partition, le Sud a hérité des trois quarts des réserves de brut, mais il reste entièrement tributaire des infrastructures du Nord pour exporter. Faute d’accord sur les frais de passage, Khartoum avait fini par se payer en nature en prélevant du pétrole, à la fureur de Juba qui a cessé net sa production en janvier, se privant de fait de 98 % des ressources du pays.
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