TANZANIE : comment un pays peut espérer sortir de la misère.
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Loin des caméras de télévision, la Tanzanie est en train de démentir les discours des “afro-pessimistes”. Appréciée des institutions internationales, sa bonne gestion lui permet d’espérer des lendemains qui chantent.
Pour les économistes du développement, la Tanzanie est un repère. Si elle peut s’extraire de la pauvreté, d’autres le peuvent aussi. En revanche, si elle n’y parvient pas, il faudra revoir la façon dont l’argent de l’aide internationale est utilisé. La Tanzanie est considérée comme l’un des rares exemples de réussite de l’Afrique de l’Est. Ce qui ne veut pas dire grand-chose, dans la mesure où le pays est encore très pauvre.
Ses ressources sont mal utilisées, les soins de santé sont très limités dans les régions reculées, le réseau routier est restreint et les coupures de courant fréquentes, même à Dar es-Salaam, sa plus grande ville. Toutefois, les bailleurs de fonds, échaudés par la corruption ou la violence (ou les deux à la fois) qui règnent dans d’autres pays, restent heureux d’aider un pays qui, au moins, connaît à la fois la paix et la stabilité.
La Tanzanie a trouvé en Jakaya Kikwete un président déterminé à faire de son mieux pour réduire la pauvreté. Extrêmement populaire, Kikwete a été élu, en décembre 2005, avec 80 % des voix, après une longue carrière en tant que ministre des Affaires étrangères. Il est aidé dans sa tâche par ses prédécesseurs, en particulier Benjamin Mkapa, qui a été un chef d’Etat énergique. L’inflation est maîtrisée depuis longtemps déjà.
Mis en confiance par la relative absence de corruption dans ce pays, certains donateurs injectent aujourd’hui leur argent directement dans le budget national sans poser trop de conditions. Le Royaume-Uni a ainsi décidé de verser 135 millions d’euros par an à la Tanzanie pendant quelques années, ce qui est exactement le type de prévisibilité que réclame le secteur humanitaire.
La question est de savoir si le gouvernement tanzanien dépensera cet argent de façon judicieuse. Etablir un ordre de priorités n’est pas chose facile. Il a fallu, par exemple, plus d’une heure au président Kikwete, lors d’un entretien, pour exposer les besoins essentiels du pays. Celui-ci a besoin de davantage d’écoles, d’universités et d’hôpitaux mais aussi de davantage de routes. Le Chama Cha Mapinduzi (CCM), parti auquel il appartient, s’est engagé à remédier à toutes ces insuffisances et s’est fixé des objectifs ambitieux. Le manque d’eau potable est l’un des plus gros problèmes à régler. “C’est une véritable torture pour nos femmes”, s’est ému le président.
Le programme électoral du CCM prévoit de doubler les accès à l’eau potable d’ici à 2010. Mais peut-être est-il plus important encore de réformer l’agriculture, qui reste principalement une agriculture de subsistance. Si le pays parvient à augmenter son rendement, notamment avec des subventions, pour améliorer l’irrigation et la distribution d’engrais, et si les paysans diversifient leur production et cultivent autre chose que du maïs, “alors nous pourrons dire adieu à la pauvreté”, a promis Kikwete.
C’est là une vieille rengaine que les agronomes ressassent depuis les années 1960. Mais, cette fois, le programme est soutenu par des projets de construction de routes, l’apparition de nouvelles technologies et le jeu du marché, et l’argent donné par les bailleurs de fonds devrait permettre de financer les subventions.
Un sous-sol très riche en gisements d’or et de nickel
Une grande partie du succès de l’entreprise dépend aussi des résultats du CCM. Le parti domine la scène politique nationale depuis l’indépendance, et les performances économiques désastreuses qu’il a réalisées par le passé jouent contre lui. Il n’est plus socialiste. Son vieux credo sur l’“autosuffisance” est aujourd’hui plus un sentiment qu’une idéologie, et il n’est pas encore non plus tombé sous la coupe des hommes d’affaires.
Ces dernières années ont certes vu débarquer quelques investisseurs étrangers, particulièrement dans le secteur de l’extraction de l’or, mais peu de signes permettent d’augurer la mise en place du type de politique capable d’attirer un investissement important ou d’inciter les Tanzaniens instruits qui vivent à l’étranger à revenir au pays.
Le CCM peut toutefois s’attribuer le mérite d’avoir fait naître le fort sentiment d’“unité nationale” qui règne en Tanzanie. La fidélité à la nation compte souvent davantage que l’appartenance à l’ethnie ou à une religion. Kikwete est lui-même un musulman pratiquant, et le premier président du pays, Julius Nyerere, était un catholique romain si pieux que l’Eglise étudie son dossier en vue de le béatifier. Cette unité explique aussi peut-être pourquoi le CCM continue à dominer le paysage politique. Lors du dernier scrutin, il a décroché 202 sièges de députés sur 232.
Le président Kikwete se déplace avec une escorte réduite. Il reçoit chaque jour sur son téléphone portable plusieurs centaines de messages, la plupart envoyés par des citoyens ordinaires qui ont réussi à obtenir son numéro d’une façon ou d’une autre et auxquels il répond parfois. Très au fait des questions de politique internationale, il est prêt à envoyer trois contingents au Darfour pour participer à la mission de maintien de la paix de l’ONU si un autre pays prend en charge les dépenses.
Mais le plus grand motif d’espoir, pour la Tanzanie, est sans doute ce qui luit dans l’obscurité de son sous-sol. Ses relations avec les entreprises minières étrangères sont tendues. Mais le pays est riche en gisements d’or et d’autres minerais. Selon certaines estimations, il y aurait sous la surface du sol 20 milliards de dollars rien qu’en nickel.
Source :The Economist.
Transmis par : Linsay.
Il est risible de lire que ce pays, naguère présenté comme "maoïste" et encore aujourd’hui comme « régime à économie planifiée » sur les plaquettes destinées aux touristes, ne serait « plus socialiste »...Sa réussite comparée à celle du Kenya voisin qui lui a suivi les recommandations anglosaxonnes et dont l’économie s’effondre est donc a ce point édifiante...et gênante ?
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