Un 15 mai mobilisé : texte et photos
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Toute la presse le souligne, la journée d’action du 15 mai a été particulièrement bien suivie en particulier dans l’éducation nationale. Le Figaro reprenant même en titre le propos du dirigeant CGT de la fonction publique : « grève : globalement très suivie »..
Bien sûr comme toujours en pareil cas au soir de cette journée la guerre des chiffres était déclarée, le ministère de l’enseignement et les administrations découvrant des fonctionnaires en retraite ou malades évidemment non grévistes : s’ils font comme ça pour le calcul des poste pas étonnant qu’ils ne voient pas de mal aux suppressions !!!
Pour autant cette bataille ne peut masquer une réalité que le gouvernement est obligé d’admettre implicitement par les chiffres qu’il donne : le mouvement était plus fort que lors de la dernière journée de référence à savoir le 24 janvier 2008.
Pour le nombre de manifestants on pourrait croire que les distorsions sont les mêmes puisque alors que les syndicats annoncent plus de 600 000 manifestants dans la centaine de rassemblements dénombrés (30.000 à Marseille, 30.000 à Nantes, 15.000 à Grenoble, 60.000 à Paris, 5000 à Lille et Perpignan…)les services de police en dénombre 6 fois moins.
En fait on a l’explication de ces différences, le ministère de l’intérieur s’est spécialisé dans le comptage des chauves : il y avait donc 106 000 chauves en manifestation leur faible proportion s’expliquant par la présence massive de la jeunesse dans les cortèges !!
Le gouvernement, avec la lucidité qu’on lui connaît a commenté cette journée : Eric Woerth (Budget) "défiler avec des pancartes pour dire je veux plus de moyens, c’est une manière très égoïste de voir les choses".. C’est sûr que perdre une journée de salaire pour demander que des chômeurs soient embauchés pour un meilleur service à rendre est une grande preuve d’égoïsme : il y a des claques qui se perdent !
Xavier Darcos (Education) n’est bien sûr pas resté muet "il n’était pas exact de dire que, quand on a 1,2 million de fonctionnaires, qu’on soit quelques milliers de plus ou quelques milliers de moins, on réglait les problèmes, ce n’est pas vrai". Comme il s’agit en fait de dizaines de milliers d’emploi cela veut il dire qu’ils veulent aller encore plus loin ?
La palme de la compréhension revenant une fois de plus à notre inénarrable président qui a montré qu’il avait tout compris en déclarant son intention de porter un nouveau coup au droit de grève !
Quelques réactions syndicales
Jean-Marc Canon, CGT : "J’exhorte le gouvernement à prendre la mesure de ce qui se passe. Il ne doit pas passer en force. Ce serait une lourde erreur, car s’il le faisait les organisations syndicales prendraient alors la décision de construire, développer, renforcer un mouvement dans la durée encore plus fort (…) la question du déficit public est un leurre [car] Il faudrait pratiquement supprimer tous les fonctionnaires pour résorber entièrement le déficit (…] il y a d’autres choix possibles. Le vrai débat est de savoir quelles missions on veut confier à la fonction publique dans l’intérêt général, et à partir de là, quels sont les besoins en effectif qualifié statutaire
Gérard Aschieri, FSU : "C’est une mobilisation réussie qui marque un mécontentement extrêmement sérieux. Je souhaite que le gouvernement ne la traite pas par le mépris".
Gilles Moindrot, SNUipp-FSU : "Il faut que le ministre soit ouvert plutôt que de s’agiter sur le service minimum pour faire diversion. Il ferait mieux de remplacer les enseignants en congés maternité et maladie, ce serait plus efficace".
Jean-Claude Mailly, FO : " Au lieu d’un service minimum dans l’Education, le gouvernement ferait mieux de faire un service minimum pour répondre aux revendications". "Le gouvernement, avant de prendre la présidence de l’Union européenne, se met dans le moule européen en montrant qu’il peut serrer les boulons".
François Chérèque, CFDT : " La seule vision du gouvernement est une vision comptable. Il y a une forte visibilité du mécontentement dans l’éducation nationale car c’est là qu’il y a une plus forte visibilité des réductions d’effectifs, mais demain ce problème rejaillira ailleurs, notamment dans la Défense".
Alain Olive, UNSA : "La question de l’emploi public ne concerne pas seulement les fonctionnaires, mais l’ensemble des citoyens. Ce n’est pas une mobilisation ponctuelle, parce que la suppression de postes est étalée jusqu’en 2012, donc les mobilisations auront lieu aussi en 2009, 2010... On est dans une dynamique".
Léo Moreau, UNL : "Nous voulons que le 15 mai soit une journée de référence, on verra pour la suite en fonction de la mobilisation d’aujourd’hui et avec l’approche des examens. ".
FIDL : "On n’arrête pas le mouvement mais on arrête les manifestations, vu que le calendrier - bac et stages pour les lycéens professionnels - ne le permet pas (...). Il y aura encore des actions jusqu’à la fin de l’année, mais pas de manifestations. On les reprendra à la rentrée".
Faride Amana, FCPE : "Maintenant c’est au gouvernement de prendre la mesure des choses (...) Il faut que Xavier Darcos garde son sang froid et qu’il prenne acte d’un véritable mécontentement".
JB Prévost, UNEF : "Cette mobilisation importante dément les pronostics du gouvernement. Xavier Darcos a des provocations verbales inacceptables".
Jacques Voisin, CFTC : "on prend des décisions comme dans le plan social d’une entreprise : la variable d’ajustement, c’est toujours les effectifs. La RGPP (révision générale des politiques publiques) remet en cause les missions de la Fonction publique dans le but de la privatiser et de précariser les agents, notamment avec l’intérim."
Annick Coupé, Solidaires : "il faut dire au gouvernement qu’il n’est pas possible de continuer à casser les services publics qui représentent une notion fondamentale dans une société qui met au fronton des mairies le principe d’égalité."
D’ores et déjà les organisations syndicales ont les regards tournés vers le 22 mai qui s’annonce comme un nouveau rendez vous dont le gouvernement ferait bien de tenir compte s’il ne veut pas encore améliorer son record d’impopularité
Pour un aperçu des photos de la manif marseillaise, nous nous sommes cette fois-ci reposés sur le comité chômeurs CGT 13. Voir les photos.
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