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L’incroyable affaire Mac Do…
samedi 27 avril 2013, par
… ou quand les pratiques mafieuses se heurtent aux salarié-e-s et à leur syndicat CGT.
Nous avons déjà abordé ici à plusieurs reprises les pratiques anti-CGT de Mac Do dans le 13. Nous avons aussi évoqué les méthodes quasi-mafieusespour ce faire en direction d’une main d’œuvre en majorité jeune et souvent issue de l’immigration.
De telles pratiques s’appuient sur le fonctionnement particulier de Mac Do France qui veut bien encaisser l’argent des consommations mais ne veut pas assumer ses responsabilités d’entreprise vis-à-vis de l’ensemble des salarié-e-s de France.
En effet la mode chez Mac Do c’est les franchisés. Ce sont des particuliers à qui Mac Do confie moyennant finances la gestion d’un ou plusieurs établissements. Ces gérants exploitent des restaurants, sont obligés de se fournir à la centrale d’achat de la marque et reversent une quote-part au siège qui est débarrassé des questions d’intendance dont la gestion du menu personnel fait partie.
Une répression sans précédent
Dans les Bouches du Rhône, au fil des années, après plusieurs bagarres médiatisées entre requins de la gestion et maison mère et dont les salarié-e-s ont à chaque fois fait les frais, on en est à ce début d’année 2013, à plusieurs franchises, dont deux en particulier, où la CGT est implantée MPR et BI-SAS. Elles représentent une, 5 restaurants (MPR) et l’autre 10 restaurants (BI-SAS). Dans ces deux franchises depuis des années la bataille anti CGT est féroce.
A MPR, alors que la CGT avait gagné les élections, suite à une grève, c’est la totalité des délégués qui a été licenciée sans compter les autres salariés non protégés qui ont été mis à la porte pour des motifs aussi imaginaires que futiles mais en tous cas tous liés à la grève. Et comme depuis 2012 la gauche est au pouvoir, le ministre vient d’autoriser le licenciement d’Alex, délégué syndical, 7ème et dernier délégué CGT en argumentant notamment qu’il n’avait pas vu de lien entre le licenciement et le mandat d’Alex ! Mais c’est bien sûr…
A BI-SAS, dirigée par Brescia père et fils, le conflit remonte…à la création du syndicat CGT lui-même. Dès 2007, 3 délégués étaient licenciés, délégués ayant tous gagné leur procédure de réintégration sans que les décisions de justice ne soient de fait appliquées.
Brescia ou l’acharnement judiciaire et les liens troubles En 2007, la grève dont nous avons déjà parlée s’est soldée par une victoire des salarié-e-s, victoire que la direction n’a pas digérée et suite à laquelle elle a multiplié les procédures de licenciement. Successivement 3 délégué-e-s CGT sont licencié-e-s, ils contestent tous les 3 devant la justice et gagnent leur réintégration…enfin en principe, parce que bien qu’ordonnées elles ne sont à ce jour pas appliquées. Ainsi Myriam DP gagne sa réintégration au bout de plusieurs mois de lutte judiciaire, réintégration acceptée sauf que, dans la pratique, le temps ayant passé son mandat électif et la protection qui va avec sont révolus…et du coup elle est à nouveau licenciée au lendemain de sa reprise. Elle n’a alors d’autre recours que de demander des dommages et intérêts qu’elle obtient sans retrouver son poste bien sûr. Pour Kader DP CGT lui aussi la justice a fini par conclure à l’annulation de son licenciement et a ordonné sa réintégration au bout de 5 ans de procédure. En principe l’employeur n’avait aucun moyen de ne pas s’exécuter…sauf qu’il fait valoir maintenant qu’il n’a aucun poste à proposer (sic !) ce qui est parfaitement crédible dans une entreprise de la taille de Mac Do qui en plus a un turn-over très important de salariés. C’est là que le montage fiscal et juridique de l’entreprise se révèle précieux et en tout état de cause un moyen de gagner un temps que les salariés n’ont pas. Aux dernières nouvelles le conseil de prud’hommes qui aurait pu ordonner une astreinte a décidé de mener une enquête pour voir si l’entreprise à qui la réintégration a été pourtant ordonnée par la cour d’appel peut ou on se faire !!! Pour Najib cadre et représentant syndical CGT au CE, là on atteint des sommets : tribunal administratif, cour d’appel, conseil d’état, cour de cassation, 2 QPC (questions prioritaires de constitutionalité, une première en France), toutes procédures gagnées par le salarié et au bout toujours pas de réintégration !! Brescia père et fils, argueront successivement que les salarié-e-s ont peur de leur délégué (sans aucun élément pour appuyer cette allégation et pour cause !) qu’ils n’ont pas de poste pour lui (sic !) et même que la CGT n’est pas représentative et ne peut donc le désigner car en fait elle fait de la politique puisqu’elle met dans ses statuts qu’elle est contre le capitalisme !!!...Une grande découverte que fait là l’employeur puisque cela ne date que de 1906 et de la charte d’Amiens ! Il y a enfin le cas de Majid, délégué syndical, pour qui Brescia vient de considérer unilatéralement en février dernier que, suite à une des opérations de rachat de restaurant, il ne faisait plus partie de l’UES BI-SAS mais de celle de MPR ce qu’évidemment l’autre conteste. Donc une mise à la porte sans procédure de licenciement et un délégué que les deux UES se renvoient comme au ping-pong. Evidemment toute cette répression suscite actions, mouvements de révolte et là Brescia père et fils peuvent compter pour les aider sur des hommes de main qui apparaissent à chaque conflit, menacent les grévistes ou les violentent et filtrent les entrées des restaurants. Quand cela ne suffit pas on fait appel à des policiers choisis pour leur complaisance qui outrepassent leurs missions et interviennent en lieu et place des milices patronales. Il faut dire que comme chef de la sécurité les Brescia ont embauché un ancien commissaire de police qui a gardé des liens bien utiles avec ses anciens collègues de travail… |
La riposte malgré tout
Sur la plan juridique les procédures s’enchainent et les sanctionnés ne désarment pas malgré le temps et le coût financier. Jusqu’à présent il ne s’est pas encore trouvé un juge qui ordonne une astreinte ou toute autre mesure qui oblige par des sanctions financières concrètes Mac Do à appliquer les décisions de justice. Les mesures légales existent, elles ne sont pas ordonnées et Mac Do peut jouer la montre.
Jusqu’à présent.
Rien ne dit que la mobilisation CGT ne contraindra pas les juges qui, on peut rassurer la droite, ne sont pas tous au syndicat de la magistrature, à enfin prendre les mesures contraignantes qui s’imposent.
Il y a aussi l’autre volet de l’action CGT.
Ce mois-ci à l’UES BI-SAS, celle de Brescia, l’action du personnel a contraint l’employeur à fermer 7 restaurants sur 10 : une première. La grève s’est soldée par un protocole prévoyant entre autres, l’embauche supplémentaire de 5 salarié-e-s et une disposition curieuse concernant Majid : la reconnaissance de son statut de délégué syndical bien que ne faisant pas partie de l’entreprise et le versement d’une indemnité mensuelle égale à son salaire en attendant que la justice (qui n’a pas été saisie !) indique que Majid est bien toujours salarié de l’entreprise : Kafka au pays des hamburgers !!!
Autre curiosité, en ce mois-ci se déroulent en même temps les élections de délégués du personnel. La CGT a mis sur ses listes les 3 exclus, Kader, Najib et Majid, listes bien sûr que l’employeur conteste. En attendant la CGT chez Mac Do fait un bond remarquable puisque passant de 20 à près de 33%, elle progresse de plus de 12% !
Une belle réponse aux licencieurs et à leurs complices…où qu’ils se trouvent....Et ce n’est pas fini. Les salarié-e-s le disent avec force : le droit finira par triompher.