Le recours à la charité comme choix politique !

Une déclaration du SNTRS CGT*
samedi 5 décembre 2009
popularité : 4%

La charité publique pour les maladies génétiques et le handicap alors que le gouvernement asservit la recherche publique aux industriels !

Pour les recherches valorisables, l’Etat mobilise des moyens, …

Le gouvernement ne cesse de restructurer l’organisation et le financement de la recherche publique pour mieux l’asservir aux stratégies des industriels et de l’Etat. Le plan stratégique de l’Alliance
Nationale des Sciences de la Vie et de la Santé, qui regroupe tous les Etablissements de recherche
de ce secteur, et le Comité Stratégique des Industries de Santé, qui s’est tenu à l’Elysée le 26 octobre
2009 avec les 13 dirigeants des majors pharmaceutiques présents en France, prévoient de transférer
aux laboratoires publics une grande partie de la Recherche-Développement (R&D) des industries
pharmaceutiques.

Pour aider au pillage des laboratoires publics par les industriels, le gouvernement mobilise des
moyens conséquents. Sur les 35 milliards € du grand emprunt, 16 milliards seraient affectés
directement pour la recherche et la formation (25 milliards d’euros en comptant les aides indirectes). 2
milliards € seraient attribués spécifiquement aux sciences de la vie. De telles sommes constituent des
moyens puissants pour contraindre les laboratoires à délaisser la recherche fondamentale pour se
consacrer à la valorisation. La dérive de l’Inserm et du CNRS vers la R&D et la recherche clinique va
amplifier la politique des créneaux si préjudiciable à l’avancée des connaissances.

Mais pour les recherches à long terme, il recourt à …la charité !

La recherche sur le traitement des maladies génétiques repose essentiellement sur la charité. L’Etat
finance peu ces recherches car elles ne sont pas susceptibles de déboucher à court terme sur des
traitements qui ne rapportent pas assez de profits pour les grands groupes pharmaceutiques. Le
Téléthon finance la recherche sur les maladies génétiques et l’aide au handicap dû à ces maladies.

Le handicap

Le gouvernement se désintéresse du handicap comme le montre sa décision de fermeture fin 2009
du Centre Technique National d’Etude sur le Handicap et les Inadaptations (CTNERHI). Ce centre,
crée en 1975, a pour objet permanent d’« éclairer le ministre des affaires sociales sur les besoins des
enfants adultes et handicapés ou inadaptés, les méthodes de prévention et d’observation en matière
de handicap ou d’inadaptation, l’efficacité des politiques publiques ». A cet effet, le Centre
« entreprend ou suscite, soit à la demande du ministre soit à la demande de personnes publiques ou
privées, soit à sa propre initiative, toutes les enquêtes ou travaux nécessaires ».

Les personnels du
centre n’ont aucune information quant à leur devenir !
Le gouvernement s’appuie sur la charité télévisuelle pour compenser la casse du système de santé.
Les plus faibles se retrouvent dans une situation de dépendance vis-à-vis des donateurs. Quand on
voit le nombre de malades laissés pour compte, de familles abandonnées avec un parent malade,quand on voit l’Etat diminuer l’aide aux personnes dépendantes et fiscaliser les accidentés du travail,
l’appel à la générosité publique avec ses bons sentiments ses discours moralisateurs suscite un
malaise. Evidement nous avons beaucoup de gratitude et de respect pour les généreux donateurs,
mais la charité au 21e siècle ne peut ni compenser ni encore moins se substituer à un système de
santé structuré sur la solidarité collective

Les maladies génétiques

Le Téléthon récolte environ 100 millions d’euros par an. Son faible bilan thérapeutique comparé aux
espoirs suscités ne plaide pas en faveur d’une recherche structurée par des campagnes médiatiques
organisées par des associations de malades ou de parents de malades. La recherche nécessite du
temps, de l’humilité, elle ne peut reposer sur l’émotion, le sensationnel. Le Téléthon renforce la
politique de créneaux, en ne finançant que des projets finalisés. Or la thérapie génique se heurte à
bon nombre de problèmes fondamentaux. Quant aux cellules souches, la recherche fondamentale
doit encore progresser pour envisager leur utilisation en thérapie cellulaire. Il est très réducteur de ne
concevoir les thérapies des maladies génétiques qu’en terme de thérapies géniques et cellulaires.
Face aux espoirs suscités, les organisateurs du Téléthon sont condamnés à surenchérir chaque
année afin d’entretenir la machine à récolter les fonds.

L’impérieuse nécessité de la recherche fondamentale

La finalisation à outrance, en ne tenant pas compte de la nécessité de la recherche fondamentale,
réduit considérablement les possibilités d’application. Il faut desserrer l’étau de la finalisation qui
enserre la recherche publique. Si l’AFM veut réellement contribuer au traitement des maladies
génétiques, elle doit financer les recherches fondamentales non finalisées qui contribuent à faire
progresser la compréhension des mécanismes inducteurs des pathologies et ne pas se limiter à une
vision réductrice de la recherche.

Villejuif, le 1er décembre 2009

*SNTRS : Syndicat National des Travailleurs de la Recherche Scientifique



Commentaires

Sites favoris


20 sites référencés dans ce secteur