Lionnel Luca : le barde de fer.

vendredi 23 septembre 2011
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Fort en gueule et en beauferie, cet histrion-historien revendique pour la Droite populaire le rôle de « garde de fer du sarkozysme ».

Ses « valeurs » ?.

La France, la patrie, le drapeau, monsieur !.

Lionnel Luca, 56 ans, député des Alpes-Maritimes depuis 19997, est allé participer à une table ronde sur « nos valeurs » à l’université d’été de l’UMP à Marseille le 2 septembre.

Il en a profité pour rentrer dans le lard de Méhaignerie, qui citait trop savamment Schumpeter et Rawls.

Et au passage pour traiter Raffarin de « has been » et de « ringard ».

Copé, qui l’avait invité, a en outre chargé cet archéo-gaulliste (dont les enfants se prénomment Charles et France !)d’organiser la future convention nationale du parti sur la nationalité :

ça promet....

Glissements progressifs du dérapage.

Devenu le porte-étendard de la Droite populaire -collectif de députés UMP de choc lancé il y a un an avec Thierry Mariani -, Luca, cheveux ras et idées courtes, portait deux jours plus tôt la charge contre le concept de genre introduit dans les manuels de première au chapitre de l’éducation sexuelle :

« Si Adam et Eve s’étaient posé la question, on ne serait pas là pour en parler... ». expliquait-il sur M6 le 30 août.

Un argument vaticanesque ?

Il faut dire qu’après un DEA sur « le gaullisme dans les Alpes-Maritimes de 1958 à 1974 » Luca est depuis trente ans prof d’histoire-géo dans l’enseignement catho, au lycée Don Bosco de Nice, puis à Saint-Vincent-de-Paul, où il continue d’enseigner quatre heures par semaine.

N’est-il pas étrange de récuser au nom de la religion le caractère scientifique du concept de genre (identité sexuelle construite socialement), venu des Etats-Unis ?

« Luca ne fait pas seulement écho à Boutin mais à la droite religieuse américaine, qui s’oppose à l’enseignement de la théorie à l’évolution au nom du créationnisme », explique Eric Fassin, sociologue spécialiste de la sexualité à Normale sup.

Sur M6, Luca portait ensuite l’estocade :

« Ce qui est grave, c’est que cette théorie, sous couvert de reconnaître différentes identités sexuelles, veut légitimer à terme la pédophilie, voire la zoophilie (...) ».

Des propos qui font bondir Jean-François Copé, pourtant habitué à gérer cet électron libre au sein de l’UMP :

« S’il a dit cela, c’est insupportable, c’est ignoble ! ».

Luca se vante de ne pas pratiquer un « langage d’émasculé » (« Libé », 8/7/10).

De fait, Luca, grand ami de l’apéro saucisson-vin rouge islamophobe, n’a jamais été à une provoc près pour se faire remarquer.

Il défend pêle-mêle la peine de mort, le rôle positif de la colonisation (en 2005), lance au Festival de Cannes (en 2010) une fatwa contre le film « Hors-la-loi » de Rachid Bouchareb, qu’il juge « révisionniste » et « anti-Français », sans l’avoir vu !

Il faut dire que la 6e circonscription des Alpes-Maritimes, où il s’est fait réélire dès le premier tour (avec 64% des voix en 2007), compte une forte proportion de pieds-noirs.

Président du groupe d’études sur le Tibet à l’Assemblée, Luca se dépense aussi non sans courage pour la cause des Tibétains réprimés en Chine, foudroyant en 2008 Kouchner du terme de « collabo », et même Sarko, comparé lors des JO de Pékin aux dirigeants démocrates « qui se sont assis à la tribune avec Goebbels et Göring en 1936 à Berlin ».

Son « genre » à lui c’est Pasqua.

Féru de comparaisons historiques , il évoque aussi Vichy à propos du risque de fichage par le PS lors de la primaire socialiste !

Et lâche, dans « Libé » (8/7/10), à propos de la fameuse blague raciste d’Hortefeux :

« Tout le monde le pense, ce genre de trucs ».

Voilà qui est franc.

Luca s’est engagé pour le Tibet par anticommunisme.

Enfant d’immigré, il est le fils d’un Roumain ayant fui le communisme en 1946, qui s’est enrôlé dans la Légion étrangère et qui a fait l’Indo, avant de devenir ajusteur chez Renault.

Mais le fils conteste que son père fut aussi « légionnaire » dans la Roumanie d’avant guerre. C’est à dire membre de la Garde de fer, un mouvement d’extrême droite antisémite et meurtrier si fanatique que le roi Carol II puis le maréchal Antonescu, pourtant alliés des nazis, l’ont réprimé.

Il écrira même au Canard pour affirmer que son père était au contraire « soupçonné de sympathies communistes ». Sympathies bien cachées tout de même !

Mais il y a pourtant des réminiscences étranges.

Le 24 mai, Lionnel Luca est reçu à l’Elysée avec les députés de la Droite populaire et lance :

« Nous sommes la garde de fer du sarkozysme ! »

Présent, Thierry Mariani tique :

« Connaissant la culture historique de Lionnel, j’ai été un peu surpris. Mais Sarko n’a pas relevé ».

Par piété filiale, Pal Sarkozy, a lui-même fui la Hongrie communiste en 1948 et s’est engagé dans la Légion étrangère.

Seul « Le Point » (9/6) relève l’allusion historique de Luca.

Lequel précise sur son site qu’il voulait dire la « garde de fer » avec une minuscule, et non avec une majuscule....

Nuance !

La « garde de fer du sarkozysme » ?.

Luca précisait à « Libé » (27/10/10) le rôle de la Droite populaire :

« un pare-feu sur des terres électorales et idéologiques que le FN s’est accaparées ».

L’idée est de presser l’Elysée de « revenir aux fondamentaux » du programme de 2007 pour ne pas perdre les élections : sécurité et immigration, sans hésiter à faire le lien entre les deux.

« Il est à la droite de la droite, mais il reste droit » , commente son voisin de banc à l’Assemblée Eric Raoult, qui voit en lui le « point d’ancrage » de la Droite populaire.

Depuis un an, la Droite populaire fournit une plate-forme médiatique inespérée au trublion Luca, qui étouffait jusque-là dans les Alpes-Maritimes.

Elu, en 1995, maire de Villeneuve-Loubet, il tente, en 2001, lors d’une embardée chez Pasqua, de se faire élire maire RPF de Cannes, mais il échoue.

Puis, revenu au bercail présidentiel, il se fait ensuite doubler localement par le sénateur-maire UMP de Cagnes-sur-Mer, Louis Nègre.

Son pote Mariani compatit :

« Le problème de Lionnel, c’est que dans les Alpes-Maritimes il y en a au moins quatre qui jouent en première division : Estrosi, Ciotti, Leonetti, qui est maintenant ministre, et aussi Michèle Tabarot, bras droit de Copé ».

Depuis, Luca mène la politique du verbe brûlé aux lisières du FN, en rêvant, comme il le disait dès 1997, de constituer un « parti populaire, musclé et national » : la « Droite pop » que Mariani et lui songent désormais à développer ?.

Mais qui sera le patron ?.

Guerre des chefs en perspective !.

D’après David Fontaine dans Le Canard enchaîné du 07/09/2011

Transmis par Linsay



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