Au cœur de la crise : le travail salarié

mercredi 2 juin 2010
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Après le « travailler plus pour gagner plus » de Sarkozy (et du Medef), voici maintenant le « travailler plus longtemps puisque nous vivons plus longtemps » ; d’autant plus que « la France vit au dessus de ses moyens » ajoutent Mme Parisot, les ministres Sarkozystes et l’UMP ; les « socio-réalistes » avec DSK et le groupe socialiste qui a voté le plan Papandréou contre le peuple et les travailleurs grecs, le vote de la honte !!!

Se rendant compte de l’hostilité que provoquent leurs projets chez les salariés, ils essaient les chiffres : eux qui n’ont pas été foutus de prévoir la crise financière, ont trouvé qu’en 2050, il ne serait plus possible de financer la retraite à l’âge et au taux de pension actuels.

Si les salariés avaient le temps et les moyens, les auteurs de cette odieuse calomnie devraient être « cités à comparaître pour dénonciation calomnieuse du salariat en vue de lui faire payer SA crise, mais il y a mieux à faire ! car nous savons tous que « les salariés ne peuvent envisager de grandes conquêtes sociales, sans s’aguerrir « se faire la main » « dans une lutte quotidienne, pied à pied contre les empiètement du capital sur leur vie ».

LE CONTRAT DE TRAVAIL SALARIE : INEQUITABLE ET INJUSTE

Mais où est donc la source des difficultés qui nous accablent : elle ne découle pas de la faillite de Lehmann Brothers en 2007, bien sûr ! pas plus de la concurrence Chine-USA ! mais incontestablement naît dans le champ clos où se déroule un affrontement permanent entre le capital et le travail : dans les entreprises où sévit depuis 1830 aux débuts de la révolution industrielle un ordre social qui fait du salarié : un travailleur lié à son employeur par un contrat de travail qui implique sa subordination contre rémunération (dixit le Larousse 3 volumes). Après la révolution qui abolit non seulement le servage mais aussi les corporations, le terrain était libre pour une nouvelle forme de commerce régit par la loi Le Chapelier et qui plaçait sous la domination de l’entrepreneur des masses de plus en plus grandes de salariés.

Ce contrat apparût vite aux salariés comme inique, inégalitaire et injuste, une source de conflits qui jalonne notre histoire dès 1830 puis 1848 quand « pour le première fois les ouvriers entrèrent sur la scène de l’histoire avec leurs propres revendications en tant que tels et non comme force d’appoint » (le Manifeste Communiste) puis 1871, la résistance, la libération de la France et le programme du CNR, et 1968.

Mais, et ce n’est pas le moindre des paradoxes, tous ces conflits ont été bénéfiques aux deux antagonistes :

- Au salariat qui y conquit une amélioration incontestable de son état pour aboutir à « ce modèle social » d’aujourd’hui qui fait que 45% de la valeur ajoutée échappe aux prédateurs de la finance.

- Au capital lui-même qui porta son influence à un niveau inouï : depuis 1830 la production a augmenté de plus de 200 fois avec moitié moins de travail annuel !!! le salariat est devenu le statut de 25 millions de salariés, 91% de la population active ; ils n’étaient encore que 67% en 1960, 82% en 1980 !

Mais c’est ainsi que chaque jour (ou chaque nuit !) 23.200.000 salariés entrent dans leurs entreprises après avoir laissé leur citoyenneté au vestiaire pendant une séquence de travail, ils sont en état de subordination, leur travail est devenu une marchandise qui est la propriété exclusive de l’employeur.

LE TRAVAIL, UN ACTE SOCIAL

Il faut à ce point revenir sur la nature et le contenu du travail.

- C’est un acte social qui a transformé l’homme prédateur de la nature en producteur.

- Il associe des savoirs, des savoir faire, des qualifications diverses en vue de produire des marchandises dont il a l’usage.

- Le concept de travail salarié permet à l’entrepreneur de les réunir en un collectif dont les membres ne se côtoient souvent même pas, mais qui travaillent dans le sens voulu par l’entrepreneur.

Mais peu à peu un sentiment de solidarité est né, s’est renforcé. Ce n’est pas un hasard si Sarkozy n’aime pas le principe de solidarité ; si il exalte le mérite individuel : soyons clair, aucun salarié, fût-il génial ne peut exercer seul une activité productive ; c’est seulement AVEC les autres savoirs et qualifications, solidairement, dans un collectif qu’il le peut.

- Un statut qui permet à un individu employeur d’imposer ses objectifs, son mode d’organisation du travail à un collectif de travailleurs ne peut pas être éternel : la voilà, la contradiction qu’il faut trancher !

- Car voici qu’au lendemain de 1968 au bilan social des plus importants, les militants faisaient état d’une grande déception « oui, disaient-ils, c’est un bon bilan social mais dès la rentrée, on a retrouvé intacts la pendule de pointage, le boulot de cons et la hiérarchie qui nous harcèle avec la productivité ».

En 1974, le PCF lança une campagne des « cahiers de la misère » (ce qui fit ricaner quelques beaux esprits) qui révéla une grande demande de « changer le travail pour changer la vie ». Malheureusement, le PCF était alors englué dans sa politique d’Union de la gauche pour un programme commun et cette revendication passa à la trappe.

- Alors commença un long exode de centaines de milliers de salariés vers la sortie, ce qui facilita grandement le démantèlement de l’outil de travail au profit des groupes industriels entrepris par le gouvernement de F. Mitterand. Le jour où j’ai quitté l’usine à 57 ans, nous étions 400 licenciés et pourtant c’était la fête, nous étions qualifiés de veinards ; quand on se rencontrait dehors, la grande question c’était « c’est quand la quille pour toi ? »

Je pense que l’acharnement des salariés à réclamer le maintien de la retraite à 60 ans relève d’une même idée : même jeune débutant un salarié a besoin de savoir qu’après la retraite une autre vie est possible, une espérance.

- Pour toutes ces raisons je pense que le temps est venu de revendiquer l’abolition de ce statut, et l’inscription dans la loi du principe :

A travail collectif, gestion collective et autonome

Au moment où notre peuple identifie le capital financier comme responsable de la pire crise connue à ce jour, le salarié revendique la direction des affaires publiques.

POUR QUE CE SOIT L’ŒUVRE DE SALARIES EUX-MÊMES

Un puissant mouvement social pour les revendications devra être prolongé par une revendication qui interdise tout retour en arrière : en convoquant :

-  LES ETATS GENERAUX DU TRAVAIL SALARIE dont les délégués seront élus par les salariés, selon le même mode électoral que les conseillers prud’hommes dans la circonscription où ils exercent leur emploi.

-  Les ETATS GENERAUX siégeront en lieu et place du Sénat devenu obsolète, car par son mode de désignation et son rôle il ne correspond plus à la réalité sociale de notre temps.

-  Les ETATS GENERAUX du travail auront compétence sur toutes les questions relatives au travail, sa nature, son contenu ; ils auront le pouvoir de légiférer sur ces questions en concertation avec l’Assemblée Nationale, y compris avec le droit de veto lorsque celle-ci légifère contre les travailleurs (ainsi aujourd’hui lorsqu’elle prétend porter atteinte au système des retraites).

- La première décision des ETATS GENERAUX sera la demande d’inscription dans la Constitution Au chapitre des droits de l’homme de la primauté du travail des hommes sur le capital, ce qui implique l’abolition du contrat de subordination-rémunération.

- La seconde mettrait fin à l’étatisation de la Sécurité Sociale (décidée par le gouvernement Balladur en 1994) dont la gestion serait rendue à ceux qui la financent essentiellement les salariés.

- La troisième décision sera de confier aux personnels des entreprises du CAC 40 sa gestion ; ils éliront de fait le « conseil d’administration » qui disposera des pouvoirs réels de décider en toute autonomie de la finalité de l’entreprise, de sa technologie, des investissements et de l’affectation de ses résultats.

- Enfin le CA aura, avec les actionnaires de ces entreprises, un rapport de loueur de leur outil, à des conditions strictes.

- Ce type d’organisation peut être étendu à d’autres entreprises de grande taille non incluses dans les 40 groupes, si le personnel le revendique.

Elie DAYAN
Membre de l’Association Rouges Vifs IDF
Le 26 mai 2010



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vendredi 4 juin 2010 à 17h54 - par  Michel Peyret

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