Etre ou ne pas être....de classe

jeudi 4 mai 2006
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Le congrès de la CGT vient de se terminer et les observateurs, selon leur sensibilité, en font l’analyse. Les constats convergent pour dire que ce 48e congrès ne marque pas (et c’est un euphémisme) un tournant révolutionnaire de la 1re organisation syndicale française, mais qu’au contraire, si tournant il y a, c’est un tournant réformiste.

Ceux qui s’en défendent voient dans les débats du congrès l’expression d’une dérive gauchisante et la persistance de dogmatismes et de pratiques dépassés.

Cette conception de la modernité et du conservatisme, qui voudrait qu’il y ait d’un côté les modernes qui font des propositions et de l’autre les anciens qui ne croient qu’à la lutte des classes, est partagée par les apôtres du capitalisme qui applaudissent aux évolutions actuelles de la CGT.

Plus que de définir l’évidente transformation de la CGT ce qui nous intéresse c’est de mieux en comprendre les causes. Comment en est-on arrivé à cette situation où le syndicalisme révolutionnaire risque de se laisser dessaisir du seul syndicat français non encore gagné au réformisme ?

Depuis plusieurs années nous sommes confrontés en France et dans nombre de pays à un recul sans précédent des droits sociaux. Il y a le sentiment (qui n’est pas forcément celui de tous les peuples du monde) que le capitalisme arrogant triomphe partout plongeant le monde dans la guerre et la barbarie. En France on n’en finit pas d’énumérer les remises en causes d’acquis durement arrachés parfois par des décennies de luttes de ceux et celles qui nous ont précédés. L’éclaircie du CPE peut même paraître dérisoire à certains qui mesurent tout le chemin qui reste à parcourir pour faire reculer le chômage et la précarité.

Evidemment cette montée des reculs s’accompagne d’une perte des valeurs collectives, d’un repli sur soi, d’une baisse de l’engagement individuel. La foi dans la possibilité de changer la société en profondeur semble s’éloigner des consciences.

Dans ce contexte certains peuvent être tentés de se contenter des miettes que nous laisse le capital en partant du principe, puisqu’on ne peut pas faire la révolution, puisque le grand soir ce n’est pas pour demain autant s’adapter et poser des revendications...réalistes...Exit les discours enflammés sur la lutte des classes et l’action révolutionnaire, exit l’idée même de société socialiste...Au nom du réalisme, place au syndicalisme responsable de proposition, de négociation et d’institution...

Ce sont ces options que d’aucuns ont mis en avant au dernier congrès de la CGT. Malgré ce que pourraient laisser croire les votes et commentaires émanant de celui-ci nous ne sommes pas bien surs que cela représente l’opinion de la majorité des syndiqués et ce d’autant plus que nombre de congressistes ont publiquement déploré l’impossibilité de débattre de questions de fond auquel le syndicalisme est confronté.

Celles-ci pourtant demeurent et interpellent l’ensemble du mouvement ouvrier et sans être exhaustifs on peut en citer quelques unes :

-  Comment, sauf à renoncer à l’idée même de progrès social, peut on répondre aux aspirations de tout un peuple si l’on ne remet pas en cause le carcan de Maastricht au nom duquel on privatise, licencie et délocalise à tours de bras ?
-  Comment permettre plus de justice sociale si le peuple ne se réapproprie pas les richesses nationales ?
-  Comment être internationalistes aujourd’hui sans remettre en cause la fuite en avant des impérialismes qui mettent en danger l’avenir de la planète ?

Ce qui se passe ces derniers jours en Amérique du Sud en général et en Bolivie en particulier démontre tout à la fois que l’on ne pourra pas répondre aux besoins des peuples si l’on ne répond pas à ces questions de fonds et que la lutte des classes est bien le moteur de l’histoire.

S’il nie ces réalités, le syndicalisme, pas plus que le politique, ne répondra aux défis qui lui sont lancés. Si le mouvement ouvrier n’est pas à la hauteur de la révolte des gens, si le peuple en colère ne trouve pas dans les organisations qui disent le représenter l’expression de celle-ci, il désavouera les partisans de la discussion de salons de thé.

En ce qui concerne la CGT nous savons qu’elle a traversé d’autres périodes troublées de l’histoire et que ses militants ont su au bout du compte garder le cap de la lutte sans compromission ce qui nous laisse espérer pour l’avenir.

Etre révolutionnaire aujourd’hui, dans la France de 2006, ce n’est pas se gargariser de mots ou de formules fussent-elles historiques mais c’est, sans considérer comme indépassables les règles établies, poser en permanence à partir des luttes quotidiennes la question de la société qu’il nous faut pour transformer les utopies d’aujourd’hui en réalités de demain.

Etre communiste suppose un lieu commun de débats et d’analyse, une organisation utile au peuple pour diffuser cette pensée et résister à l’offensive idéologique permanente du capital. C’est tout le sens de notre engagement à Rouges Vifs dans lequel nous appelons à nous rejoindre toutes celles et ceux qui veulent participer à la construction d’un grand parti révolutionnaire.

L’actualité politique et sociale, tout comme ce congrès nous confortent dans l’idée qu’être révolutionnaire aujourd’hui est plus que jamais nécessaire.
C’est même notre plus grand espoir : capitalisme basta !



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vendredi 12 mai 2006 à 12h45 - par  PHILIPPE JOURDAN