A Fos-sur-Mer, la pollution industrielle contamine aussi les aliments

lundi 12 février 2018
par  la_peniche
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Où l’on voit que pour les industriels protégés par les pouvoirs successifs et soutenus par le maire socialiste de Fos, les bénéfices sont plus importants que la santé des citoyens... Devant le danger ce maire essaie de redorer son blason et le journal lui tend la perche... bien sur. Article à prendre avec des pincettes... mais juste sur l’analyses des dangers pour la santé publique. Le mot de la fin, donné par le maire socialiste est nul, pourquoi ne dit-il pas qu’il faut imposer aux industriels de respecter les normes sanitaires ? À vous de comprendre qu’un social-démocrate ne peut pas dire du mal de ceux qui lui ont permis d’être élus !
Avec un texte de la CGT Total La Mede concernant la reconversion de la raffinerie.
JP
Enquête de Stéphane Mandard pour le Monde

Une étude inédite révèle la présence importante de dioxines et de PCB dans la viande de taureau ou les moules. La mairie soutient le dépôt d’une plainte contre X pour mise en danger de la vie d’autrui.

Voisins d’une des plus grandes zones industrialo-portuaires (ZIP) d’Europe, les quelque 100 000 habitants du golfe de Fos savent depuis longtemps que l’air qu’ils respirent n’est pas le plus pur de France. Mais ils ne se doutent pas encore que la viande, les œufs et les moules qu’ils consomment localement sont aussi contaminés par la pollution.

C’est ce que révèle une étude que Le Monde a pu consulter et dont les résultats devaient être présentés, lundi 12 février au soir à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), par l’Association de défense et de protection du littoral du golfe de Fos (ADPLGF). Ils constituent les derniers éléments d’un épais dossier que l’association, soutenue par la mairie de Fos-sur-Mer, a décidé, après quinze ans d’alertes, de transmettre à la justice avec le dépôt d’une plainte contre X pour mise en danger de la vie d’autrui.

Entre 2009 et 2015, l’ADPLGF a piloté une campagne d’analyses sur des produits alimentaires du pourtour du golfe de Fos, qui compte une vingtaine d’installations industrielles classées Seveso : raffinerie, sidérurgie, chimie, incinérateur d’ordures… Des prélèvements ont été réalisés sur sept produits certifiés AOC (taureau de Camargue, mouton de Crau, fromages de chèvre, œufs de poules élevées en plein air, moules de Carteau à Port-Saint-Louis-du-Rhône, huile d’olive et foin de Crau) et des poissons du golfe.

Deux laboratoires spécialisés (Carso, à Lyon, et Wessling, en Isère) ont recherché dans les échantillons une cinquantaine de composés chimiques. Et l’Institut écocitoyen pour la connaissance des pollutions, implanté à Fos et dont le conseil scientifique compte des chercheurs du CNRS, de l’Inserm et de l’INRA, a interprété les résultats.

Bataille judiciaire

Les conclusions les plus inquiétantes concernent la viande de taureau et les œufs. Des concentrations très élevées en dioxines, polluants organiques persistants considérés comme cancérogènes, y ont été trouvées. Sur les huit essais pratiqués depuis 2009 sur les échantillons de viande bovine, deux valeurs (25 % des échantillons) dépassent le seuil réglementaire (4 TEQ – équivalent toxique international – pg/g de matière grasse) alors que, sur 318 essais analogues réalisés sur toute la France depuis 2009 dans le cadre du plan de contrôle national, seul un dépassement a été enregistré (0,3 %). Concernant les œufs, des dépassements sont constatés sur la moitié des quatre prélèvements réalisés, contre seulement quatre pour 204 essais (2 %) à l’échelle du pays.

La présence de dioxines a aussi été mise en évidence à des valeurs supérieures à la moyenne nationale pour les fromages de chèvre et les moules ; à des niveaux moindres pour les poissons mais en constante augmentation depuis les premières mesures en 2009.

Les analyses ont également révélé des teneurs importantes en PCB (polychlorobiphényles), des perturbateurs endocriniens toxiques pour le développement cérébral et classés cancérogènes probables, pour les moules et les poissons, et des teneurs supérieures aux maximales nationales pour les œufs et la viande bovine. Elles montrent enfin la présence importante de métaux lourds (plomb et cadmium) dans les produits de la mer.

« L’objectif de cette étude n’est pas de détruire les éleveurs de taureaux ou de moules, insiste Daniel Moutet, le président de l’ADPLGF. Ils sont des victimes, au même titre que tous ceux qui ont des cancers à Fos ou à Port-Saint-Louis. »

Aussi, Daniel Moutet souhaite les associer à sa démarche judiciaire en leur proposant, comme à tous les habitants du golfe, de déposer, au civil cette fois, des requêtes individuelles pour troubles anormaux du voisinage. « Cette volonté d’agir est le résultat d’un ras-le-bol », résume Me Julie Andreu, du cabinet TTLA & associés, spécialisé dans les dossiers santé-environnement (amiante, AZF…), qui déposera plainte contre X auprès du parquet du Marseille dans les prochaines semaines.

« État de santé fragilisé »

« On en a marre, dit Daniel Moutet. Cela fait quinze ans que l’on alerte, que l’on envoie des courriers aux ministres de la santé ou de l’environnement et qu’ils bottent en touche tous les malades. » Les premiers combats de l’association remontent à 2002 avec le projet d’implantation par GDF d’un terminal méthanier sur la presqu’île du Cavaou et à 2003 avec celui de l’incinérateur d’ordures ménagères de Marseille Provence Métropole à Fos-sur-Mer.

« Depuis quinze ans, on réclame en vain une vraie étude épidémiologique pour savoir si, effectivement, comme tout le monde le dit, il y a plus de cancers ici. Il n’y a même pas de registre des cancers dans le département », déplore René Raimondi, maire de Fos-sur-Mer depuis 2004, prêt à soutenir la bataille judiciaire qui s’engage.

Les habitants de Fos-sur-Mer et de Port-Saint-Louis-du-Rhône ont obtenu de premiers indices sérieux en janvier 2017. Une étude indépendante franco-américaine (Fos Epseal), financée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) et conduite sur un échantillon de population limité, suggère que la prévalence des cancers, du diabète de type 1 et de l’asthme est supérieure aux moyennes françaises.

Quant à l’étude d’imprégnation environnementale appelée de ses vœux par l’édile, c’est l’Institut écocitoyen qui s’y attelle. Les résultats, aussi attendus que craints, doivent être présentés en mai.

Sur la base d’une étude statistique rendue publique fin janvier, l’Agence régionale de santé (ARS) et la direction régionale de l’environnement (Dreal) reconnaissent prudemment « des indices de risques à long terme supérieurs au seuil de vigilance pour les effets cancérigènes, liés à la présence de plusieurs polluants sur des zones délimitées […] à proximité de certaines sources industrielles ».

Fin 2017, l’ARS devait publier les résultats de l’Observatoire des cancers du rein, de la vessie et des leucémies aiguës dans le département des Bouches-du-Rhône. Mis en place en 2012 après le constat d’un taux élevé d’hospitalisations pour leucémies aiguës autour de l’étang de Berre, l’observatoire doit permettre de décider de « la pertinence d’installer un registre des cancers ». La publication a été reportée à fin 2018. « Nous sommes conscients que c’est long mais la collecte des données sanitaires et leur consolidation au niveau du département prennent du temps, explique Muriel Andrieu-Semmel, de l’ARS, qui reconnaît un « état de santé fragilisé » sur le golfe de Fos.

D’importants dépassements de rejets de benzène

Du côté des industriels, « on vit comme une injustice qu’on dise que beaucoup de gens sont malades à cause des usines », témoigne Marc Bayard, le vice-président du Groupement maritime et industriel de Fos qui regroupe les industries de la ZIP. « Nous sommes tellement conscients du problème de la pollution que cela fait quarante ans que nous travaillons de tous les côtés pour réduire les impacts environnementaux, assure-t-il. En dix ans, les rejets des principaux polluants ont diminué de 50 à 70 %, et cela continue. »

Pourtant, la plus grosse installation de Fos, ArcelorMittal (voir photo), qui emploie environ 3 600 personnes, enregistre d’importants dépassements de rejets de benzène (gaz cancérogène) depuis 2016. Un rapport d’inspection environnementale d’octobre 2017 que Le Monde a pu consulter relève ainsi « des concentrations en benzène anormalement élevées (jusqu’à 10 fois la valeur limite) » et « la persistance des dépassements des émissions observées au niveau de la cokerie en 2016 ».

Sur la base de ce rapport, qui pointe également des dépassements pour les composés organiques volatiles ou les oxydes d’azote, le préfet des Bouches-du-Rhône a pris un arrêt de mise en demeure le 12 décembre 2017. Il donne à ArcelorMittal, qui demandait des délais supplémentaires, entre six mois et un an pour se mettre en conformité.

« C’est scandaleux et symptomatique, réagit le maire de Fos-sur-Mer. A chaque fois, l’État réagit avec retard. » René Raimondi est un enfant du pays. « Souvent, on me demande s’il est dangereux d’habiter à Fos. C’est dur d’entendre ça et de ne pas savoir quoi répondre. Quand quelqu’un est mis en danger, l’État doit prendre ses responsabilités."

Tchernobyl, plus personne n’y vit. Quand on a construit le barrage de Serre-Ponçon, on a fait déplacer les habitants avant de noyer les villages. Alors qu’on nous rassure ou qu’on nous évacue. »

La reconvention de la raffinerie Total de La Mède.

Le 14 novembre dernier un « collectif » de citoyens concernés, à savoir la CGT, Les Amis de la Terre et Alternatiba Martigues a organisé à Martigues dans la salle du Grès une rencontre publique afin de comprendre les enjeux de la transformation de la raffinerie de la Mède en « bio-raffinerie ».

Étaient donc présents comme intervenants les maires communistes de Martigues et de Port de Bouc, les Amis de la Terre, la CGT Total La Mède. 


Le but de réunir des personnes d’horizons différents étaient de faire ce que la CGT du département affectionne particulièrement : la convergence des luttes. 
En effet le sujet est sensible et complexe, nous avons donc cherché comment tous ensembles, nous pourrions peser sur Total pour que la fermeture de la raffinerie et sa transformation ne même pas à une catastrophe sociale et écologique. 
Il était clair pour tout le monde que Total, après avoir détruit ce site qui pourtant avait encore toute sa place dans le paysage industriel du département et français, autant économiquement, que socialement car la France continue importer des carburants par millions de tonnes, a choisi la solution de facilité pour transformer son site. 
En deux mots, Total avait besoin de reverdir son image auprès du public, de trouver une solution qui lui évite un plan de licenciement massif et surtout de trouver un projet qui lui rapporte de l’argent sans trop investir. Pour donner un exemple, il a mis sur la table 275 millions d’Euros pour La Mède, alors que dans le même temps il investit 1,7 Milliards au États-Unis pour une unité qui traitera les gaz de schistes. Circulez braves salariés, la messe est dite ! 
Il nous est apparu comme évident le constat fait par les associations écologiques, qu’utiliser de l’huile de palme comme carburant est un non-sens à plusieurs titres. En effet, tout le « process », de la culture à l’incorporation dans le carburant, a un impact carbone supérieur à la fabrication du gazole traditionnel. 
En résumé, la CGT conformément à ses valeurs a défendu l’intérêt d’une industrie forte tout en rappelant la dimension écologique indispensable pour la survie de l’être humain et son développement, en identifiant clairement l’ennemie capitaliste comme responsable de la destruction de nos usines, de notre environnement dans le seul but d’un enrichissement sans fin. Les Amis de la Terre ont mis en exergue l’extravagance de ce projet en rappelant le désastre humain, animal et végétal que représente l’exploitation de l’huile de palme sous toute ses formes, tout en ayant conscience et portant le fait que la transition écologique ne pourra se faire qu’en préservant les emplois et les conditions sociales des travailleurs. Et enfin les maires communistes du pourtour de l’étang ont tenu à rappeler leur attachement à l’industrie, à la sauvegarde des emplois et au-delà, la sauvegarde de l’expertise et de la qualification du monde ouvrier. Ils nous ont proposé leurs visions et leurs projets de développement écologiques et la nécessite d’une réflexion commune pour inscrire leurs villes dans une transition durable et économique. 
Nous en sommes donc tous ensemble, avec les nombreuses personnes présentes arrivés à la conclusion que d’autres solutions de développement industriel sont possibles, que cette assemblée marquerait peut-être le point de départ d’une prise de conscience et d’une volonté commune de changer le modèle de gestion économiques des industries et des pays. 
La lutte doit continuer, s’enrichir de nouvelles idées, s’amplifier pour se rapprocher un peu plus de notre objectif : la transformation sociale !

Fabien Cros.



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