Immigration : des faits et des chiffres

lundi 3 mai 2010

Les statistiques de l’Insee sur le niveau de vie des immigrés révèlent que leur niveau de vie est, en moyenne, inférieur d’un tiers à celui des non immigrés. Une étude qui révèle aussi, en creux, les effets considérables des discriminations sur le marché du travail.


Puisque Eric Zemmour est adepte des "faits" en matière d’immigration, en voici une livraison toute fraîche, en provenance de l’Insee. L’Institut de la statistique, pour la première fois, est allé ausculter le niveau de vie des populations immigrées en France. Il n’y a aucune surprise, mais les chiffres font quand même impression. Ainsi, les personnes immigrées ont un niveau de vie inférieur d’un tiers à celui des non immigrées. Ce qui ne fait pas lourd. Le revenu disponible moyen d’un immigré est de 25390 euros par an contre 33720 pour un non immigré (chiffres pour 2007). Résultat : il y a sur le sol français 1,8 millions d’immigrés qui vivent sous le seuil de pauvreté, qui rejoignent les 6,2 millions de pauvres non immigrés.

On en connaît les raisons principales, que rappelle l’Insee : familles avec un seul revenu (55%), contre 44% pour les familles non immigrées. 13% de familles monoparentales chez les immigrées contre 8% pour les non immigrées, et aussi 12% de familles nombreuses (contre 5% pour les non immigrées), etc. Bien sûr le manque de qualification joue aussi.

Mais il y a des différences importantes entre les immigrés eux-mêmes. Les ménages originaires du Maghreb ont un écart de niveau de vie de -43% par rapport à celui d’un ménage non immigré. Les ménages africains ont un écart de - 39%, les ménages turcs, vietnamiens, cambodgiens de -37%, ceux de l’Union européenne de seulement -14%.

L’Insee a voulu en savoir plus et, pour ce faire, a écarté les « effets de composition » des ménages (familles monoparentales, chômage, qualifications, etc..). Normalement, « toutes choses égales par ailleurs », il ne devrait pas apparaître de différence entre les immigrés. En fait , si. L’écart de revenu des immigrés européens tombe à -7% par rapport aux non immigrés. Autant dire presque rien. Celui des Turcs, Vietnamiens et Cambodgiens ressort à -9%. Mais les Maghrebins et Africains connaissent toujours un écart conséquent de -19% et -17%. Pour Jérôme Pujol, chercheur à l’Insee et auteur de la note « niveau de vie et pauvreté des immigrés en 2007 », c’est l’effet de « la précarité du marché du travail ». Autrement dit : de la difficulté spécifique pour les immigrés maghrébins et africains d’accéder au marché du travail « stable ». Un autre nom pour la discrimination à l’embauche. Cette discrimination a un effet : un immigré africain ou maghrébin a 43% de chance sur 100 de vivre sous le seuil de pauvreté, contre 36% pour l’ensemble des immigrés et 11% pour un non immigré. La pauvreté des immigrés, c’est un fait. Massif. La discrimination aussi. Au reste Eric Zemmour, si l’on lit sa lettre à la Licra, en convient. Mais il trouve que « c’est la vie »…

par Hervé Nathan Source Marianne 2 le 02/04/2010

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