Bonne année de reconstruction...

mercredi 31 janvier 2007
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Vendredi 26 avaient donc lieu les vÅ“ux de Rouges Vifs 13. Une ambiance chaleureuse pour une assemblée nombreuse et diverse bien à l’image des quartiers nord où se trouve le siège.
Serge y a fait l’introduction suivante.

Un sondage récemment publié par l’Humanité nous apprend qu’une personne interrogée sur deux craint de devenir SDF.
Ce sentiment d’insécurité sociale qui gagne des couches de plus en plus larges de la population n’a rien d’une peur irrationnelle mais repose malheureusement sur une réalité : la vie devient de plus en plus précaire.

Cette tendance lourde qui s’aggrave au fil des ans au point d’en devenir insupportable est la conséquence directe et brutale des choix qui sont au cÅ“ur du capitalisme : l’accumulation des profits et la marchandisation de toutes les composantes de la vie humaine .
Ces choix conduisent à la mise en pièce des systèmes de protection sociale, des droits du travail, des services publics, au chômage de masse, à la réduction des coûts salariaux, à la précarisation du travail.

Un système incompatible avec toute notion de progrès social et humain et qui , par nature, ne peut produire qu’inégalités et exclusion. C’est le cortège des « sans » ; sans papiers , sans logis, sans emploi, sans avenir.
E t c’est bien à cela qu’on assiste .
Les inégalités se creusent dans l’accès aux droits fondamentaux pourtant garantis par notre constitution : droit à la santé, droit au logement, droit au travail, droit à l’éducation, droit à la culture, droit à la retraite.

J’évoquais à l’instant l’acharnement des patrons à réduire le « coût » du travail, on peut le mesurer au quotidien :
- c’est l’explosion du travail précaire (1 emploi sur 3 créé durant les six derniers mois est un emploi précaire...CDD , CNE , CIE, intérim.....)
-c’est la politique de bas salaires exonérés de cotisations sociales.
-c’est la multiplication des délocalisations et des licenciements boursiers.
Quant au pouvoir d’achat des ménages, il ne résiste pas à la hausse démesurée des principaux postes de dépenses : loyers, énergie (électricité, gaz, essence), alimentation, santé.
Faut il s’étonner si 9 millions de personnes(15% de la population) vivent aujourd’hui en dessous du seuil de pauvreté ?

Il ne s’agit pas pour de donner dans le catastrophisme mais de dresser un constat lucide d’une situation inacceptable.
Certes, il y a des résistances, mais force est de constater que les luttes syndicales associatives ou citoyennes, si elles sont nécessaires, ne sont pas suffisantes pour changer le cours des choses. Parce que trop dispersées et surtout privées de débouchés politiques crédibles.
On a donc une immense attente sociale qui appelle une rupture avec les politiques libérales menées depuis des années par les gouvernements successifs.

Or, il est clair que les principaux candidats à la présidentielle ne s’engageront pas sur cette voie, bien au contraire.
Par ailleurs, la gauche antilibérale ou anticapitaliste ira une nouvelle fois divisée à la bataille à la grande déception de toutes celles et ceux qui ont milité au sein des collectifs pour une candidature unique.

Résultat des courses, certains iront voter Buffet, d’autres Besancenot, d’autres encore Bové voire Laguillier .On note même l’émergence d’un « vote utile » dés le premier tour sur Ségolène Royal pour éviter un 2e tour Sarkozy/Le Pen.
Et il y a fort à parier que, faute d’un programme susceptible d’emporter l’adhésion populaire, le PS va jouer à fond cette carte là.
Le problème, c’est que faire barrage au fascisme, même si çà paraît nécessaire, çà ne fait pas un projet de société.
Dans ces conditions, l’élection présidentielle ne sera une nouvelle fois que la traduction d’un rapport des forces qui a fort peu de chances d’être favorable au peuple de gauche.

Si je m’arrêtais là, on pourrait penser que tout est foutu .

Mais voilà, nous sommes des militants révolutionnaires et nous n’abandonnerons pas le combat car, comme l’unité, l’espoir est un combat.

Et il y a des raisons d’espérer.

La construction d’une perspective alternative ne se limite pas à des rendez-vous électoraux.

Depuis sa création, Rouges Vifs milite pour le rassemblement de tous les communistes, encartés ou non, et au delà de tous ceux qui pensent que le capitalisme est sans issue et qu’il faut changer radicalement de société.
C’est ce qui nous a conduits à être partie prenante des « collectifs antilibéraux » même si nous aurions préféré des collectifs anticapitalistes et l’interview de Michel Onfray montre bien qu’il ne s’agit pas de jouer sur les mots... et si nous ne partageons pas forcément l’intégralité des propositions élaborées par les collectifs.
Nous avons donc pris le parti de mettre en avant ce qui nous rassemble plutôt que ce qui nous divise.

Et s’il est aujourd’hui regrettable que les collectifs se soient déchirés sur des questions électoralistes, l’idée du rassemblement possible et nécessaire continuera à faire son chemin.
Car il s’est passé des choses positives autour de ces collectifs qui n’étaient pas envisageables il y a seulement deux ans.
Des gens venus d’horizons divers qui ne se parlaient pas, ne se rencontraient même pas sont arrivés à débattre ensemble (sans complaisance mais toujours fraternellement), à réfléchir ensemble, à militer ensemble .
Ces acquis ne sauraient être balayés d’un revers de main.
En même temps la force de ce rassemblement a souffert d’un ancrage populaire insuffisant
illustré par la quasi absence dans les collectifs de la classe ouvrière telle qu’on pourrait la définir aujourd’hui.

Et là, on est tous confrontés à une question majeure.
Comment porter un projet de changement de société sans que les principaux intéressés en soient partie prenante voire jouent un rôle moteur ?
Le problème c’est qu’on a une classe ouvrière, à l’image de la société, en perte de repères de classe et de valeurs révolutionnaires et perméable aux idées les plus rétrogrades.
Il y a donc un travail de conscientisation à mener auprès de ces millions de gens pour qui la politique est une affaire de spécialistes et qui se considèrent incapables de faire de la politique.

Cette question là ne se règlera pas par une démarche programmatique tirée d’en haut mais par une autre façon de faire de la politique au quotidien, en étant utiles aux gens, en les aidant à résister et à construire des réponses politiques à leurs problèmes.

Ce qui est premier à nos yeux c’est que, se nourrissant des luttes et les suscitant quand elles n’existent pas, ils convient à partir d’elles de travailler à la (re)construction de repères qui constitueront le socle de la perspective politique que les salarié-e-s, les retraités, les chômeurs, les petits revenus pourront s’approprier.
Quelle réponse politique quand les centres de tri sont en grève et posent par là la question du droit à la communication dans le cadre du service public,
Quelle politique de plein emploi ? Quelle nature et place des nationalisations ? Quelle réponse politique aux délocalisations ? Quelle place donner à la souveraineté populaire ?
Quelle solidarité internationale et attention à tout ce qui bouge dans le monde en Amérique du sud, en Afrique ou ailleurs ? A ce sujet je vous rappelle le rassemblement de demain pour dire NON à la guerre !

Notre site Rouge Midi essaie de participer à cette réflexion.
Au plan national les groupes avec qui nous travaillons et qui se sont rassemblés ici même le 25 novembre travaillent ensemble sur ces questions qui sont le passage obligé pour une réussite de tout rassemblement.
C’est cela selon nous penser global, agir local.

L’initiative retenue par le collectif antilibéral du 14e arrondissement me paraît illustrer parfaitement cette démarche.
Ce collectif regroupe des militants du PCF, de la LCR, de Rouges vifs, des citoyens non encartés.
Les uns font campagne pour Buffet, les autres pour Besancenot d’autres soutiendront peut être Bové.
Cela n’empêche pas la diffusion d’un tract destiné aux habitants des cités du 14e suite à la réquisition par le comité chômeurs CGT de 4 appartements vides dans la cité Picon /Busserine.

Ce tract dénonce en termes simples la politique du logement à Marseille et dans le pays, avance des propositions politiques et définit en quelques lignes le contour du rassemblement local.
C’est bien la démonstration que le rassemblement est possible.
Et si j’en juge par la diversité des organisations et associations présentes ce soir je peux dire avec certitude qu’on y arrivera !

Bonne année 2007 à tous.



Commentaires

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mercredi 7 février 2007 à 13h26 - par  anthony
mardi 6 février 2007 à 10h41
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samedi 3 février 2007 à 11h43 - par  cadran anthony