Accidentés du travail, morts ou fisc.

mercredi 7 octobre 2009
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La gauche tempête, les syndicats s’indignent, les salariés s’émeuvent. Et, pourtant, comment reprocher aux députés UMP de se pencher sur le coût des accidents du travail en période de crise ?

Quand les suicides se multiplient à France Télécom, que la souffrance au travail croît, que le stress empire, que le mal de tête s’ajoute au mal de dos, la dépression à la scoliose, il est bien normal que la majorité ne se contente pas de regarder les hommes tomber, mais s’inquiète aussi de ce que les éclopés ne plombent pas les comptes de l’Etat.

Car un salarié qui meurt coûte cher en émotions mais peu à la collectivité.

En revanche, un qui se blesse, se mutile, s’estropie coûte bonbon en indemnités journalières.

Moins le travail c’est la santé, plus les cols blancs disputent aux cols bleus le monopole de la douleur, plus l’accident devient le lot commun, et plus l’UP a raison de s’interroger : pourquoi ne pas taxer ce nouveau flux financier ?.

Le fisc doit bien réclamer son dû sur ces indemnités qui engraissent les salariés.

Il faut saluer ces parlementaires visionnaires qui depuis des années militent pour fiscaliser l’accident du travail, comme le sénateur centriste Jégou.

Cette fois, il a été entendu jusqu’au Palais-Bourbon.

Jean-François Copé a décidé de relayer son juste combat –le même qui, ministre du Budget, s’y refusait il y a quatre ans.

Pour contenir les déficits, taxons donc les mutilés du boulot !.

Ls souffrent, qu’ils paient.

Ils se blessent et finissent à l’hosto, qu’ils se mangent en retour une hausse du forfait hospitalier puis une ponction du fisc sur leurs indemnités.

Une double peine, censée décourager le salarié à l’esprit mal tourné qui voudrait se mutiler pour échapper à son job.

Elle devrait rapporter au bas mot 150 millions d’euros à l’Etat, une fortune !.

Presque 0,1% du déficit du budget 2009, ça va tout changer, y a plus que 99,9% à combler…

La gauche aura mauvaise grâce à plaider que ce sont toujours les petits, les sans-grade, les démunis qui paient.

D’abord parce que le travail est devenu un luxe en période de crise.

Ensuite parce que n’importe quel gros salaire peut aussi avoir un accident.

Regardez Henri Proglio, obligé en ces temps difficiles de cumuler la présidence d’EDF avec un autre job à Veolia pour boucler ses fins de mois.

Si, entre deux conseils d’administration, il finit écartelé –une sale blessure ! -, le fisc se paiera sur ses grosses indemnités.

Qui a dit que ce n’était pas une mesure de justice sociale ?.

Par J. M. TH. Dans Le Canard enchaîné du 30/09/2009

Transmis par Linsay



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