Morphologie et chronologie.

mercredi 12 avril 2006
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C’est par une explosion de joie que les 48 grévistes de la société de nettoyage ISOR ont accueilli la nouvelle. Même réaction à PLAS NET en grève depuis le 22 mars. Propos au hasard : « Ce coup-ci c’est nous qui avons gagné ! T’as vu la tête à Villepin ? on dirait un fantôme ! »

Nul doute que ces réactions ne sont pas des cas isolés.

Il n’y a quâ€ËÅ“à lire les déclarations des organisations anti-CPE pour s’en convaincre : la lutte continue mais on vient de remporter un beau succès et dans ce lundi matin de printemps flottait un parfum de victoire. On se sent plus fort pour continuer les combats.

Le CPE est mort mais la loi sur l’égalité des chances demeure et avec elle l’apprentissage à 14 ans et tant d’autres mesures régressives. La précarité, au travail ou dans la cité est une réalité chaque jour palpable, elle est au cÅ“ur de la lutte des salariés des entreprises de nettoyage. Raison de plus pour ne pas s’arrêter en si bon chemin.

Avec le CPE Villepin s’est pris une claque mais camarades, Villepin a deux joues nous savons donc ce qu’il nous reste à faire...

En attendant, pour le plaisir et pour l’histoire, voici une chronologie du conflit .

- 16 janvier 2006 : dans le cadre de la deuxième étape de sa "bataille pour l’emploi", Dominique de Villepin annonce la création du contrat première embauche (CPE), contrat réservé aux moins de 26 ans assorti d’une période d’essai de deux ans ; les syndicats et la gauche y voient la porte ouverte à la "précarité généralisée"

- 31 janvier : début de l’examen en urgence par les députés du projet de loi sur l’égalité des chances, qui crée le CPE ; première mobilisation syndicale et étudiante pour le retrait du projet

- 1er février : Jacques Chirac défend devant les parlementaires UMP le CPE, "vraie réponse" pour l’emploi des jeunes

- 7 février : 400.000 personnes manifestent dans toute la France contre le CPE

- 9 février : face à la guérilla de la gauche, Dominique de Villepin a recours à l’article 49-3 de la Constitution pour faire adopter par l’Assemblée nationale le projet de loi sur l’égalité des chances

- 16 février : les manifestations anti-CPE se poursuivent malgré les vacances scolaires

- 23 février : nouvelle journée d’action des syndicats de lycéens et étudiants

- 1er mars : "il faut sortir des demi-mesures et des demi solutions du passé pour les jeunes", déclare Villepin, affichant "sérénité" et "détermination" ; treize universités sur 84 sont en grève

- 6 mars : le Sénat adopte le projet de loi sur l’égalité des chances après plus de 90 heures de débats

- 7 mars : Un million de personnes manifestent pour exiger le retrait du CPE ; Dominique de Villepin exclue de retirer le CPE mais propose de "l’enrichir"

- 8 mars : 55% des Français sont favorables au retrait du CPE, selon un sondage CSA pour "Le Parisien/Aujourd’hui en France"

- 9 mars : le projet de loi sur l’égalité des chances est définitivement adopté par le Parlement ; les syndicats et les mouvements de lycéens et d’étudiants appellent à une nouvelle journée nationale de manifestations le 18 mars ; le député UMP Hervé de Charette demande la suspension du CPE

- 10 mars : l’UNEF recense 45 universités en grève

- 11 mars : les CRS évacuent dans la nuit l’université de la Sorbonne, occupée par 200 étudiants anti-CPE

- 12 mars : sur TF1, Dominique de Villepin exclue de retirer le CPE, tout en proposant des "garanties nouvelles" pour les jeunes ; une offre aussitôt rejetée par les syndicats

- 14 mars : de Berlin, Jacques Chirac apporte un soutien "total et sans réserve" à Dominique de Villepin ; "le CPE marchera", affirme le Premier ministre ; le PS saisit le Conseil constitutionnel sur la loi relative à l’égalité des chances

- 16 mars : des centaines de milliers d’étudiants et de lycéens manifestent dans toute la France ; des affrontements avec les forces de l’ordre donnent lieu à 272 interpellations ; 58 universités bloquées ou perturbées, selon le ministère ; 68% des Français favorables au retrait du CPE, selon un sondage CSA ; Dominique de Villepin se dit prêt à "améliorer" le CPE

- 17 mars : Chirac souhaite que le dialogue "s’ouvre au plus vite"

- 18 mars : 1,5 million de manifestants contre le CPE dans toute la France ; les syndicats demandent à Chirac de ne pas promulguer la loi sur l’égalité des chances

- 20 mars : Jacques Chirac réclame l’ouverture dans les "jours qui viennent" du dialogue ; un syndicaliste Sud-PTT blessé deux jours plus tôt à la fin de la manifestation parisienne est dans le coma (il en sortira le 6 avril)

- 21 mars : nouvelle journée d’action étudiante et lycéenne ; Dominique de Villepin exclue tout "retrait", "suspension" ou "dénaturation" du CPE devant les parlementaires UMP

- 22 mars : changeant de ton, le Premier ministre dit vouloir négocier "sans a priori" avec les syndicats ; Nicolas Sarkozy recommande une expérimentation de six mois du CPE ; 68 universités bloquées ou perturbées

- 23 mars : Villepin écrit aux partenaires sociaux pour leur proposer une rencontre sur un ordre du jour "nullement limitatif" ; nouvelles manifestations lycéennes et étudiantes (500.000 participants) ; lettre de la Conférence des présidents d’université à Jacques Chirac évoquant "une crise extrêmement grave"

- 24 mars : Chirac exclue tout retrait du CPE, une heure avant que les syndicats ne soient reçus à Matignon ; cette réunion tourne court, les syndicats refusant l’invitation du Premier ministre à le rencontrer dès le lendemain

- 25 mars : lettre des organisations étudiantes et lycéennes anti-CPE au Premier ministre rappelant leur demande de retrait du CPE avant toute négociation ; Villepin dit "souhaiter que par le dialogue nous puissions trouver une solution rapidement"

- 27 mars : Nicolas Sarkozy affirme sa volonté de rénover "profondément" le dialogue social français lors d’un meeting à Douai (Nord)

-  28 mars  : journée de grèves et de manifestations pour le retrait du CPE (Trois millions de participants). En Europe des manifestations de soutien ont lieu devant plusieurs ambassades françaises. Villepin exclue de retirer le CPE, tout en renouvelant son offre de dialogue aux syndicats pour l’aménager ; pour sa part, Sarkozy se prononce pour une suspension de l’application du CPE "le temps de la négociation"

- 29 mars : "face au chômage des jeunes, je ne baisserai pas les bras", avertit le Premier ministre

- 30 mars : le Conseil constitutionnel valide sans réserves la loi pour l’égalité des chances portant création du CPE

- 31 mars : Jacques Chirac annonce la promulgation de la loi, qui sera toutefois suspendue "en pratique" jusqu’au vote d’un nouveau texte destiné à améliorer le dispositif CPE sur la durée de la période d’essai et les motifs de la rupture de contrat

- 1er avril : réunion à Matignon des ténors de la majorité, dont le président de l’Assemblée Jean-Louis Debré, de l’UMP Nicolas Sarkozy et le chef des députés UMP Bernard Accoyer, pour préparer la nouvelle loi ; celle-ci prendra la forme d’une proposition de loi UMP et non d’un projet de loi gouvernemental

- 2 avril : Nicolas Sarkozy, qui entend prendre "toute sa part" dans l’élaboration du nouveau texte, appelle les dirigeants syndicaux et leur dit son souhait d’ouvrir des "négociations sans tabou"

- 3 avril : Chirac rappelle à l’ordre Sarkozy et l’UMP en souhaitant que la proposition de loi soit élaborée "en totale cohérence" avec le gouvernement

- 4 avril : 5e journée de mobilisation nationale (Plus de trois millions de participants). A nouveau la solidarité s’exprime au plan international. Les principaux dirigeants syndicaux acceptent de rencontrer les négociateurs UMP chargés d’élaborer la proposition de loi aménageant le CPE, mais seulement pour réclamer le retrait du contrat.

- 5 avril : Bernard Accoyer, son homologue du Sénat Josselin de Rohan et les ministres de l’Emploi Jean-Louis Borloo et Gérard Larcher commencent à recevoir les dirigeants des organisations de salariés, de patrons, d’étudiants et de lycéens

- 6 avril : Villepin exclue toute idée de démission, mais n’écarte pas la possibilité d’une abrogation à l’issue des discussions en cours

- 7 avril : les négociateurs UMP vont élaborer "dans la concertation" leur proposition de loi sur la base d’une "synthèse" de leurs entretiens avec les partenaires sociaux, annonce M. Accoyer

- 10 avril : Jacques Chirac décide de "remplacer" l’article 8 de la loi sur l’égalité des chances, qui créait le CPE, par "un dispositif en faveur de l’insertion professionnelle des jeunes en difficulté", officialisant du même coup la mort du CPE après 12 semaines de contestation ; Dominique de Villepin regrette dans une déclaration que le CPE n’ait "pas été compris par tous" ; la proposition de loi UMP est déposée à l’Assemblée.


Chronologie réalisée d’après celle diffusée sur le net par Forum communiste



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