L’autruche

mercredi 11 octobre 2006
par  Charles Hoareau
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A lire nombre d’articles parus au lendemain des élections municipales en Belgique et commentant ces dernières, il n’y a rien de bien nouveau sous le soleil. Certains titrant même sur « un tassement dans la progression » (sic !) voire se réjouissant « des limites » (resic !) qu’aurait atteint (en vertu de quelle loi immanente ?) l’extrême droite flamande qui de toute façon c’est bien connu et c’est fatal fait partie du paysage. Allez, on circule y a rien à voir, on retourne à nos affaires, on sort faire pisser le chien et on reprend nos mots croisés.

Il n’y a guère que l’Humanité à consacrer trois pages à l’événement et à sonner le tocsin dans son édito.

Pourtant on ne peut faire la politique de l’autruche et tenter de se rassurer à bon compte. L’extrême droite progresse non seulement en pays flamand mais aussi en Wallonie. Comme elle a déjà progressé en Europe, ces derniers temps, en Suisse, en Pologne, en Slovaquie, en Allemagne rejoignant ainsi des pays comme l’Italie, le Danemark, les Pays Bas, l’Autriche.....et la France, tous pays où son implantation est forte et bien ancrée. Et on pourrait encore allonger la liste de pays où des signes inquiétants de fascisation et de montée du racisme (car ces deux questions sont étroitement liées) se multiplient et se poser la question de là où il faut ranger la Russie où vient de se faire assassiner une voix rebelle...

On ne peut ni s’habituer ni se résigner à cette vague brune qui ne connaît pas de frontières...Ni la minimiser... Car ne nous y trompons pas, partout dans le monde, il n’y a pas d’un côté des démocraties immuables et de lâ€ËÅ“autre des dictatures que l’on doit renverser. Tant que le capital n’est pas contesté dans ses fondements il peut donner l’apparence de la démocratie, dès qu’il est en danger il développe les moyens du durcissement de son pouvoir.

Alors si on ne se résigne pas, si on refuse de voir le monde s’enfoncer dans la barbarie, que peut et doit on faire ? Faire de la politique ! (j’allais écrire la vraie !) Celle qui ne gargarise pas de mots mais qui essaie d’être utile aux gens et en particulier ceux qui souffrent le plus du développement du capitalisme.
Pour ce qui nous concerne nous nous y essayons :

-  En menant le combat d’idées au quotidien sur les thèmes que le capital emprunte à l’extrême droite pour continuer à asseoir son pouvoir sans partage. Sans papiers, racisme, communautarisme. Mais aussi situation internationale et combat anti-impérialiste. Combat qui n’a de sens que s’il ne se limite pas à des rencontres entre gens bien pensants. Ainsi nos distributions de tracts répétées dans les quartiers sur la situation au moyen orient et les moyens d’arriver à une paix juste et durable.

-  Sur l’international aussi, les articles que nous publions sur Rouge Midi, à la mesure de nos moyens, ne correspondent pas à une envie d’exotisme politique mais à une nécessité de comprendre ce qui se passe dans le monde et ce soi disant choc des civilisations au nom duquel on voudrait nous faire accepter l’idée d’une 3e guerre mondiale dont le seul but serait d’imposer durablement aux pays du sud le pillage de leurs richesses par les impérialistes occidentaux.

-  En essayant d’être présents au côté de ceux qui luttent et en donnant simplement notre point de vue en espérant que celui-ci offre perspective politique - et donc réponse - et soutien concret. Ainsi nos expressions aux portes des entreprises en vue du 14 octobre et à la veille de chaque grand rendez-vous.

-  En ne faisant aucune concession dans ce combat d’idée. Ainsi quand des élus de gauche marseillais se prononcent pour la construction de logements de standing dans tel quartier ou pire qu’ils refusent la construction de logements sociaux dans tel autre au nom de la mixité sociale, nous pensons que non seulement ils rendent service aux capitalistes marseillais, mais qu’en plus ils cèdent du terrain à l’extrême droite. Ce n’est pas la multiplication de cités populaires qui pose problème, mais le niveau de revenu des salariés, le chômage et les économies que l’on fait sur l’habitat.

-  Les expulsés de La Renaude se sentent bien trop seuls depuis le 11 août et les habitants du quartier n’ont eu à connaître aucune expression politique sur leur devenir et les combats à mener, pas plus que les occupants de la rue du sud (en lutte depuis plus d’un an) et leurs voisins de La Belle de Mai. Si nous disons cela ce n’est évidemment pas par esprit polémique mais parce que nous sommes convaincus que la gauche anticapitaliste peut peser dans les choix de société à condition qu’elle se rassemble bien sûr, non pas pour discuter sans fin des questions de casting ou de point virgule à des déclarations solennelles que personne ne lira, mais qu’elle se rassemble d’abord pour les combats quotidiens que le capitalisme impose, qu’elle retrouve le chemin des cages d’escaliers et des sorties d’entreprises.

La question des candidatures aux élections viendra après, bien après....naturellement portée par le peuple qui la mettra alors au service de ses combats et de son espoir retrouvés.



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