L’Europe des droites marche

mardi 8 juillet 2008

Avec les directives sur le temps de travail et l’immigration, les gouvernements conservateurs et libéraux d’Europe font franchir à l’Union un pas supplémentaire vers la régression sociale. Le journal madrilène El Pais cherche déserpérément la gauche européenne...
La semaine de travail atteindra bientôt les 78 heures hebdomadaires et les sans-papiers pourront être placés en rétention pendant dix-huit mois avant d’être expulsés. Dans certaines régions, la police sera bientôt autorisée à détenir une personne dans une prison pendant quarante-deux jours sans inculpation. Dans d’autres, les services secrets comptent bien obtenir l’autorisation de fouiner dans les courriers électroniques sans mandat judiciaire. Mais dans quel pays sommes-nous ? En Chine ? Aux Etats-Unis ? Que nenni ! Bienvenue dans l’Union européenne, porte-drapeau des décennies durant du modèle social le plus respectueux des citoyens. Les experts n’arrivent pas à se mettre d’accord sur la portée de ce revirement brutal, mais tous sont d’accord pour dire que la progression de la droite dans pratiquement toute l’Europe y est sans doute pour beaucoup. Deux projets présentés à quelques jours d’intervalle menacent de faire voler en éclats le rêve européen. Une directive destinée à faire passer la durée maximale du temps de travail de 48 à 60 heures [et jusqu’à 78 heures, et une autre qui s’attaque à l’immigration illégale avec une violence qu’on croyait réservée à l’extrême droite. Il y a seulement dix ans, la France était à la pointe du débat sur le temps de travail avec les 35 heures. Et toute l’Union stigmatisait l’Autriche pour avoir ouvert son gouvernement à un parti hostile aux immigrés. Aujourd’hui, la droite a pris la tête des pays moteurs de l’Europe (France, Allemagne, Italie…) et les gouvernements de gauche se font rares.

Extrait d’un article de Cristina Galindo et Pere Rusiñol El País 05/07/2008

Transmis par Linsay