GIE Ste Marguerite et PAMAR : un grand groupe protecteur de mafieux ?

mercredi 27 décembre 2023
par  Charles Hoareau
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Depuis le 20 décembre la majorité des salariés de la « petite » entreprise PAMAR sont entrés dans une forme d’action peu habituelle : le droit de retrait. Si cette forme d’action n’est pas nouvelle en soi, il est rare qu’elle soit choisie par autant de salariés à la fois et dure aussi longtemps. Que se passe-t-il pour motiver cette action qui traduit la colère des salariés ?

L’entreprise PAMAR est en fait une émanation du groupe privé Ste Marguerite, GIE [1] qui regroupe 8 cliniques entre Marseille (Vert Coteau et Beauregard), Toulon (le siège) et St Tropez. Ce groupe florissant, a confié le nettoyage de sa lingerie (draps...) à la société PAMAR dont l’administration est partagée entre les cliniques du groupe. Un savant montage donc sans doute pour des raisons essentiellement financières qui permet de cacher derrière une entreprise apparemment familiale d’une trentaine de salariés, un groupe de plus de 1800 salariés pour un chiffre d’affaires se comptant en centaines de millions d’euros...
Dans la réalité c’est donc ce groupe qui est le véritable employeur de salariés qui, toute la journée, s’affairent au nettoyage de linge souvent tâché de sang, d’urine, de vomi ou d’excréments de malades parfois porteurs de maladies contagieuses et dangereuses. Un métier à risque qui demande une qualification et une compétence qui méritent salaire et reconnaissance.
Or non seulement ce n’est pas le cas mais en plus aux bas salaires, à la pression, aux cadences dures, aux dépassements d’horaires non payés, aux règles d’hygiène non respectées, s’ajoutent un traitement du personnel inhumain.

De plus, il n’y a pas d’agent d’entretien spécialisé et du coup ce sont les blanchisseuses et blanchisseurs qui font l’entretien des machines y compris en rentrant dans les tunnels d’aspiration quand ils sont encore chauds ! Les conditions sont tellement mauvaises que le personnel ne tient pas et ainsi dans la production, seuls 3 salariés ont plus de 3 ans d’ancienneté : tous les autres ont été soit licenciés soit sont partis écœurés. Ne restent que celles et ceux embauchés depuis 2020. En avril dernier le personnel de la production a élu une déléguée espérant que par son intermédiaire, s’instaurerait un dialogue avec la direction : encor aurait-il fallu que le CSE [2] soit régulièrement réuni comme le prévoit la loi : mais il n’en a rien été ! N’y tenant plus, le 19 décembre dernier, Kala la déléguée, tente de parler à la direction. Pour toute réponse, le lendemain 3 personnes de la famille de la chef viennent à la porte de l’entreprise et menacent de mort le personnel et violentent plusieurs d’entre eux au point que 2 salariées se retrouvent en accident du travail.
Cette agression aurait dû en toute logique être condamnée par la direction. Au contraire celle-ci, non seulement a refusé de sanctionner la chef, mais l’a couverte en disant, avant même qu’elle ne soit officiellement informée (sic !) : « ils sont restés sur le trottoir devant l’entreprise », à une autre « si demain vous avez un problème à l’entreprise vous aussi vous ferez venir votre mari ! » Sans commentaire.

Dans cette situation et les dangers qu’elle comporte le personnel de la production, accompagné par l’union locale CGT des quartiers Nord de Marseille, a décidé d’exercer son droit de retrait comme la loi le prévoit en pareil cas. Cela aurait dû alerter la direction : là encore pas de réaction. Pourtant dès le 22 décembre, l’inspection du travail, alertée par les salariés a écrit après enquête sur place. Sa lettre à la Direction ne laisse aucun doute : « ces salariés ont eu manifestement un motif raisonnable de penser qu’ils étaient exposés à un danger grave et imminent... » et de préciser « trois individus autorisés à pénétrer sur le parking de l’établissement, manifestement invités par l’une de vos responsables de service... ».
Depuis ce courrier, à l’initiative de la seul déléguée, une rencontre a eu lieu ce 26 décembre. La 1re depuis 8 mois !!! Cela n’a rien donné si ce n’est que la Direction a de nouveau justifié des pratiques qui relèvent de comportements mafieux.

Cette attitude, n’entame pas la détermination des salariés qui tous les matins se présentent à l’heure de l’embauche pour voir si des mesures ont été prises pour enlever la menace qui pèse sur eux : en vain pour l’instant.
Ce matin, dans le froid matinal qui est leur quotidien ils et elles parlent entre deux coups de klaxon des véhicules des travailleurs du coin qui saluent leur lutte et leurs drapeaux CGT flottants : « Ils essaient de nous remplacer et on pense même qu’ils utilisent des moyens illégaux mais on est des humains, pas des robots ».
« La Directrice nous a dit qu’on n’aurait pas dû faire appel à la CGT, mais on est tous syndiqués ».
« Même la médecine du travail ils ne la respectent pas : mon poste devrait être aménagé, ils ne l’ont pas fait ... »
« On ne peut même pas prendre une douche quand on a fini le linge sale et qu’on passe au linge propre... »
« Ils ont cru qu’on allait lâcher parce qu’on est pauvres et qu’on a besoin de notre salaire, mais on a une dignité. On ne lâchera pas ».

La Direction est prévenue : le bras de fer continue et le GIE Ste Marguerite, qui se croit bien caché derrière la « petite » entreprise familiale ferait bien de prendre la mesure de la détermination du personnel et du soutien sans faille de la CGT


[1Groupe Inter Entreprises

[2Comité social d’établissement



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