Des minicentrales nucléaires en kit

mardi 6 avril 2010
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Des unités de production plus petites, moins chères et plus faciles à construire : c’est le concept que propose une société américaine.

Aux Etats-Unis, le nucléaire est l’une des principales sources d’énergie à l’origine de la production d’électricité, mais ne correspond pour l’instant qu’à 20,2 % de celle-ci (selon les chiffres d’octobre 2009 de l’Agence américaine d’information sur l’énergie). Il se situe derrière le charbon (44,4 % de la production électrique) et le gaz naturel (23,7 %). L’énergie hydroélectrique, quant à elle, participe à hauteur de 6,8 %, et d’autres sources d’énergie – éolien, solaire ou biomasse –, en fournissent 4,9 %. En France, selon EDF, le nucléaire représentait 82,9 % de la production d’électricité en 2008.

Un nouveau type de réacteur nucléaire, conçu pour être fabriqué en série en usine, pourrait réduire presque de moitié le temps de construction des centrales nucléaires. Cet avantage permettrait à un plus grand nombre de compagnies de distribution d’électricité de se doter de centrales nucléaires, notamment dans les pays pauvres. Un de ces modèles a été mis au point et pourrait être commercialisé à partir de 2018 par Babcock & Wilcox, une société établie à Lynchburg (Virginie) [1].

D’une façon générale, les réacteurs nucléaires qui équipent les centrales d’énergie sont de grande taille et peuvent produire – pour les plus récents d’entre eux – plus de 1 000 mégawatts d’électricité. La fabrication d’une seule de ces centrales peut coûter 9 milliards de dollars [2] ou plus – un prix hors de portée de la plupart des compagnies d’électricité. De plus, il peut se passer plus de cinq ans entre le début du chantier de la centrale et sa mise en service. Autant de temps à attendre, donc, avant que les coûts de construction ne commencent à être amortis, explique Andrew Kadak, professeur de génie nucléaire au Massachusetts Institute of Technology (MIT).

Le procédé de Babcock & Wilcox pourrait réduire le risque financier lié à la construction des grosses centrales, explique Kadak. Les nouveaux réacteurs sont bien plus petits, conçus pour générer 150 mégawatts chacun. Plusieurs d’entre eux pourraient cependant être mis en réseau. En outre, ils réunissent deux composants qui, dans une centrale classique, constituent deux éléments séparés : le réacteur proprement dit et le générateur de vapeur [3]. Grâce à cette particularité, l’ensemble du matériel est suffisamment petit pour être acheminé par transport ferroviaire. De fait, on peut monter le miniréacteur en usine, puis le livrer sur le site d’une future centrale.

Kadak estime que ce qui peut prendre huit heures pour être fabriqué sur place pourrait être monté en une heure dans une usine. Une fois le réacteur achevé, il serait acheminé sur le site de la centrale électrique, tout comme les murs de l’enceinte de confinement, les turbines, les systèmes de contrôle, etc. Christofer Mowry, PDG de Babcock & Wilcox, estime que le temps de construction total pourrait être de trois ans.

Cette technique présente par ailleurs deux caractéristiques susceptibles de réduire les coûts de fonctionnement. Premièrement, chaque réacteur serait placé dans une enceinte de confinement suffisamment grande pour qu’on puisse y stocker tous les déchets produits par la centrale pendant sa durée de vie (soixante ans), ce qui éviterait d’avoir à construire un centre de stockage séparé. Cela pourrait être particulièrement important dans la mesure où les opérateurs de centrales nucléaires doivent souvent se débrouiller pour stocker leurs propres déchets en attendant qu’un site de stockage permanent leur soit fourni par les autorités. En second lieu, les réacteurs sont conçus pour que le combustible nucléaire soit remplacé une fois tous les cinq ans, au lieu de deux ans comme c’est le cas pour les réacteurs classiques. La durée de vie de la centrale s’en trouvera donc largement augmentée.

Par Kevin Bullis dans Technology Review le 25/03/2010

Transmis par Linsay


[1d’autres entreprises américaines, ainsi que le japonais Toshiba, élaborent des petits modèles comparables

[26,6 milliards d’euros

[3dans une centrale nucléaire, la chaleur engendrée par la fission nucléaire dans le réacteur chauffe de l’eau, puis la vapeur produite fait tourner une turbine qui à son tour génère de l’électricité



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