Clara réveille-toi ! ils sont devenus fous !
par
popularité : 4%
J’avoue que lorsque j’ai vu la photo j’ai cru à un canular, une blague de très mauvais goût réalisée par quelque étudiant potache en mal de manif.
Quand j’ai vu au-dessous de ce dessin qui est à lui seul un concentré de machisme et de sexisme de bas étage, le logo du PCF nouvelle formule j’ai encore eu du mal à y croire. J’ai cru à un montage et j’ai voulu vérifier.
Je me suis donc rendu sur le site du PCF et j’ai dû me rendre à l’évidence en voyant à cette adresse cette affiche publiée le 18 février 2020…
Il n’est pas dans notre habitude de « taper » sur le PCF ni d’ailleurs sur aucune autre de ces organisations dont il nous arrive régulièrement de croiser leurs membres dans des manifs mais là je trouve qu’on atteint des sommets !
Pour le PCF c’est donc ce dessin-là le symbole parlant de la lutte contre les discriminations de toutes sortes dont les femmes sont les victimes ?
Mais dans quel cerveau a-t-il pu germer une idée pareille ?
Si ça se trouve le génial dessinateur a en plus été grassement payé comme celui qui a inventé un nouveau logo sans faucille ni marteau pourtant symbole et signe de ralliement reconnus dans tous les pays du monde !
Derrière ce torchon rose (!) il y a bien plus qu’une dérive d’un dessinateur bourré, ou défoncé, ou les deux, un soir de délire. Il y a une commission nationale, des dirigeants (et peut-être même des dirigeantes) qui ont analysé, soupesé, estimé, la portée politique et au final ont approuvé !
Qu’on est loin des grèves des travailleuses du début du 20e siècle et de toutes les violences qu’elles subirent alors !
Qu’on est loin de la volonté de Clara ZETKIN qui, au congrès de l’internationale des femmes à Copenhague en 1910 proposa que « les femmes socialistes de tous les pays organisent tous les ans une journée des femmes qui servira en premier lieu la lutte pour le droit de vote des femmes »
Qu’on est loin des suffragettes mortes quelques mois plus tard sous les coups de la police londonienne
Qu’on est loin du 8 mars 1917 où les femmes de Petrograd au péril de leur vie furent les initiatrices de la révolution russe !
Qu’on est loin de la Russie de Lénine premier pays à décider en 1921 de faire du 8 mars une journée internationale des femmes « Car, sous le régime capitaliste, la moitié du genre humain est doublement opprimée. L’ouvrière et la paysanne sont opprimées par le capital ; en outre, même dans les plus démocratiques des républiques bourgeoises, elles restent devant la loi des êtres inférieurs à l’homme ; elles sont de véritables « esclaves domestiques », car c’est à elles qu’incombe le travail mesquin, ingrat, dur, abrutissant de la cuisine et du ménage. » (Lénine).
Plus près de nous qu’on est loin de l’appel international à la grève lancé en 2017 en Argentine et repris dans 50 pays du monde ou des 5 millions de personnes manifestant en Espagne pour le 8 mars 2018 !
« On peut rire de tout mais pas avec n’importe qui » disait Pierre Desproges, mais plus encore il y a des choses qui touchent à la dignité, au long et dur combat contre la double oppression capitaliste dont on ne peut pas rire ni traiter sur le ton de la désinvolture quand on est une organisation qui est issue de ce combat-là.
A moins de le renier et de vouloir « passer à autre chose », de plus « fun », de plus « in », en un mot de plus « féminisme bourgeois », celui-là même que combattait Clara Zetkin qui disait dès 1889 « La femme est asservie à l’homme et elle le restera tant qu’elle ne sera pas indépendante économiquement. »
Comme en 1910, en 2020, le seul symbole qui vaille ce sont des poings levés !
Commentaires