L’ami
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Que puis-je vous dire qu’autre que ce qu’écrivent depuis la nouvelle connue, des tas d’amis sur la toile qui parlent de lui comme l’infatigable, le militant, le disponible….
Bob était tout ça, malgré, ou justement à cause, de toutes les cicatrices que la vie lui avait laissées.
Il est de grands arbres qu’une volée de hache peut abattre, d’autres au contraire qui, d’apparence plus frêle, résistent, s’enracinent, se burinent, se creusent, au-dedans comme au dehors, lorsque le mauvais sort s’acharne sur leur carapace chaque jour plus épaisse.
Bob était de ceux-là.
Il parlait peu. Et encore moins de sa vie, mais ses silences et sa détermination parlaient pour lui. Habitué des fins de droits, il luttait. Pour d’autres, pour les chômeurs son port d’attache, mais aussi pour les électriciens, les infirmiers, les caissières, les retraités….et pour le monde entier.
En 2004, lors du mouvement des recalculés, quand des dizaines de milliers de chômeurs assaillaient le standard de la confédération CGT, c’est lui que l’on trouva pour passer des heures au téléphone pour renseigner les chômeurs perdus qui s’adressaient à la CGT comme à une bouée de sauvetage. Bob n’avait pas fait les grandes écoles mais à celle de la vie il avait appris à comprendre, à écouter, à rassurer et à guider.
Le soir, bien après que les lumières de l’immeuble de Montreuil s’étaient éteintes, il m’appelait comme si j’avais eu besoin d’un rapport de la journée. Il me parlait de celui qu’il avait orienté sur telle union départementale, de celle pour laquelle il avait appelé tel syndicat ou tel comité afin de la défendre.
Il fit cela plusieurs mois, sans bruit, sans se plaindre, sans s’arrêter et tous les soirs j’avais droit à son coup de fil parfois très tard...
Et quand le flot des appels cessa, on ne renouvela pas son contrat et il retourna à son comité, sa chasuble CGT sur le dos, sans maugréer ni trouver à redire.
Si Brassens l’avait connu c’est à lui qu’il aurait dédié, j’en suis sûr, son Pauvre Martin.
On ne demandait rien à Bob. C’est lui qui appelait. Ainsi chaque année durant l’été : « tu as besoin pour monter le stand de la fête de l’Huma ? ». J’aurais pu dire non, cela ne changeait rien. Il arrivait dès le 1er jour du montage et en repartait le dernier jour, une fois tout plié.
Il n’avait pas fière allure, ni n’était « costard-cravate ».
Il n’avait ni prestance ni belles manières.
Il aurait dû aller au dentiste si cela avait été moins cher et s’il s’était occupé davantage de lui.
Il aurait pu se coiffer davantage ou faire des efforts vestimentaires.
Il aurait pu écouter quand on lui disait pleins de conseils qu’il écoutait poliment pour n’en suivre aucun bien sûr.
Il n’aurait pas dû refuser de venir en vacances chez moi.
Il n’était pas un ami brillant aux propos enflammés.
J’aurais pu davantage insister quand je ne l’ai pas eu au téléphone.
Il était un ami profond et fidèle…et ce sera dur sans lui.
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Deux témoignages
Une borne repère dans les manifs. Arpenteur amoureux du bitume parisien. Sa carte de fidélité aux défilés République - Nation doit être une des mieux remplies de la CGT Ile de France car il n’a pas dû en manquer beaucoup ! Un infatigable et un teigneux, sa façon à lui d’assaisonner le T de la CGT pour l’accoler à Constance dans le militantisme et à Guérilla permanente de la lutte des classes. Une lutte à laquelle il s’était abonné pour être présent dans celles de toutes les professions, donner un coup de main aux occupations des lieux de travail, être là où on ne l’attendait pas parfois (je me souviens d’une photo, où on le voit aux côtés de médecins, habillé lui-même d’une blouse de médecin, sacré Bob ! ...). La vie ne lui avait pas épargné les coups durs et son visage, notamment, en portait les traces. Sa famille, c’était la CGT. Adieu Bob ! Denis Renard |
Un visage plus que familier dans nos cortèges n’est plus. Le visage, c’est celui de Robert Piot, un militant infatigable indéfectible, anti-impérialiste, un camarade, un frère de luttes. De Nation à Bastille de Bastille à République, Robert, comme un rituel, remontait le cortège avant le départ des manifestations, saluant les nombreux travailleurs présents avec des tracts et son message, celui d’une guérilla permanente de la lutte des classes au côté des chômeurs et précaires. Il n’hésitait pas à donner un coup de main aux occupations des lieux de travail, à être présent là où on ne l’attendait pas. La convergence des luttes avait un sens pour lui. On retrouvait Robert et sa bonhomie à La Fête de l’Humanité, au stand de L’ANC au côté de ses camarades, sur d’autres champs de lutte des chômeurs précaires, pour la Libération du militant communiste Georges Ibrahim Abdallah, le soutien au peuple palestinien et tant d’autres causes. Paix à ton âme frère de luttes. Mourad Laffitte |
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