Les brèves de mai 2005
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- JOURNALISTES ALGERIENS CONDAMNES : Les journalistes algériens ont payé un lourd tribut au combat contre l’intégrisme islamiste. Plus de 60 d’entre eux ont été assassinés. Aujourd’hui, le pouvoir algérien s’acharne contre les journalistes. Pour faire taire toute critique, il ne se contente pas de les museler, d’imposer des amendes exorbitantes, de modifier le code pénal dans un sens répressif, il les condamne à de la prison. Mohamed Benchicou, directeur du « Matin », incarcéré depuis plus de dix mois, a été une nouvelle fois condamné à cinq mois de prison. Quatre autres journalistes ont été également condamnés à de la prison ferme. Le journal « l’Humanité » a lancé un appel « contre les atteintes à la liberté de la presse en Algérie », pour la relaxe des journalistes condamnés et la libération immédiate de Mohamed Benchicou (pétition sur le site www.humanite.fr).
MUMIA TOUJOURS EN DANGER DE MORT : Depuis 23 ans, le journaliste noir américain Mumia Abu Jamal, condamné à mort au terme d’un procès raciste, vit dans l’enfer du couloir de la mort d’une prison de Pennsylvanie. Après avoir échappé à l’exécution capitale en 1995 et 1999 grâce à la mobilisation internationale, il est toujours en danger de mort. Seule l’ampleur de notre solidarité pourra le sauver. Pour exiger vie sauve, justice et liberté pour Mumia, rassemblement samedi 2 juillet, place de la Concorde, date anniversaire (2 juillet 1976) de la fin du moratoire et de la reprise des exécutions capitales aux Etats-Unis (site : www.mumiabujamal.net).
JEAN ZIEGLER DANS LE COLLIMATEUR : Jean Ziegler, universitaire suisse, a été désigné rapporteur spécial des Nations-Unies pour le droit à l’alimentation. Après une enquête approfondie dans de nombreuses régions du monde, il a rédigé un rapport accablant : « 852 millions d’enfants, de femmes et d’hommes sont en état de sous-nutrition grave », « plus de 6 millions d’enfants en bas âge meurent chaque année de maladies liées à la malnutrition ». Il a analysé la façon dont les grandes compagnies privées soumettent les peuples grâce à la dette et à la faim « deux armes de destruction massive ». Il a également dénoncé la situation en Irak où l’occupation du pays par des troupes étrangères est responsable de la mort de 100.000 Irakiens et d’une aggravation de la mortalité et de la sous-alimentation des enfants. Directement visées par ce rapport, les autorités américaines ont demandé sa démission.
LES DEFENSEURS DES DROITS HUMAINS MENACES : L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’homme vient de publier un rapport sur les défenseurs des droits de l’homme et leurs organisations dans le monde. Il fait apparaître que ces militants sont de plus en plus menacés en raison de leur combat en faveur de la démocratie et des libertés. Le nombre de cas traités, deux fois plus élevé qu’en 2003, est « révélateur de la détérioration de leur situation » (rapport sur www.fidh.org).
Leyla Zana à nouveau jugée : Après avoir passé dix ans en prison, Leyla Zana a été libérée, avec trois autres députés kurdes, grâce à la mobilisation internationale. Elle est de nouveau jugée par la Cour d’assises turque avec ses trois collègues. Bien entendu, ils rejettent toutes les accusations et plaident non coupables. Ils auront encore besoin de notre soutien.
MARCHE MONDIALE DES FEMMES : Pour la deuxième fois, les femmes du monde entier se mobilisent et marchent. Le 8 mars a été le point de départ de la marche mondiale à Sao Paulo (Brésil) qui se présente comme une grande marche relais dans 63 pays pour porter une Charte adoptée le 10 décembre 2004. Marseille sera l’étape européenne les 28 et 29 mai avec l’organisation de 5 forums : « travail, précarité, emploi », « violences faites aux femmes », « paix et conflits », « sexualité, avortement et contraception, santé », « démocratie, pouvoir, égalité hommes-femmes ». L’arrivée de cette marche mondiale est prévue le 17 octobre 2005 au Burkina-Faso.
ESTONIE : UN MEMORIAL POUR LES S.S : Depuis mai 2004, l’Estonie est membre de l’Union européenne après avoir été jugée respectueuse des critères de Copenhague sur la démocratie et les droits de l’homme. Cela n’empêche pas les autorités de ce pays de laisser inaugurer un mémorial en hommage à ceux qui ont péri « en combattant pour la liberté de l’Estonie », c’est-à-dire ceux qui ont lutté en 1944 au sein de la vingtième division des Waffen SS contre les unités de l’Armée Rouge.
La communauté juive d’Estonie a condamné l’inauguration de ce mémorial jugé incompatible avec les valeurs européennes et estimé que ce monument risque de provoquer une montée du néonazisme et de l’antisémitisme en Estonie. De son côté, le grand rabbin de Russie, Berl Lazar a vivement réagi en déclarant : « Dans la mesure où les autorités estoniennes se taisent, la communauté internationale pourrait en déduire que la justification du nazisme s’inscrit dans la ligne officielle de Tallin ».
LE TRAIN DE VIE DES SOUVERAINS : Entretien de leurs palais, réceptions, voyages, personnel de maison, les rois et les reines vivent grand train grâce aux impôts des citoyens de leurs pays. D’après une récente enquête de « Paris-Match », voici l’état de la fortune (en euros) de quelques souverains qui font souvent la une d’une certaine presse : Elisabeth II (Grande-Bretagne) 4 milliards, Harald V (Norvège) 130 millions, Henin (Luxembourg) 4,3 milliards, Hans-Adam (Liechstenstein) 4,8 milliards, Mohamed VI (Maroc) 4 milliards...... sans oublier leurs « salaires » annuels.
LE CONSEIL DE L’EUROPE CONDAMNE LES TORTURES A GUANTANAMO : Dans une résolution adoptée le 26 avril, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe demande aux Etats-Unis de mettre un terme à la torture et aux autres mauvais traitements infligés aux détenus de Guantanamo Bay et rappelle qu’en vertu du droit, ces personnes devraient, soit être libérées, soit bénéficier d’un procès équitable. Cette résolution a été adoptée à la quasi unanimité des parlementaires des 46 Etats membres de l’organisation pan-européenne auprès de laquelle les Etats-Unis ont un statut d’observateur. L’Assemblée déplore que « de nombreux détenus, si ce n’est tous, ont été soumis à des traitements cruels, inhumains ou dégradants, qui ont été le résultat direct d’une politique officielle autorisée aux plus hauts niveaux du gouvernement ».
TUNISIE : INTENSIFICATION DE LA REPRESSION. Le Comité d’organisation du Sommet mondial de la société de l’information a maintenu l’organisation de sa prochaine réunion en novembre 2005 en Tunisie malgré la répression engagée par les autorités tunisiennes contre les internautes. Ce harcèlement n’est pas étranger au décès en mars dernier du plus célèbre de ces « cyberdissidents » Zouhair Yahyaoui, fondateur et animateur du journal satirique en ligne « Tunezine ». Décédé d’une crise cardiaque à l’âge de 36 ans, il écrivait sous le pseudonyme « Ettounsi » (le Tunisien) pour dénoncer le fonctionnement de la justice et les atteintes aux droits humains.
A l’annonce de l’invitation adressée par le gouvernement tunisien à Ariel Sharon pour participer à ce Sommet, des manifestations de protestation ont eu lieu dans de nombreuses villes tunisiennes. Elles ont été violemment réprimées, des défenseurs des droits humains ont été sauvagement agressés et arrêtés. L’avocate Radhia Nasraoui a été violemment frappée par les policiers. L’avocat Mohamed Abbou, membre du Conseil national pour les libertés en Tunisie, a été arrêté puis lourdement condamné à trois ans et demi de prison pour délit d’opinion malgré la présence de nombreux observateurs étrangers. Pour l’avocat français Daniel Voguet, « c’est une parodie de justice ». En infligeant une lourde peine à un avocat, le pouvoir tunisien donne un signal non seulement aux avocats qui sont de plus en plus nombreux à protester mais aussi aux défenseurs des droits de l’homme, aux syndicalistes, aux opposants politiques qui le contestent.
L’intensification de cette répression n’a pas empêché le premier ministre français Raffarin d’exprimer son admiration pour le président Ben Ali : « On a des raisons de s’aimer, de se comprendre » et de préciser : « Le président Chirac et le président Ben Ali ont la même vision du monde ».
De son côté, le président du Parlement européen Josep Borrell, socialiste espagnol, a effectué un voyage officiel fin mars en saluant les avancées remarquables en matière de développement économique et social en Tunisie. Pour ne pas être en reste, le commissaire européen en charge du commerce Peter Mandelson s’est rendu également en Tunisie pour développer les relations commerciales entre l’Union Européenne et la Tunisie. Il a encouragé les autorités tunisiennes à améliorer leurs conditions d’investissement « notamment à travers une plus grande libéralisation du marché des services et des efforts supplémentaires en vue d’ancrer leurs systèmes économiques et réglementaires à ceux de l’Union Européenne ».
Toutefois, le Parlement européen a adopté le 28 avril une résolution demandant aux autorités tunisiennes de « respecter les droits fondamentaux tels que liberté d’opinion, d’expression et d’association » qui peut servir de point d’appui aux organisations de défense des droits humains en Tunisie et en Europe dans leur action contre les atteintes aux droits humains en Tunisie.
ETATS-UNIS : « DELOCALISATION » DE LA TORTURE. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont décidé de « délocaliser » dans certains pays (peu respectueux des droits de l’homme) les interrogatoires de personnes soupçonnées de terrorisme.
Les cas sont de plus en plus nombreux. En 1991, un réfugié politique égyptien installé en Suède depuis 1991 a été enlevé par les services de renseignements suédois, livré à la CIA et expédié en Egypte pour être soumis à la torture.
Certaines des personnes enlevées sont décédées sous la torture. L’Egypte n’est pas le seul pays « d’accueil » ; d’autres pays comme le Maroc, la Jordanie, l’Afghanistan, l’Ouzbekistan font partie d’une « véritable réseau international de délocalisation et de sous-traitance de la détention, des interrogatoires et de la torture », comme le souligne l’hebdomadaire « Paris-Match » dans son édition du 11 avril qui cite de nombreux cas de présumés terroristes enlevés dans leur pays d’accueil, au cours d’un escale dans un aéroport ou pendant leurs vacances.
Cette « délocalisation » de la torture permet, comme l’a souligné un responsable de l’organisation américaine de défense des droits de l’homme « Human Rights Warch », à « de nouvelles zones de non-droit de se développer dans les prisons étrangères où les Américains peuvent agir à leur guise ». Cela n’empêche pas George Bush de démentir (il en a vraiment l’habitude) en prétendant que « l’Amérique ne remettait pas ses prisonniers à des pays qui pratiquent la torture ».
GRANDE-BRETAGNE : LA FACE CACHEE. Régulièrement, les commentateurs vantent la réussite économique du « modèle » anglais : croissance économique, faible taux de chômage. Derrière ce miroir de la politique « blairiste » se cache une réalité sociale bien différente. La baisse du chômage n’a été obtenue que par une pression renforcée sur les salaires et une augmentation du travail flexible et précarisé. L’augmentation du revenu affichée n’est qu’un leurre comme le montre un récent rapport d’un institut indépendant (« Institut for Fiscal Studies »). Selon son rapport annuel, le revenu moyen des ménages britanniques, après paiement des impôts et versement des prestations sociales, a diminué de 0,2% en termes réels en 2003-2004 par rapport à l’année précédente. La pauvreté des enfants reste toujours aussi élevée avec 2,6 millions d’enfants pauvres, c’est-à-dire appartenant à une famille dont le revenu n’atteint pas 60% de la moyenne nationale.
Dans la dernière période, les licenciements ont fortement augmenté dans le secteur automobile. Après la fermeture de BMW en 2000, c’est la firme MG ROVER qui fait faillite entraînant le licenciement de 5000 salariés. A l’instar de Lionel Jospin qui refusait d’intervenir en faveur des salariés de Michelin, Tony Blair a refusé de venir à la rescousse des Rover. Comme le fait remarquer le journal « Le Monde » du 19 avril : « Il n’est pas question pour le premier ministre, libéral dans l’âme, de colorer son discours de nuances socialistes à l’ancienne ». C’est avec ce même Tony Blair flanqué de Schröder que les partisans français du « oui » à la Constitution prétendent construire la future Europe sociale !
SAHARA OCCIDENTAL : POURSUIVRE L’ACTION POUR UN REFERENDUM D’AUTODETERMINATION. Trente ans d’exil, quatorze ans de plan de paix non appliqué, le peuple sahraoui aspire à pouvoir enfin décider démocratiquement et librement de son avenir par un referendum d’autodétermination.
Plusieurs dizaines de responsables des comités de soutien au peuple sahraoui de Belgique, d’Espagne, de France, d’Italie et des Pays-Bas sont venus à Strasbourg pendant la session plénière d’avril pour rencontrer les groupes politiques.
Ils ont mis l’accent sur l’aggravation de la situation alimentaire dans les camps de réfugiés et insisté sur l’urgence de renforcer l’aide humanitaire européenne et internationale. Ils ont obtenu le vote d’une résolution du Parlement européen demandant « d’accroître et de diversifier » l’aide communautaire.
Ils ont dénoncé les violations des libertés et des droits humains dans les territoires occupés par les forces d’occupation marocaines et demandé l’arrêt des actions illégales de prospection et d’exploitation des ressources naturelles du Sahara Occidental. Effectivement, les forces d’occupation intensifient leur politique de répression contre les manifestations d’habitants sahraouis comme le 17 avril à Lâayoune. Deux journalistes norvégiens ont été arrêtés alors qu’ils voulaient se rendre au siège de la MINURSO (Mission des Nations-Unies).
Vivement préoccupés par le report permanent du referendum d’autodétermination à cause des manÅ“uvres d’obstruction du gouvernement marocain - alors que le Front Polisario a accepté la totalité du plan de paix des Nations-Unies - ils ont demandé aux parlementaires européens de s’engager plus activement pour obtenir la mise en Å“uvre effective du plan de paix.
Résultat de leur action : le Parlement européen a adopté le 28 avril une résolution demandant au Maroc et au Front Polisario de « progresser sur la base du plan Baker, reconnu sur le plan international ».
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