« Pour comprendre l’Amérique latine d’aujourd’hui, il faut saisir la Révolution cubaine »

lundi 26 février 2007
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Une des figures de proue du mouvement altermondialiste, Ignacio Ramonet est directeur du Monde diplomatique. Il publie une impressionnante biographie de Fidel Castro, « une des personnalités qui a le moins souvent la possibilité de s’exprimer dans les médias européens ». Son objectif : « traverser la muraille de la haine ».
Il est ici interrogé par Radio Habana Cuba

Radio Habana Cuba (RHC) : Fidel Castro a fait l’éloge de votre ouvrage, vous n’avez pas peur des résultats ?

Ignacio Ramonet : Dans le contexte qui est le mien, celui de l’Europe, je considère qu’il y a une véritable censure sur les propos de Fidel Castro et qu’il est une des personnalités qui a le moins souvent la possibilité de s’exprimer dans les médias européens. C’est un livre dont l’objectif est de retracer tout un itinéraire et de répondre à la question qui est Fidel Castro, c’est la question qui est en dessous.

Dans la présentation de l’édition cubaine du livre, Fidel Castro lui-même a dit que je défends des positions qui ne sont pas celles de la Révolution cubaine, il a averti les lecteurs cubains, ils vont se trouver face à une conversation qui n’est pas une conversation de complaisance. Il y a cette dimension dans ce livre, un certain nombre de questions critiques sont présentes.

RHC : Pourquoi insistez-vous tant sur le fait que les jeunes lisent le livre ?

Ignacio Ramonet : Je suis très lié au mouvement d’altermondialisation, je fais partie de ceux qui ont essayé de lancer le Forum Social Mondial, je fais partie de l’idée initiale d’ATTAC, tout ce mouvement qui est très ouvert dans la critique contre la globalisation est, en même temps, très critique contre Cuba sur le principe parce qu’il y a une pression médiatique très forte. Le réflexe immédiat de beaucoup de jeunes qui sont proches de ce qui se passe en Amérique latine, du mouvement social brésilien, de la révolution bolivarienne au Venezuela, des indigénistes en Bolivie. Quand on parle de Cuba, ce n’est pas la même chose, c’est tout de suite une dictature, la répression, ce sont les images qui sont véhiculées. Il me semblait qu’il y avait là une injustice à l’égard de Cuba.

D’ailleurs, il y a une certaine contradiction à admirer la révolution bolivarienne et à ne pas voir que, pour Chavez, Fidel Castro est une référence permanente ; pour Evo Morales, c’est la même chose, même pour Lula qui n’a jamais pris de distances officielles à l’égard de Cuba, au contraire qui s’y est référé.

Donc mon intention était de traverser ce que j’appelle la muraille de la haine. Il est possible qu’il y ait des critiques à faire à Cuba, mais ces critiques aussi systématiques aussi négatives m’ont toujours paru excessives, en tout cas, non rationnelles ou irrationnelles.

Je crois que c’est important pour que des nouvelles générations transmettent le relais, pour qu’elles puissent réfléchir sur cet itinéraire, qu’elles aient la connaissance rafraîchie avec le regard d’aujourd’hui sur la Révolution cubaine. On ne peut pas comprendre ce qui se passe en ce moment en Amérique latine, alors que pour la première fois dans l’histoire des deux siècles de l’Amérique latine, il y a eu le mouvement social, la montée de la gauche, le mouvement critique qu’il y a en ce moment. C’est inédit, on ne peut pas le comprendre si on ne fait pas la connexion avec ce qu’est la Révolution cubaine, ce qu’a représenté la Révolution, le désir de libération de Cuba.

RHC : L’effet qu’a fait le livre ici vous confirme-t-il ce que vous dîtes dans l’introduction sur l’après Fidel et sur l’appui dont jouit la Révolution cubaine ?

Ignacio Ramonet : Ce que je trouve, c’est que cela me paraît courageux que le livre circule tel qu’il est. Certains pouvaient imaginer qu’à Cuba, pour un public interne, il ne fallait pas les aborder. Cela prouve que c’est différent.

Extraits des propos recueillis par Marie-Dominique Bertuccioli, journaliste à Radio Habana Cuba (RHC), mai 2006

Fidel Castro, Biographie à deux voix
par Ignacio Ramonet
chez Fayard/Galilée, 750 pages, 28 chapitres , février 2007

Quelques questions posées dans le livre qui reçoivent réponse par Fidel Castro

Quelle a été son enfance ?
Quelles étaient ses relations avec Che Guevara ?
Comment sa petite guérilla a-t-elle vaincre la puissante armée de Batista ?
Le monde a-t-il été au bord de la guerre nucléaire pendant la « crise des missiles » d’octobre 1962 ? Combien de fois a-t-on tenté de l’assassiner ?
Quelle impression lui a laissée le pape Jean Paul II pendant sa visite à Cuba en 1998 ?
Comment explique-t-il l’ « affaire Ochoa » ?
Que pense-t-il de la globalisation néolibérale, de la guerre en Irak et du président Bush ?
Pourquoi les autorités cubaines ont-elles arrêté quelque 70 opposants non violents en mars 2003, et appliqué, la même année, la peine de mort aux responsables du détournement d’un bateau ?
Le régime souffre-t-il de la corruption ? Le socialisme cubain est-il vraiment « irrévocable » ?
Quel est le secret de l’alliance avec Hugo Chávez ?
Quelles sont les orientations actuelles de la politique et de l’économie cubaines ?
Qu’adviendra-t-il après Fidel Castro ?

Source : Michel Collon

Transmis par Linsay



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