Ca chauffe entre Sam et Vania.
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Trouvé dans l’Express par Linsay
« Retour à la guerre froide » a immédiatement écrit la presse russe.L’analyse était rapide, mais le fait est que, depuis les débuts de l’écroulement soviétique, on n’avait pas entendu les dirigeants américains s’en prendre aussi violemment à la Russie que vient de le faire le vice-président des Etats-Unis.
Politiques intérieure et étrangère, tout y est passé dans le réquisitoire qu’a prononcé Dick Cheney, la semaine dernière, devant neuf présidents de pays issus de l’ex-bloc soviétique et en délicatesse avec le Kremlin.
La Russie a un « choix à faire », a-t-il tonné à Vilnius, en s’indignant qu’elle ait « restreint les droits de sa population dans de nombreux domaines », « utilise le gaz et le pétrole comme instrument de manipulation et de chantage », et mène « des actions portant atteinte à l’intégrité territoriale de pays voisins ou y entravant des changements démocratiques ».
Tout cela est vrai. Il n’y avait rien d’exagéré dans ce tableau de la Russie de Poutine, puisque les libertés ne cessent d’y régresser et qu’elle se sert de ses ressources énergétiques et attise des tensions ethniques afin de tenter de mettre au pas son « étranger proche », des pays comme l’Ukraine et la Géorgie, qu’elle ne se résout pas à considérer comme indépendants.
Le problème est qu’il ne suffit pas , en diplomatie, d’énumérer les faits. Il faut aussi les comprendre et savoir quelles conséquences en tirer.
Si les Russes ont porté Vladimir Poutine au pouvoir, c’est que l’Amérique et l’Europe ont applaudi les privatisations entre amis de Boris Eltsine, sacré triomphes de la démocratie et de l’économie de marché ses vols organisés, ses palinodies* avinées et sa sujétion diplomatique envers Washington.
Si la Russie continue de s’accommoder de la dictature policière qu’installe ce président de l’ancien KGB, c’est que l’Occident l’a dégoûtée des valeurs qu’il prône et que les Etats-Unis ont voulu profiter de son affaiblissement pour la repousser de ses aires d’influence historiques et l’y remplacer, en Europe comme en Asie.
Là-dessus, la Maison-Blanche s’est embourbée en Irak, les cours des matières premières se sont envolés et, forte de ses réserves de gaz et de pétrole, la Russie repart à l’assaut de ses marchés.
La brutalité dont elle use n’a rien de sympathique. Elle est, au contraire, parfaitement inquiétante et, souvent odieuse, mais l’arroseur arrosé n’est pas fondé à se plaindre.
La Russie rend à l’Amérique la monnaie de sa pièce, agit en puissance, défend ses intérêts nationaux, et il n’y a rien là dont l’équipe Bush puisse s’étonner.
Plutôt que de vitupirer vainement Vladimir Poutine alors qu’elle a besoin de la Russie face à l’Iran et ne peut pas grand-chose contre son retour, la Maison Blanche ferait mieux de chercher à trouver avec elle un modus vivendi et des règles communes- de comprendre, une fois pour toutes, qu’elle ne gouvernera pas seule un monde dont elle ne maîtrise pas tous les rapports de force.
Ainsi l’Express regrette les privatisations, justifie le droit des peuples à leur souveraineté : le socialisme est en marche !
* palinodie : renversement complet d’attitude ou de politique
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