Et maintenant quelle politique économique ?
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Vers quelle gauche le Pérou a-t-il basculé à gauche le 5 juin, quand M. Ollanta Humala a remporté le scrutin présidentiel péruvien avec 51,6 % des votes, contre 48,4 % pour Mme Keiko Fujimori ?
Celui qui présente son soutien passé à Chavez comme une erreur et veut bâtir aujourd’hui un "capitalisme à visage humain” (augmentation du salaire minimum de 200 à 280 dollars mensuels, réforme des retraites pour des pensions plus justes, politique de grands travaux de l’Etat : construction de routes, de ports et de logements, redistribution de l’aide sociale...) voit sa victoire saluée avec lucidité par le PC péruvien qui déclare que si "une nouvelle étape commence pour le Pérou", l’engagement de l’organisation communiste aux côtés du nouveau président est pour que les "promesses deviennent réalité" (voir déclaration en document joint à l’article).
Quels seront les grands choix économiques et l’attitude du gouvernement face au grand patronat et aux investisseurs internationaux dans un pays dont Le Monde Diplomatique se demande s’il n’est pas en train de passer
d’une arrière cour américaine à à une arrière cour chinoise ?
La nouvelle a provoqué la plus forte chute de la Bourse de Lima depuis sa création (12,51 %) : lors du précédent scrutin, en 2006, M. Humala n’avait-il pas affiché sa proximité avec le président vénézuélien, M. Hugo Chávez ? « Une erreur », n’a-t-il pourtant eu de cesse de répéter au cours de la campagne 2011, préférant se réclamer de l’ancien président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, mieux vu des marchés financiers.
Après avoir assuré qu’un second tour entre Mme Fujimori et M. Humala imposait aux Péruviens de choisir « entre le cancer et le sida », l’intellectuel libéral Mario Vargas Llosa – prix Nobel de littérature 2011 – a apporté son soutien au candidat de gauche, suivi par une partie de la bourgeoisie. C’est que Mme Fujimori n’est autre que la fille de l’ancien président Alberto Fujimori. Au pouvoir entre 1990 et 2000, celui-ci purge actuellement une peine de vingt-cinq ans de prison pour corruption et violations des droits humains. Voter pour une candidate dont l’un des objectifs était de réhabiliter son père « reviendrait à légitimer la pire dictature dont nous ayons souffert au cours de notre longue histoire républicaine », a justifié M. Vargas Llosa.
L’une des propositions les plus populaires de M. Humala consiste à accroître l’impôt sur la rente minière, gonflée par la hausse des cours : si l’économie péruvienne a cru de 8,3 % en 2010 et la pauvreté chuté de 54 % à 35 % en dix ans, les inégalités demeurent criantes. Directement concernées, les entreprises chinoises qui, comme le montre ce reportage, ont depuis quelques années propulsé les produits miniers au premier rang des exportations du pays.
« Il n’y a pas si longtemps, la Chine était encore considérée par nombre de travailleurs comme faisant partie du camp socialiste, rappelle M. Juan Carlos Vargas, président du PLADES, une organisation non gouvernementale (ONG) d’appui au mouvement syndical, et la reprise de Hierro Peru par une entreprise chinoise avait provoqué chez les mineurs de grandes espérances. » Aujourd’hui, de part et d’autre des rues envahies par le sable, des logements aux couleurs passées tombent peu à peu en ruine. Beaucoup sont vides, certains murés, donnant de San Juan Marcona l’image d’un rêve évanoui.
Longtemps simple hameau de pêcheur, perdu entre désert et océan à quelque cinq cents kilomètres au sud de Lima, San Juan Marcona devient un campement minier en 1953, avec l’arrivée d’une compagnie nord-américaine venue exploiter les gisements de fer de la région. Nationalisée en 1975 par le gouvernement du général Juan Velasco Alvarado, la Marcona Mining Compagny est alors rebaptisée Hierro Peru [1].
Au début des années 1990, l’élection de M. Alberto Fujimori ouvre, comme ailleurs en Amérique latine, une ère de privatisations massives. El Chino (« le Chinois »), comme on surnomme le nouveau président, met alors l’accent sur le resserrement des relations économiques avec l’Asie. Le Japon, bien sûr, dont sa famille est originaire, mais aussi la Chine. Entre 1991 et 1995, il se rend quatre fois à Pékin et, en 1994, les deux pays signent une convention sur la promotion et la protection réciproque des investissements. Comparées aux multinationales occidentales, les entreprises chinoises ne bénéficient que très marginalement du processus de cette « ouverture ». Le rachat, en 1992, de Hierro Peru par Shougang Corporation constitua de loin la plus importante opération réalisée dans ce cadre par les Chinois.
Conduite sous la houlette du ministre du commerce, M. Victor Joy Way – lui-même d’origine chinoise et actuellement emprisonné pour son implication dans plusieurs affaires de corruption –, la privatisation de Hierro Peru au profit de Shougang se révélera, mais un peu tard, « bourrée d’irrégularités et répondant à des intérêts privés n’ayant rien à voir avec ceux de l’état » [2]. Au point de faire l’objet, en 2001, d’une enquête de la commission des délits économiques et financiers du Congrès péruvien. Elle apparaît pourtant au premier abord comme une bonne affaire pour le Pérou, les Chinois s’engageant à investir 270 millions de dollars pour moderniser l’entreprise.
« Nous n’avons pas tardé à déchanter », explique M. Julio Ortiz, secrétaire du syndicat des mineurs de Marcona. Certes, à la différence de ce qui se passe dans nombre de pays africains, les Péruviens ne voient pas débarquer d’importants contingents de travailleurs chinois venus occuper des emplois convoités par les « nationaux ». Si elle embauche, la Shougang n’en respecte pas pour autant tous ses engagements : « Une infime partie des investissements promis ont été effectivement réalisés, observe M. Ortiz, et nous avons continué à travailler sur des équipements obsolètes datant parfois de l’époque des Américains. Des conditions de travail désastreuses sont à l’origine d’un nombre anormalement élevé de graves accidents du travail. »
Pas moins que les sociétés occidentales, la compagnie fait systématiquement appel aux sociétés prestataires de main-d’œuvre, qui emploient souvent d’anciens mineurs licenciés par Shougang. Sur les quelque deux mille travailleurs, moins de la moitié sont directement salariés par l’entreprise. Enfin, dans les rapports de la direction avec le syndicat, autrefois à la tête d’un véritable bastion, « c’est un bras de fer permanent ! Chaque révision des accords salariaux ou de la convention collective débouche sur une grève – plus d’une par an, en moyenne, au cours de la dernière décennie – et, malgré tout, nos salaires restent inférieurs à ceux des autres entreprises minières ».
Les relations avec la municipalité ne sont pas meilleures. « Les vagues de licenciements successives ont constitué une hémorragie et la ville a perdu près de la moitié de sa population, le parc de logements appartenant à l’entreprise n’a jamais été rénové, les rejets polluants affectent gravement l’environnement marin et les conditions de vie des pêcheurs, énumère M. Rodolfo Purizaca, adjoint au maire. Marcona est devenu une enclave chinoise ! », conclut-il. Aux quatre coins de la ville comme aux alentours de celle-ci, des panneaux « Concession Shougang Hierro Peru » – marquent le territoire.
Contrevenant aux termes de l’accord de privatisation, la société refuse de rétrocéder à la municipalité la gestion de l’eau : ses cadres – chinois pour la plupart – sont approvisionnés vingt-quatre heures sur vingt-quatre, mais le reste de la population n’a accès au précieux liquide que quelques heures par jour. Shougang Generation Electrica, l’une des nombreuses filiales du groupe, alimente d’abord les installations de l’entreprise puis, accessoirement, la ville. Les navires d’Agnav, une autre filiale du groupe, abordent au môle privé de la compagnie et assurent le transport du minerai vers la Chine et les usines sidérurgiques de la Shougang Corporation.
« Les Chinois s’opposent à tout ce qui pourrait remettre en cause leur hégémonie sur le territoire de la commune, affirme M. Puricaza. Qu’il s’agisse de la construction d’un important terminal portuaire, de l’implantation d’une entreprise pétrochimique ou de projets d’aménagement urbain. » Ainsi, en septembre dernier, la compagnie mettait-elle son veto au démarrage des travaux de construction d’un nouveau quartier dont l’emplacement recoupait une concession minière jamais exploitée. Le maire et ses administrés se retrouvaient alors face aux vigiles de l’entreprise épaulés par une centaine de policiers : la situation dégénérait en affrontements violents. « Le projet avait pourtant été approuvé par décret d’Etat », souligne M. Puricaza.
Directeur de l’édition péruvienne du magazine China Today, M. Meng Kexin est plus accessible que les dirigeants des entreprises chinoises (lesquels n’ont pas souhaité répondre à nos questions). Quand on évoque le comportement de la compagnie devant lui, il ne nie pas, il tempère : « Il n’y a pas si longtemps que les entreprises chinoises s’ouvrent sur le monde, elles apprennent peu à peu. »Et concède toutefois : « Shougang, ce serait un peu la vieille école, et Chinalco la nouvelle génération… »
En 2001, la Chine a intégré l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et annoncé son intention de promouvoir une nouvelle expansion de ses investissements au-delà des frontières nationales. Au Pérou, cela se traduit par ce que les économistes Cynthia Sanborn et Victor Torres [3] qualifient de « seconde vague d’investissements chinois » – la première correspondant notamment au rachat de Hierro Peru par Shougang, dans la première moitié des années 1990.
En quelques années, le volume des échanges commerciaux entre les deux pays s’envole pour passer de 231 millions de dollars en 1993 à 7,8 milliards en 2008 – avec un solde positif pour le Pérou, qui exporte vers la Chine près de trois fois plus qu’il n’importe. Or, si ces montants ne pèsent guère à l’échelle de l’économie chinoise – le Pérou représente 0,4 % de ses importations et 0,1 % de ses exportations –, il n’en est pas de même pour Lima. L’empire du Milieu s’est aujourd’hui hissé au rang de deuxième partenaire commercial du pays, après les Etats-Unis.
En 2008, la Chine représente 15 % des échanges commerciaux du pays : elle importe 50 % des produits de la pêche et 41,9 % des produits de l’exploitation forestière péruvienne. Mais le secteur minier continue de se tailler la part du lion. Pour alimenter une croissance à deux chiffres – et bien qu’elle fasse partie des principaux producteurs mondiaux de ressources minérales –, la Chine doit en effet s’assurer l’accès à de nouvelles sources d’approvisionnement. Résultat : 99,9 % des investissements directs étrangers (IDE) de la Chine au Pérou se concentrent dans le secteur minier.
La stratégie de ses entreprises n’est toujours pas celle de la spéculation, au contraire. « Les investissements des entreprises chinoises obéissent à une stratégie à long terme pilotée depuis Pékin, analyse José de Echave, directeur de l’ONG CooperAcción. En retour, le gouvernement et les banques chinoises soutiennent leurs entreprises, leur permettant de s’engager dans des projets lourds sans être soumises à la pression d’actionnaires privés soucieux de rentabilité immédiate. »
Le projet d’exploitation des gisements de cuivre du mont Torromocho par la multinationale chinoise Chinalco est à cet égard emblématique. La Chinese Aluminium Corporation (société d’aluminium chinoise, Chinalco) est une entreprise d’Etat. Deuxième producteur mondial d’aluminium, le groupe investit dans une douzaine de pays, possède 9 % des actions de l’anglo-australienne Rio Tinto – la troisième plus importante compagnie minière du globe –, se veut un fleuron de l’industrie chinoise et a été plusieurs fois distinguée pour son comportement responsable en matière de gestion environnementale et sociale. En 2007, Chinalco est devenu propriétaire des concessions du site de Toromocho, dans le département de Junin, en rachetant la société minière canadienne Peru Copper. Les réserves de cuivre du mont Toromocho (4 600 mètres d’altitude) sont connues de longue date et estimées à quelque deux milliards de tonnes. Elles n’ont pourtant jamais été exploitées en raison, d’une part, de la faible teneur en cuivre du minerai et, d’autre part, du coût et de la difficulté à mettre en œuvre un projet qui exige le déplacement des cinq mille habitants de la petite ville de Morococha.
Sols rongés, noircis par les émanations acides, atmosphère, lacs et cours d’eau contaminés… Située dans une région de longue tradition minière [4], la commune de Morococha en porte les stigmates. Les concessions des différentes compagnies couvrent 97,7 % du territoire de la municipalité. Mais « nous vivons de la mine, reconnaît le maire, M. Martial Salomé Ponce, et lors de la consultation préliminaire sur le projet Chinalco, nous avons accepté le principe d’un transfert de la ville ». D’autant que les Chinois promettent l’attribution de nombreux emplois aux « locaux » et annoncent la construction d’une agglomération équipée de tous les services – eau, écoles, hôpital. Coût prévu de l’opération : environ 50 millions de dollars, une bagatelle en comparaison des 2,2 milliards que Chinalco envisage d’investir dans ce projet.
Mais les relations entre la compagnie et les habitants se détériorent rapidement. Les maisons modèles exposées par Chinalco sont jugées trop petites et les indemnisations insuffisantes ; les premiers emplois créés sont attribués à des travailleurs venus d’autres provinces, parfois du Chili ; l’emplacement choisi pour la construction de la nouvelle ville – une zone inondable située en aval du barrage où seront stockés les déchets de l’exploitation minière – n’a pas convaincu…
Face à la fronde des habitants, les cadres chinois de l’entreprise jouent les abonnés absents : « Aucun n’est venu discuter face à face avec la population, et je ne les ai moi-même jamais rencontrés », se plaint le maire. Au dialogue, Chinalco préfère parfois d’autres méthodes : « J’ai reçu des menaces de mort sur mon portable », affirme Mme Doña Marta Curacachi, présidente de l’Association des femmes de Morococha.
S’ils insistent pour avoir leur mot à dire, les habitants de Morococha ne songent cependant pas à remettre en cause le projet lui-même. Il n’en va pas de même à Huancabamba, dans le département de Piura, dans le nord du pays, où le groupe minier Zijin a racheté la compagnie britannique Monterrico Metals et projette l’exploitation à ciel ouvert des gisements de cuivre de Rio Blanco.
Dans cette région, frontalière de l’Equateur et qu’on appelle les Andes vertes, l’opposition d’une population majoritairement rurale à l’industrie minière est bien antérieure à l’arrivée des Chinois. « Le Rio Marañon, l’un des principaux affluents de l’Amazone, et d’autres cours d’eau, qui irriguent le département de Piura, prennent leur source dans nos montagnes, explique M. Benito Guarniza, président de la communauté rurale de Segunda y Cajas. Celles-ci recèlent une extraordinaire biodiversité mais ce sont des écosystèmes fragiles, continue-t-il. Les dommages causés par l’exploitation minière à grande échelle seraient considérables, notre mode de vie et les fondements de notre culture en seraient affectés. »
C’est ainsi qu’en 2003, quand le gouvernement péruvien concède à Monterrico Metals les gisements de Rio Blanco, les communautés rurales de Huancabamba, Ayacaba et El Carmen de la Frontera protestent, alléguant que ces terres leur appartiennent et que les habitants n’ont pas été consultés. Soutenu par diverses ONG péruviennes et internationales, le mouvement prend de l’ampleur et, en dépit d’une répression brutale, se structure sous la bannière d’un Front pour le développement durable de la frontière nord du Pérou (FDSFNP). Paradoxalement, c’est cette situation conflictuelle qui, en 2007, permet au consortium chinois, seul à répondre à l’appel d’offres, d’acquérir Monterrico Metals à un prix très inférieur à sa valeur estimée.
A Huancabamba, la nouvelle est accueillie avec inquiétude. D’autant que Zijin arrive précédé d’une réputation exécrable : dans la province de Guizhou, les digues d’un de ses barrages de stockage de déchets ont rompu, libérant deux cent mille mètres cubes de boue ; dans le Yunnan, des affrontements violents se sont produits avec des paysans qui résistaient à l’expropriation et, en Chine – pourtant peu connue pour sa sévérité sur la question –, l’entreprise a déjà été condamnée.
Le 16 septembre 2007, les opposants au projet organisent un référendum populaire dans les communautés rurales de Huancabamba et d’Ayabaca. Avec 97,7 % d’opposition à la mise en œuvre du projet minier, le résultat est sans appel. Mais la Chine absorbe aujourd’hui le tiers de la production mondiale des métaux de base et, depuis quelques années, cette boulimie contribue à faire monter en flèche les cours des produits miniers, dopant l’économie péruvienne dont le sous-sol regorge de ressources minérales. Une manne dont ni les élites financières ni le gouvernement ne songent à se priver.
Au contraire ! Par l’intermédiaire d’une de ses filiales – Agropecuaria Las Huaringas SA –, le groupe Romero, le plus puissant des groupes financiers péruviens, est devenu actionnaire du consortium emmené par Zijin et s’implique activement sur le terrain, finançant une radio et une fondation favorables au projet minier. Quant au président Alan García, en mars 2008, à l’occasion d’un voyage officiel en Chine, il a rencontré les dirigeants de Zijin et les a assurés de son soutien au projet Rio Blanco [5].
Doit-on y voir une manifestation de ce soutien ? Le 2 décembre 2009, la police ouvre le feu sur les paysans de Segunda y Cajas, faisant deux morts et plusieurs blessés. « En 2005, lors d’une marche pacifique, vingt-neuf personnes avaient été détenues et torturées pendant trois jours dans le campement minier de Monterrico Metals et, quelques mois plus tard, un leader communautaire avait été assassiné, rappelle José de Echave. A l’époque, poursuit-il, ces faits avaient trouvé un écho dans le pays d’origine de l’entreprise, l’organisation Les amis de la Terre avait interpellé publiquement les principaux actionnaires de l’entreprise, notamment Lehman Brothers, et fait appel à un cabinet d’avocats britannique qui avait saisi la justice, obtenant le gel d’une partie des avoirs bancaires de Monterrico Metals. Il est devenu beaucoup plus difficile aujourd’hui d’envisager un recours devant les tribunaux chinois. Et pour ce qui est de trouver des relais au sein de la société civile de ce pays… »
A Huancabamba cependant, communautés paysannes et écologistes ne désarment pas. En octobre dernier, M. Ramiro Ibañez a été élu maire de la ville à l’issue d’une campagne axée autour du mot d’ordre : « Oui à l’agriculture, non à la mine ! » Il n’est pas seul : lors des récentes élections régionales et municipales, les départements de Piura et Cajamarca [6] se sont dotés de dirigeants connus pour leur position critique à l’égard du « tout minier », tandis qu’à San Juan Marcona et Morococha les maires sortants ont été réélus. Ces derniers, tout comme M. Ibañez, affirment que d’autres candidats, plus favorables aux compagnies minières, ont bénéficié des largesses des Chinois. Mais il semble bien que ces ingérences soient d’abord le fait de leurs alliés locaux. Plutôt que de s’impliquer directement, les Chinois préfèrent déléguer au gouvernement péruvien le soin de gérer les problèmes soulevés par leur présence.
Les propos de M. Salomon Lerner, président-directeur général d’une entreprise de transport aérien, vont dans le même sens : « Nous sommes très conscients que les Chinois ne respectent pas les règles commerciales et pratiquent le dumping, estime-t-il. Mais, à la différence des Etats-Unis qui veulent imposer leur système – de valeurs et de libre marché –, les Chinois ne font pas de prosélytisme, n’ont pas de visée hégémonique, ils s’adaptent. » « Sans états d’âme, ajoute M. Javier Diez Canseco, dirigeant du Parti socialiste, et là où ils trouvent un gouvernement faible, qui les laisse faire, ils en profitent… » Quant à M. Meng Kexin, il se contente de déclarer : « Nous avons opté pour l’économie marché, nous faisons du commerce, pas de la politique. »
Par Philippe Revelli dans Le Monde diplomatique de juin 2011
Transmis par Linsay.
[1] Bastion du mouvement ouvrier péruvien, elle continue d’honorer Saul Cantoral, leader syndicaliste assassiné en 1989, dont le portrait trône au siège du syndicat des mineurs.
[2] Jorge Manco Zaconetti, « Hierro Peru, una privatizacion anormal del estado peruano al estado chino », Revista de la Facultad de Ciencias economicas de la Universidad nacional mayor de San Marcos, n° 22, Lima, juillet 2003.
[3] Cynthia Sanborn et Victor Torres, « La economía china y las industrias extractivas : desafíos para el Perú », CooperAcción / Universidad el Pacifico, Lima, octobre 2009.
[4] A une vingtaine de kilomètres de Morococha, La Oroya a la triste réputation d’être la ville la plus polluée du monde.
[5] Cynthia Sanborn, op. cit.
[6] Dans ce département, les conflits entre paysans et compagnie minière sont nombreux et anciens – lire « Révolte globale contre un géant minier », Le Monde diplomatique, octobre 2010 –, et l’arrivée annoncée de la multinationale chinoise Minmetal Corp. ne devrait pas arranger les choses.
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