Pierre Moscovici : qu’est-ce qu’il fait second celui là ?.
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Celui qui vient de s’illustrer par sa bourde télévisuelle (ne cherchez pas sur le Net il a tout fait supprimer !!) en déclarant Tout sauf Hollande, s’était fait connaître par le passé pour d’autres faits d’armes bien moins risibles pour la population.
Partisan acharné du OUI à la constitution européenne, le NON du peuple au référendum de 2005 ne l’a pas fait changer d’avis ni même amené à prendre en compte les questions et critiques sur cette Union.
Il continue à la vanter dans des termes souvent hallucinants et faux : « plus grande union et bientôt plus grand pays de la planète... » (il a juste oublié la Chine, l’Inde et maintenant la Celac !), « plus ancienne démocratie » (Ah bon !) « modèle d’intégration » (bonjour le modèle !). Il vante les institutions antidémocratiques de l’UE, cette UE qui a sauvé les peuples « martyrisés par le communisme » (sic !) .Ecouter son interview
Petit coup de projecteur sur des choix d’hommes qui n’ont rien à voir avec des choix collectifs au service d’un projet commun mais relèvent des combinaisons et des manoeuvres individuelles pour l’accès au pouvoir...
C’est ce que se demandent les fidèles de Hollande, qui ont vu débarquer dans la campagne cet éternel numéro 2, orphelin de DSK et de Jospin.
« Je n’ai jamais autant travaillé ! » lâche Pierre Moscovici, 54 ans, le directeur de campagne de Hollande, ce samedi 10 mars au matin, de retour de Pologne, où il a accompagné son candidat, avant de s’envoler vers Biarritz pour le week-end...
Il faut dire que l’ex-plus jeune ministre de Jospin, devenu chef d’orchestre de la campagne de Hollande en échange de son ralliement dès juin, traîne aux pans de ses costars sur mesure une réputation de dilettante.
En raison de ses allures de dandy célibataire parisien, sans permis et pourtant élu, à Montbéliard (Doubs), fief ouvrier de Peugeot !.
« Je travaille autant qu’un autre, mais je trouve plus élégant de ne pas le montrer », corrige-t-il de sa voix grave et sourde, lui, l’ancien chouchou de Jospin, qui en avait fait son ministre des Affaires européennes cinq ans durant (un record !) et à ce titre le coartisan du très décrié traité de Nice, négocié en 2000 sous présidence française.
En réalité, cela fait des années que l’apparatchik « Mosco » (déjà secrétaire national du congrès de Rennes en 1990 !) cherche à s’émanciper de ses « pères » en politique, Strauss-Kahn et Jospin.
Après le départ de ce dernier pour le FMI, en 2007, Mosco le techno souhaite rouler pour lui et menace de se présenter comme premier secrétaire au congrès de Reims de 2008, puis en 2011 à la primaire comme candidat à la présidentielle.
Sur l’air de « Retenez-moi, ou je fais un malheur ! ».
"Mosco a une fâcheuse tendance à jouer le mercato, à faire monter les enchères à chaque fois, pour se rallier au plus offrant, résume un des derniers Mohicans stauss-kahniens du Parlement.
Mais il n’a finalement jamais compté ses troupes au sein du PS... en digne héritier de DSK, qui ne s’y est pas risqué non plus !".
Mosco, lui, chiffre non sans réticence le poids supposé de son sous-courant Besoin de gauche (regroupant une partie des strauss-kahniens) à « 10 à 15% dans le parti ».
Optimiste !.
Marisol Touraine, une des rares proches de Mosco, dénombre, elle, une centaine d’élus « de terrain »...
« J’ai estimé que Hollande était prêt », dit-il lui-même pour justifier son ralliement.
Mais pourquoi donc Hollande avait-il de son côté, un besoin de Moscovici ?.
« Il fallait montrer qu’on rassemblait, au-delà des hollandistes historiques », explique Michel Sapin.
Et tant pis pour les grincements de dents, vite ravalés, de Stéphane Le Foll, le plus proche collaborateur de Hollande, promis au poste de directeur de campagne.
« Beaucoup de gens sous-estiment également l’ancienneté des relations entre Moscovici et François », ajoute l’ex-ministre de Sarko Jean-Pierre Jouyet, intime de Hollande depuis leur service militaire.
Répéré par son prof Strauss-Kahn dès ses années à Sciences-Po, Mosco, invité à l’anniversaire des 37 ans de DSK, y rencontre Jospin.
Lequel admire son père, le célèbre psychologue social Serge Moscovici, et l’embauche dès 1986 comme « secrétaire des groupes d’experts du PS », avant d’en faire son intello de service et sa plume pour les motions des congrès.
Mosco croise alors Hollande au parti, où ce dernier est délégué national à la communication.
Jouyet précise même que c’est Mosco, son cadet de trois ans, qui convainc le « transcourants » Hollande de voter Jospin au congrès de Rennes en 1990 !.
Réciproquement, Hollande a choisi Mosco en remplacement de Jouyet pour continuer d’assurer en tandem un cours d’éco très suivi à Sciences-Po.
De cet enseignement commun témoigne un bouquin paru en 1991, « L’heure des choix », qui critiquait « la politique du franc fort » de Bérégovoy « profitant à Francfort » !.
Hollande a, paraît-il, bataillé pour que son nom soit au-dessus de celui de Mosco...
« Pierre, qui s’en défend publiquement, ne garde pas un si bon souvenir de leur collaboration », assure un ex-sénateur PS.
Moscovici, qui a parfois eu des mots amers sur Hollande, préfère aujourd’hui assséner :
"Cela fait vingt-cinq ans que nous votons les mêmes motions.
Lorsque j’ai été battu aux législatives à Montbéliard en 2002, et que je me suis retrouvé sans rien après avoir été cinq ans ministre, prêt à prendre ma retraite politique à 44 ans, je n’oublie pas que Hollande m’a tendu la main et redonné un poste de secrétaire national".
Mosco voue, en revanche, une cordiale détestaion à Fabius, auquel le lie pourtant une ressemblance certaine qui a parfois fait sursauter Jospin !.
Or, aujourd’hui, Mosco se retrouve en rivalité ouverte avec Fafa pour le Quai d’Orsay s’il n’obtient pas Matignon ou, à défaut, Bercy (qu’il guignait déjà sous Jospin).
Souvent décrit comme « suffisant » et « imbu de sa personne », Moscovici est néanmoins capable d’humour, nuance le hollandiste François Rebsamen :
"Quand, en 2001, j’ai été élu maire de Dijon et lui, battu aux municipales à Montbéliard, il m’a écrit un petit mot :
« Merci de me dire comment tu as fait pour gagner ».
"Je lui ai répondu :
« Il faut dire bonjour et serrer les mains des gens que tu croises ! ».
En 2008, lorqu’il a finalement été élu président de la communauté d’agglo de Montbéliard, il m’a renvoyé un mot :
« J’ai retenu ta leçon ».
Est-ce alors son expérience de directeur adjoint de la campagne de Jospin qui a fait la différence ?.
Pas forcément.
Le directeur de campagne de l’époque, Jean Galvany, l’avait traité après coup dans la presse de « déloyal », « menteur » et de « fourbe » !.
Et un responsable actuel de la campagne juge aujourd’hui que Manuel Valls, le dircom, a su s’imposer sur le terrain comme véritable « directeur bis de la campagne »...
"Hollande est l’un des rares socialistes qui aient participé, comme petite main puis dirigeant, aux cinq campagnes présidentielles de 1981 à 2007, explique, admiratif, un secrétaire national PS.
En vertu de cette longue expérience, il est en fait son propre directeur de campagne !".
Et Mosco a « l’élégance de ne pas le montrer ».
Par David Fontaine dans Le Canard enchaîné du 14/03/2012
Transmis par Linsay
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