Accords de paix et liberté de conscience.
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« Le capitalisme ne veut pas de la paix, il a besoin de la guerre pour continuer à exister » disait un délégué de Colombie au congrès de la FSM. L’article ci-dessous en est une illustration. Dans ce pays qui détient le triste record mondial de syndicalistes assassinés, il ne fait pas bon s’opposer au pouvoir. Selon un rapport de l’ONU [1] 60% des assassinats de syndicalistes dans le monde ont lieu en Colombie. Ces dernières années 3000 syndicalistes colombiens ont été assassinés et 6000 ont disparu.
C’est aussi dans ce pays que le dirigeant syndical Huber Ballesteros (en médaillon) a été arrêté en 2013 pour « financement d’activités terroristes » et y est détenu depuis sans jugement.
Pourtant les colombiens résistent comme le raconte l’ami Alain.
Lundi 3 octobre 2016, l’ambiance est tendue au sein de la mairie de SAN VICENTE DE CAGUAN seconde ville du département de Caquetà et de l’Amazonie Colombienne. Le maire Humberto Sánchez , membre du Centre Démocratique ( extrême droite Colombienne) a fait campagne pour le vote NO en compagnie de Ócar Yván Zuluaga un des leaders du parti.
Le 2 octobre , lors du référendum sur les accords de paix avec la Guérilla des FARCS, le SI est sorti vainqueur avec 62% dans cette ville de 68.000 habitants , qui se consacre à l’élevage et la production agricole. Directement et durement touchée par le conflit armé avec une présence de la guérilla des Farcs, des forces armées gouvernementales, des paramilitaires, la population a clairement exprimé son désir de paix.
Dès le lendemain le maire s’exprime, il accuse plusieurs employés municipaux de s’être prononcés publiquement pour le SI. Il demande, à ceux qui ne sont pas en accord avec la ligne politique du “ JEFE MAXIMO “ de démissionner. Il annonce qu’il composera son administration de fonctionnaires en accord avec sa ligne.
Quelques jours après, Lizeth Paola Amézquita, bibliothécaire de la ville est licenciée.
En 2015, elle est reconnue comme une des meilleures bibliothécaires du pays. La bibliothèque “ Clara Inés Campos Perdomo”, qu’elle a sortie des ruines en 2012, obtient du Ministère de la Culture le Prix National des Bibliothèques Publiques “Daniel Samper Ortega” et l’attribution de 4500 ouvrages et 50 millions de pesos pour la renforcer.
Lizeth, partisane du vote SI, paie le Prix de sa liberté de conscience et son attachement à la paix.
Sur place la résistance s’organise, Lizeth reçoit de nombreux témoignages de solidarité, plusieurs médias commentent ce fait politique. La lutte juridique ne fait que commencer, le Procureur Général de la nation est saisi.
Alain Huertas
RESTREPO Valle del Cauca Colombie
Le 26 octobre 2016.
[1] cité par l’AFP du 22 mai 2015
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