Y a-t-il une alternative ?
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Quelques avertissements pour le lecteur pour mieux comprendre les raisons qui m’ont
conduit à écrire cet article.
J’ai été membre et militant du PCF pendant 18 ans. J’y ai cru. L’idée d’une possible société faite de solidarité, pour moi qui était un ouvrier dans les années 70/80, donnait sens à ma vie. Sans cet engagement, celle-ci aurait probablement été vouée à la désespérance d’une vie en marge de toute reconnaissance sociale et culturelle. Le PCF m’a offert cela et toute ma vie je lui en serai reconnaissant. Toute ma vie de militant a été un bouillonnement politique et culturel qui m’aidait à porter un regard passionné et critique sur le monde. Cet engagement m’a également fortement responsabilisé.
Ceci étant, le déclin de ce parti et surtout sa manière de l’analyser et d’y faire face me désespèrent. Depuis plus de dix ans, je suis en marge de toute action politique parce qu’en désaccord sur ces points. J’en éprouve une grande souffrance. Aucun autre parti n’emporte mon adhésion, c’est le vide.
Je décide donc d’intervenir à ma manière en écrivant avec mes moyens, mes idées, mes expériences et mes convictions. Mon intention n’est pas de faire adhérer à mon point de vue, sur lequel je n’ai d’ailleurs que très peu de certitudes, mais surtout de contribuer au débat sur l’alternative politique. Cette question me semble centrale aujourd’hui.
Je prends donc la décision de diffuser largement cet article à mes amis, mes connaissances qui eux mêmes décideront d’en faire ce qu’ils en voudront.
Bonne lecture
Capitalisme – Socialisme.
Ces deux modèles de société ont depuis le 19e siècle déterminé les enjeux de changement, alimenté les différentes idéologies et structuré le paysage politique que nous connaissons encore de nos jours. Avec une spécificité française qui a, certainement pour des raisons historiques et culturelles, poussé les oppositions jusqu’à l’antagonisme. La lutte des classes « version française » s’est vite transformée en opposition systématique avec parfois un amalgame entre classes et couches socioprofessionnelles qui a conduit à des impasses.
Le capitalisme est avant tout déterminé par la propriété privée des moyens de production et donc du capital selon Marx. Par opposition, le socialisme c’est la propriété collective des moyens de production. Le modèle soviétique, entre autres, a interprété cela par l’étatisation, la planification…, ce qui n’était rien d’autre qu’un capitalisme d’état. Est-ce que l’effondrement de ce système s’est réalisé sous les coups de boutoirs de la grande bourgeoisie internationale ? Pas du tout, il s’est effondré de lui même par son incapacité à répondre aux aspirations et aux défis d’une société moderne porteuse de valeurs de solidarité, de liberté et de démocratie idéologiquement incarnée par « le Socialisme ».
Cet effondrement a produit un véritable traumatisme dans le courant dit "révolutionnaire". Plus de modèle, prise de conscience de la réalité de la société soviétique et des crimes staliniens. (Un bémol quand même, il est vrai qu’il reste encore chez un certain nombre de communistes un brin de nostalgie, le deuil du modèle est difficile à faire ). Bref, ce fut un véritable désastre identitaire du projet communiste qui depuis laisse le champ libre aux libéraux et aux réformistes. Je pense que cela a affecté toute la gauche et pas uniquement le PCF et a engendré une crise de tous les partis de gauche. Tout simplement parce que ce modèle était la référence même si certains s’en démarquaient.
Doit-on en déduire, au vu du désarroi des partis de gauche en matière d’alternative politique pour une autre société que le projet communiste est mort, que Marx est enterré à jamais ? Je me pose la question, mais sans certitude.
Aujourd’hui les partis de gauche se noient dans des slogans de justice sociale et de liberté qui ne suffisent pas à construire une véritable alternative, d’ailleurs ils sont même repris sans vergogne par la droite qui se renforce de l’absence de projet à gauche. Quant aux alter-mondialistes, leur discours manifeste plus d’un anti-libéralisme que d’une alternative au capitalisme d’une part et d’autre part, leur action déserte la sphère politique nationale accréditant l’idée que les choix des gouvernements nationaux ne déterminent plus le système.
N’y aurait-il pas d’autre alternative qu’une adaptation au capitalisme ? L’état peut-il à lui tout seul dompter la logique du capital qui s’internationalise ? La mise en place d’éléments supranationaux de régulation peuvent-ils suffire ?
D’ailleurs, autant le projet communiste avait centré son action sur la nation et plus particulièrement sur l’entreprise, là où se créent les richesses et se structurent les rapports sociaux, autant les objectifs des anti-libéraux sont essentiellement macro-économiques. Les processus en œuvre dans l’entreprise aujourd’hui sont absents de leur analyse et leur discours.
Pour moi, l’orientation adoptée par le PCF d’agir au cœur du processus de production reste d’une grande actualité. Par exemple : la privatisation d’EDF, aura t-elle lieu ? Cela tient-il à un choix politique ? C’est une grave erreur ; le processus de privatisation est en œuvre depuis la fin des années 1970. EDF a fait depuis l’objet de diverses réorganisations qui ont conduit à une séparation des activités et dans le même temps à réduire l’emprise des salariés sur l’entreprise. Les dernières en date, sous couvert d’une démarche qualité et la mise en œuvre d’une relation clients/fournisseurs, ont préparé les conditions de la privatisation au prix d’aberrations organisationnelles et de pertes d’efficacité. La décision politique ne viendra qu’entériner et légaliser un processus qui est pratiquement arrivé à son terme. De plus, la droite et le PS ont légitimé ces choix. Or l’absence de l’éclairage politique sur ces processus à l’œuvre dans l’entreprise n’a pas permis l’action des salariés contre ces réorganisations et s’est traduit par une délégation de pouvoir vers les politiques.
Cette société est verrouillée par le pouvoir économique. Le pouvoir politique sert les orientations libérales et régule les problèmes sociaux en fonction des rapports de forces. La conquête du pouvoir politique suffit-elle à ouvrir une véritable alternative ?
Ne faut-il pas y associer la conquête du pouvoir économique notamment par un développement de l’action des salariés dans l’entreprise et donc un développement de la démocratie économique ? Cela a pourtant été la démarche du PCF.
Je pense que les alternatives qui nous sont proposées aujourd’hui sont limitées à une adaptation du capitalisme. Alors je m’interroge, la pensée communiste centrée sur l’action au cœur du processus de production était-elle complètement erronée ? Je pense que non, par contre l’entreprise a changé et l’absence d’analyse de ces changements a conduit le PCF à une impuissance dans sa stratégie d’action.
Une crise de la représentation politique
Qu’est-ce qui s’offre à nous dans le paysage politique actuel pour répondre à cette orientation : bof, sauf erreur, pas grand chose. A droite n’en parlons pas, à gauche le PS glisse de plus en plus à droite, leur projet de changement n’est qu’un catalogue électoral de mesures qui s’appuient sur un financement d’état, donc sur l’impôt, on ne touche pas à l’entreprise, on finance grâce à une nouvelle répartition de l’impôt. Ce financement a des limites et on retourne assez vite à "la rigueur" avec les déceptions qui en découlent. Le processus est maintenant bien connu. A gauche de la gauche, l’extrême gauche parle d’une autre répartition des richesses et rien sur une alternative à l’entreprise capitaliste.
Tout cela, malgré un discours tonitruant contre le profit et les riches qui ne remet pas en question le cœur du processus de production et donc ne sert qu’une adaptation au capitalisme. Quant au PCF, il est pris à son propre piège des contingences électorales liées aux erreurs stratégiques d’union avec le PS. A t-il les moyens et la disponibilité d’une réflexion sur un nouveau projet de société ? C’est pourtant cela qui avait fait, fut un temps, les heures de gloire de l’identité communiste et qui avait donné du sens à mon action militante.
Pourtant on est en plein paradoxe, c’est au moment où le rejet des conséquences du capitalisme est le plus fort que le projet d’alternative est absent. Beaucoup de gens comme moi ressentent un vide qui d’ailleurs décrédibilise toute la classe politique . Comment, selon moi, en est-on arrivé là ?
Un petit retour nécessaire sur l’histoire politique de ces dernières décennies.
Après la deuxième guerre, le PCF est sorti renforcé de son action de 1936 à la résistance. Le programme du Conseil National de la Résistance qu’il a fortement influencé a introduit une véritable rupture dans les orientations économiques et sociales du pays. Le travail des ministres communistes est impressionnant et fait encore l’objet de luttes sociales pour en préserver l’esprit et les résultats. L’URSS est sortie également renforcée de cette guerre. Tout laissait à penser que le socialisme en France n’était qu’une question de temps, que le processus était inexorablement enclenché. J’y ai cru comme beaucoup de communistes.
Cette aura a masqué la faculté d’adaptation du capitalisme et les mutations sociales et sociétales qui s’opéraient déjà dans les années 1960 et qui s’exprimèrent notamment lors du mouvement de mai 68. C’était une première alerte, le PCF n’a pas vu venir le mouvement et surtout n’a pas perçu son ampleur qui dépassait celle d’une simple révolte sociale. Ce qui était en jeu c’est le rejet d’un mode de consommation d’une société productiviste, le bouleversement de certaines valeurs morales et l’émergence d’une nouvelle aspiration à la liberté (individuelle)… Le PC s’est retrouvé à la remorque de changements et de mouvements pour la plupart, issus de 68 : l’écologie, les mouvements féministes, l’avortement, le rejet du taylorisme dans l’entreprise..., sans parler de ses positions négatives sur l’Europe.
Beaucoup de communistes dogmatiques comme moi se sont dit : Marx s’est trompé, on a bien senti que quelque chose ne collait plus. Un énorme décalage s’est établit, on n’a rien vu venir, on perdait de plus en plus de crédibilité, la situation semblait sans issue. Du coup, la seule alternative pour ceux qui refusent la remise en question et qui pensaient que le rêve était trop beau pour être faux, c’était de coller au PS avec « un programme commun » qui était la dernière tentative d’un projet vers une société "socialiste". Dernier baroud d’honneur, à défaut de projet convainquant et fédérateur, il fallait obtenir le pouvoir pour prouver dans l’action, la pertinence du projet communiste. Le résultat on le connaît , on a contribué au renforcement du PS et au déclin de l’identité communiste.
Le déclin était là et nous poussait inexorablement vers la marginalisation. Les difficultés et les conflits internes ont achevé l’hémorragie de militants réduisant ainsi la capacité d’intervention du PCF. Il ne pouvait plus intégrer et théoriser les changements induits par la modernisation avec ses transformations du corps social, ses exigences en terme de qualification et de responsabilisation dans l’entreprise et son impact sur la société. Je me souviens que dans un document d’un congrès (dont je n’ai pu retrouver l’année exacte, mais qui s’est déroulé au milieu des années 1990) les questions du travail n’ont représenté qu’un texte de 10 lignes alors que celui-ci est aujourd’hui l’objet de drames humains. Pourtant dès le début des années 1990, des experts tiraient la sonnette d’alarme sur la dégradation des conditions de travail et l’apparition de suicides liés au travail.
Le PCF, dans le même temps, s’est laissé déborder sur sa gauche, notamment par des associations pilotées par le PS, sur toutes les questions qui touchent à la pauvreté, les banlieues, les restructurations… Sa participation aux différents gouvernements de gauche, sans pouvoir infléchir les politiques libérales qui ont été conduites, ont fini d’achever le peu de crédibilité et d’identité qui lui restait. Par sa politique d’union le PC s’est aliéné au PS et s’est laissé embarquer dans une nébuleuse de gauche qui a masqué les véritables enjeux du changement.
L’absence de projet nouveau offrant une véritable alternative pour une société modernisée nous a conduit à la remorque du PS et au désastre. Incapacité à s’adapter aux mutations de la société. Face à un déclin annoncé et un projet contesté sur une valeur essentielle, la liberté, Le PC a recherché une nouvelle identité et une légitimité politique dans une union désespérée avec le PS. Toutes ces politiques d’union ont été des solutions de rattrapage. Et ça continue, notamment avec l’extrême gauche, les comités populaires… Adieu l’identité communiste.
Pourtant, il y a une certaine lucidité du peuple qui a voté non (référendum sur la constitution européenne) malgré l’absence de représentativité politique. L’écart est grand entre les attentes politiques des gens et le PCF qui se prétendait parti d’avant garde. Je ne suis pas étonné de son score électoral. Il suffit de se poser la question suivante : à quoi sert le vote communiste aujourd’hui ? Il s’inscrit dans quel projet de société ?
Pourquoi le PCF a déserté le champ de l’entreprise ?
L’antagonisme de classe de ces dernières décennies a poussé à la diabolisation de l’entreprise au lieu de travailler à son appropriation par les salariés ce qui était perçu comme une compromission. On s’est inscrit dans la déresponsabilisation et les contradictions générées par le taylorisme et le salariat au lieu de les travailler. En guise de luttes de classes, on s’est comporté en simple opposition au capitalisme au lieu de construire une véritable alternative économique et sociale. Pourquoi ce qui a été fait avec EDF sous l’égide de Marcel Paul (forte implication des salariés dans les choix stratégiques et organisationnels), qui est un modèle de réussite économique et social, même si tout est remis en question depuis 1975, n’a pu être pensé pour les entreprises privées.
L’objectif des militants d’entreprise que nous étions, était plus d’atteindre le patron et de le mettre en difficulté dans la réalisation de la productivité et du profit au lieu de poser en d’autres termes ces questions pour servir l’intérêt économique et social. De ce fait, on a placé toutes les catégories de salariés face à un véritable dilemme insoluble. Il y avait deux camps, ceux qui étaient en charge d’obtenir cette productivité (cadres et maîtrises) et ceux qui devaient la subir (les opérationnels). On a été incapable de sortir de cette contradiction et de cette opposition qui nourrissait le fonctionnement taylorien de l’entreprise, alors que chaque catégorie souffrait de ces positionnements.
De ce fait, le monde du travail s’est trouvé confronté à de fortes contradictions voire à des dilemmes. (Par exemple : comment imaginer que tout progrès puisse se faire sans gain de productivité ? Autre exemple : pour faire reconnaître sa compétence il faut optimiser son travail mais dans le même temps, on prend le risque de se désolidariser de ses compagnons ce qui nous fragilise face au patron. C’est ce qui a conduit des syndicalistes à accepter (inconsciemment) d’être barré de toutes promotions. La productivité était une question tabou, n’y avait-il pas là sujet à théoriser pour dépasser ces dilemmes et rassembler). (Cela a généré de grandes frustrations et souffrances chez les salariés toutes catégories confondues et une énorme perte d’efficience pour l’entreprise). (On pourrait écrire un livre uniquement sur ce sujet, bon fermons la parenthèse, je continue…).
Tout s’est aggravé à partir des années 1970 avec la modernisation et les changements qu’elle a entraînés. Ces changements ont affecté les modèles économiques, les organisations, les structures socioprofessionnelles, les cultures professionnelles sans parler de leurs impacts sur les modes de vie en société.
Le manque de réflexion sur l’entreprise, les stratégies adoptées étaient en décalage avec la réalité de l’entreprise. Ce décalage s’est transformé en basculement avec la modernisation et à généré un vide dans la réflexion sur ces nouvelles réalités .
Par contre, de son côté, le patronat a développé ses propres réflexions sur les « mutations de l’entreprise » (voir le rapport RIBOUX …), sur les organisations du travail, la gestion des ressources humaines, l’implication et la responsabilisation des salariés…, il s’en est suivi des changements organisationnels, qui ont trop souvent entraîné un recul de l’emprise des salariés sur les processus de production et parallèlement un recul du pouvoir syndical. Celui-ci est resté sur des modèles stratégiques qui ne collaient plus aux exigences du moment.
Et ça continue…
Du coup, la plupart des négociations, même avec la gauche au pouvoir, portaient sur des concessions. Le monde du travail faute d’éclairage était sur la défensive signe d’un recul social annoncé. On a cru que la crise annonçait la fin du capitalisme et que la gauche au pouvoir allait résoudre les grands problèmes sociaux. On a eu tout faux, le capitalisme s’est adapté. On a sous-estimé sa capacité à innover et reporter la crise sur des nouveaux territoires.
On s’est arrêté à la crise. Mais quelle crise ?
Je me souviens d’un article de Georges Marchais en 1970 qui traitait de la crise du capitalisme comme la révélation de sa fin annoncée. En fait ce n’était pas le mode de production capitaliste en soi qui était en crise. La baisse de la productivité qui marquait la plupart des pays occidentaux, les restructurations d’entreprises, l’apparition d’un chômage structurel étaient plutôt le signe d’une mutation des processus de production induite par la modernisation. Ce qui était en crise, c’était le mode d’organisation du travail et le travail lui même. D’ailleurs, cette crise perdure de nos jours, la modernisation de nos entreprises n’a pas permis les gains de productivité espérés, la croissance est toujours en panne et dans le même temps les conditions de travail se sont fortement dégradés.
Alors que dans le passé, chaque étape d’évolution technique et technologique générait une nouvelle croissance (par exemple quand nous sommes passés de la mécanisation à l’automatisation), l’informatisation (communément appelé modernisation) entraîne un ralentissement de la croissance et une crise majeure. Pourquoi ? Peut-on analyser et comprendre cela uniquement avec une approche économique ? Peut-on appréhender et expliquer cette réalité uniquement par l’évolution des marchés ? Cette grille de lecture semble totalement insuffisante. Il faut de nouveaux outils d’investigation et surtout braquer les projecteurs sur l’entreprise, les processus d’exploitation et le travail lui même (j’y reviendrai plus loin).
Il n’échappe à personne aujourd’hui, que la croissance mondiale est réalisée essentiellement dans les pays émergents en cours d’industrialisation. Le capitalisme a surmonté (sans régler) cette crise en créant une nouvelle division du travail au niveau mondial. Il profite d’une part, des faibles coûts de production des pays émergents qui permettent un maintien du taux de profit moyen et d’autre part, il garde sous sa coupelle les activités de services dites à forte valeur ajoutée et d’un point de vue stratégique, toutes celles qui ont trait à l’innovation technologique. Mais déjà les pays émergents gagnent en compétences et nous concurrence sur notre propre terrain.
La crise n’est pas la mort du capitalisme
La crise ne signifiait pas la mort du capitalisme mais plutôt son incapacité à répondre
au développement de nos sociétés .
A l’ époque des trente glorieuses, la productivité et la croissance permettaient au capitalisme de donner du travail tout en assurant la rentabilité du capital. Il y avait un partage des résultats de la croissance. Les conflits sociaux portaient sur l’inégalité de ce partage. A partir des années 1965, la productivité et la croissance ont amorcé une baisse dans les principaux pays occidentaux, qui se confirme encore de nos jours. La modernisation n’a pas vraiment enrayé ce processus et les marges des entreprises ont été permises non par une croissance de la valeur ajoutée mais plutôt par une réduction des coûts notamment ceux du travail, une augmentation de la pression et de l’intensité du travail et une rationalisation des modes de gestion notamment grâce à l’informatisation. Aujourd’hui, ce processus s’essouffle, la moyenne des marges des entreprises est en baisse dans notre pays et on a de plus en plus recours à l’externalisation des activités insuffisamment rentables sous forme de sous-traitance ou de délocalisations.
Les financiers ont le pouvoir, le capital n’a pas de frontière. C’est la fuite en avant dans la mondialisation. Quand le taux de profit moyen atteint ses limites sur un territoire, le Capital conquiert de nouveaux territoires préalablement gardés en jachère.
Au delà des discours patronaux sur l’excellence en matière de gestion, la réalité met en évidence l’inefficacité de modes d’organisation et de management qui épuise les hommes au lieu d’exploiter leur intelligence et le potentiel du travail collectif.
Le taux moyen de profit est en baisse en France, la concurrence effrénée entraîne de véritables gâchis, le travail touche les limites du supportable et l’abondance des fonds publics vers l’entreprise ne freine en rien la baisse d’efficacité.
Dans cette crise économique, ce n’est pas la demande qui est en panne, mais bien l’offre. C’est donc le fonctionnement de l’entreprise (l’organisation du travail) et le travail lui même qui est en crise. Au sens où la productivité du travail est en panne et dans le même temps celui-ci est de plus en plus aliénant . Il y a donc bien une crise d’efficacité de l’entreprise. Tous les discours de gauche et d’extrême gauche qui désignent le profit comme la cause suprême du mal perdent tout leur sens. Le profit moyen dans notre pays est en baisse. Du coup, qui peut on accuser d’être responsable du recul social ?
Comment faire face à un tel dilemme car même si le capitalisme est en difficulté il n’en reste pas moins dominant et extrêmement puissant. Pour l’immense majorité des gens, la crise est une notion vague dont la responsabilité n’incombe pas au patronat, même si l’on reconnaît certains dérapages (délits d’initiés, licenciements boursiers…).
Quelle stratégie politique faut-il avoir face à cela ?
Je pense qu’à ce niveau, il faut revenir sur les mécanismes et les contradictions du système et surtout braquer les projecteurs sur les changements qui ont touché l’entreprise depuis les années 70.
Un modèle de production remis en question
Ce qui est nouveau, notamment à partir des années 1970 (que certains ont qualifiées de mutation), c’est l’ introduction des nouvelles technologies, elles provoquent un changement considérable dans la manière de produire et de travailler. Ces changements remettent en question les formes d’organisation et de management taylorien qui ont été les piliers structurels du système capitaliste. Dans une production de biens matériels, on peut anticiper (bureau des méthodes) les processus productifs, mettre en place des procédures et commander (la maîtrise) l’exécution de ces procédures (ateliers de production). Toute l’entreprise est hiérarchisée autour de ce modèle qui induit une séparation entre "conception et exécution" et par là même une centralisation des décisions et une maîtrise de l’expertise technique par une "élite". Les structures sociales, les qualifications étaient modelées autour de ce concept d’entreprise. Seulement si ce modèle reste malgré tout opérant dans une économie de produits manufacturés, il perd toute son efficacité dans une économie où les services prédominent.
Ce modèle de production est aujourd’hui remis en question avec la modernisation des outils de production et une activité économique qui est majoritairement tournée vers le service.
La modernisation a affecté toute les structures industrielles, les modes d’organisation et de management. Le tissus industriel se modifie profondément, par exemple : en 1994, environ 75% de notre activité était du service, 70% des entreprises avait moins de 20 salariés, 85% moins de 50 salariés et environ 6% avait plus de 200 salariés. (soit dit en passant, le PCF et toutes les organisations syndicales se sont laissés dépasser par ces transformations qui ont, par ailleurs, contribué à leur affaiblissement. Leur discours ciblait uniquement la grande entreprise). Pourtant ces changements faisaient l’objet de données visibles et donc analysables à tout instant. Par contre les changements qui ont affecté l’organisation interne des entreprises étaient moins perceptibles.
Les changements dans l’organisation interne des entreprises induits par la modernisation
Ce qui s’est modernisé à partir de 1970, c’est l’outil. Pour aller vite, grâce à l’informatisation, on a collé un ordinateur sur la machine outil. La transformation est colossale et change de manière importante et pas toujours visible la structure des qualifications, les formes d’organisation et de management. Le rapport Homme/Machine a changé et c’est là que le problème se pose. La compétence humaine et le collectif de travail deviennent les principaux facteurs permettant les gains de productivité. L’Homme est au cœur de la production de valeur. Son autonomie de décision est la clé de l’efficacité.
Ces changements entrent en contradiction avec tous les modèles d’exploitation capitalistes et tayloriens et obligent à une décentralisation des décisions et des savoirs afin d’optimiser les organisations et la réactivité de l’entreprise. Ceci étant, on s’est vite rendu compte que la décentralisation des décisions conduisait inévitablement les opérateurs à s’intéresser à la stratégie de l’entreprise modifiant ainsi dangereusement les rapports de pouvoir.
Le système a malgré tout tenté de s’adapter en considérant la nouvelle place de l’ homme dans la production et en introduisant une nouvelle compétence dans la gestion des entreprises : la "Gestion des Ressources Humaines". L’objectif était surtout de réduire les lignes hiérarchiques, d’accroître les qualifications sans décentraliser les décisions voire même en renforçant, grâce au contrôle informatique, leur centralisation. A tel point qu’aujourd’hui certaines catégories d’ingénieurs et de cadres sont confinées dans des fonctions d’exécution et de contrôle. De ce point de vue, on peut affirmer que l’informatique contribue à l’émergence d’un néo-taylorisme. Pour le patronat, l’autonomie de décision, notamment des opérationnels est perçue comme un élément qui met dangereusement en question les rapports de pouvoir dans l’entreprise et par là même le pouvoir patronal.
Durant les années 1980, il y a eu beaucoup d’expériences visant à modéliser de nouvelles formes de qualifications, d’implication des salariés et d’organisation (les cercles de qualité, l’auto contrôle, les équipes autonomes...). Il y avait une prise de conscience que les seules perspectives de gains de productivité se situaient dans la responsabilisation et l’implication et l’autonomie de décisions des salariés surtout des opérationnels. Tous les nouveaux concepts issus notamment de modèles japonais appelaient théoriquement à de nouvelles organisations et formes de responsabilisation des salariés (réduction des lignes hiérarchiques, décentralisation des décisions...). Devant cette vision capitaliste du changement, les syndicats ont tous mis des freins, au lieu de relever le défi, d’avancer d’autres propositions et de s’engager dans de nouveaux combats.
Taux de profit et productivité
Ces tentatives d’adaptation ont échoué et à partir des années 1990, dans les milieux managériaux, on a renoncé à l’idée d’investir dans l’intelligence humaine , dans le développement des collectifs (qui dit collectif dit développement des solidarités), de décentraliser les organisations pour une plus grande autonomie, par peur de renforcer le poids social et politique, en premier lieu des opérationnels. On est revenu aux bonnes vieilles organisations qui garantissaient le maintien du pouvoir patronal par une séparation entre une élite « d’experts » et les exécutants. Ceci a conduit à une aggravations des conditions de travail et dans le même temps les orientations libérales se sont renforcées pour rechercher ailleurs les sources de rentabilités .
Tous ces nouveaux concepts ont été abandonnés, refusant l’idée de réformer l’entreprise pour ne pas modifier les rapports de pouvoir se privant, par là même, des nouvelles perspectives de productivité. Depuis c’est la fuite en avant dans une déréglementation débridée et la mondialisation.
A ce jour, on peut dire que le patronat attache plus d’ importance à l’accroissement des marges qu’à celui de la valeur ajoutée qui est en baisse relative depuis 1974 . Pourquoi les économistes acceptent comme une fatalité la croissance 0 alors que les capacités productives se sont développées avec la modernisation. Le potentiel du nouvel outil est limité par le refus de réformes des organisations et du management qui remettent en question le pouvoir managérial dans l’entreprise. Le patronat est aujourd’hui, dans l’incapacité de maîtriser la modernisation et ses conséquences sociales et derrière un discours pompeux sur la performance de l’entreprise privée, se masque une démission de ses responsabilités économiques d’où sa volonté d’échapper à toutes contraintes politiques. Aujourd’hui, les orientations en matière de rentabilité du capital se situent d’une part dans la mondialisation qui lui permet de se déplacer vers des sources de profits réalisables facilement et à court terme et d’ autre part, dans une optimisation de la gestion des coûts visant à réaliser une productivité financière rapide (notamment sur la variable d’ajustement que sont les salariés) au détriment de l’efficacité et de l’ accroissement du potentiel de l’ entreprise.
A défaut de gains de productivité par le développement des potentiels humains, c’est la fuite en avant dans la réduction des coûts pour assurer tant que possible la rentabilité du capital. Tout devient trop cher et d’abord les hommes et leur formation. On est à contre courant de ce qu’exige la modernisation. Pour le patronat, c’est un véritable dilemme, sa crédibilité s’appuie principalement sur sa compétence de bon gestionnaire. Que se passerait-il s’il était contesté par les salariés de ce pays sur cette responsabilité ? Et si les salariés s’avéraient être les meilleurs garants de l’efficacité du travail et de la bonne gestion des entreprises ? (Oh je devrais arrêter de dire de telles bêtises, je dérape, c’est pas sérieux). Je reprends mes esprits et je continue…
C’est une orientation suicidaire du point de vue de la santé économique du pays. Le patronat renonce à l’efficacité et à la croissance sur le territoire national, nous sommes condamnés à une régression si ce processus n’est pas renversé. Si l’on rajoute à cela les problèmes démographiques qui se posent en Europe (vieillissement des populations), on va vers des déficits graves (notamment des caisses sociales...) qui conduiront à un recul de civilisation. Alors que les gains de productivité auraient permis de compenser le déséquilibre entre actifs et retraités et de maintenir les droits sociaux.
Aujourd’hui, peu d’économistes et encore moins de politiques ont le courage de voir les choses en face, de s’opposer au discours managérial qui nous est assénés, en allant voir de plus près le manque d’efficacité des organisations dans nos entreprises, les gâchis humains et techniques qu’elle engendre. Les syndicats quant à eux, estiment que cela n’est pas leur champ d’action et sont encore ancrés dans des traditions de résistance à des choix dont il ne peuvent que limiter tant soit peu les conséquences sociales. Et à gauche, on est encore dans la diabolisation de l’entreprise.
Repenser un autre contrat social
Ne faut-il pas repenser un autre contrat social qui surmonterait ces clivages sociaux dévastateurs pour les salariés et pour l’entreprise ?
Le positionnement actuel des différents acteurs politiques et sociaux laisse le champ libre aux décideurs économiques pour continuer cette politique. Rien ne s’oppose à eux dans l’entreprise sur leurs choix organisationnels. Ne serait-il pas intéressant de réfléchir et mobiliser sur un accroissement des prérogatives économiques des Comités d’Entreprises et des CHSCT ? Alors que ceux-ci sont souvent des chambres d’enregistrement et les CHSCT sont souvent minorés par les syndicats. Ne serait-il pas intéressant d’offrir aux salariés des points d’appuis pour intervenir sur les conditions de l’efficacité dans l’entreprise et son retour sur investissement en terme sociaux ? Il est clair que ça impliquerait un bouleversement culturel dans les pratiques sociales et la mise en chantier d’un nouveau contrat social.
Penser que la prise de pouvoir politique permettra la transformation économique est un leurre et l’on en a souvent fait l’expérience. L’histoire a montré qu’aucune transformation économique profonde ne se fait sans l’appui massif des travailleurs. C’est dans l’entreprise que se joue la transformation de la société. C’est ce qui me fait dire que l’issue ne peut venir que du monde du travail. Il faut trouver des formes de luttes qui conduisent les salariés notamment dans le cadre de l’ amélioration des conditions de travail à changer le travail et favoriser leur intervention dans les choix d’ organisation et de gestion, en vue d’une maîtrise et d’un contrôle de la productivité du travail.
On l’a vu avec les 35h . La manière dont cette réforme a été conduite a renforcé les contraintes au travail dans la majorité des cas avec une montée en charge des arrêts maladies. On a résonné arithmétiquement en temps de travail au lieu de penser contenus et sens au travail . C’est toujours le même clivage entre d’une part, la volonté patronale de maintenir voire d’accroître la productivité malgré la RTT et d’autre part, les syndicats qui voulaient mordre sur le profit de l’entreprise. On ne sort pas de ce dilemme qui conduit tout le monde dans l’impasse. Je ne dis pas qu’il suffit de se mettre à table pour négocier. Non, pas d’illusions, le passif est tellement lourd, les pratiques sont culturellement instituées de part et d’autre et les intérêts divergent, ça passera forcément par des luttes.
Faire entrer la démocratie par petites doses dans l’entreprise est en soi une véritable révolution. On n’a pas le choix, il faut s’y atteler, expérimenter et théoriser. Cela passe, selon moi, par la refonte du contrat social vers une sécurisation sociale des salariés et leur implication dans les choix organisationnels et stratégiques de l’entreprise.
C’est toute la question de la démocratie dans l’entreprise qui est posée pour produire aussi autrement, pour une nouvelle efficacité au service d’ une autre croissance, voire d’une décroissance qui respecte les équilibres écologiques et qui soit au service d’une coopération dans le monde. Il faut relever le défi d’une nouvelle productivité et d’un autre usage de cette productivité au service du développement humain et non au service d’une croissance fragile qui se nourrit des inégalités économiques mondiales.
En conclusion
Aujourd’hui dans le discours économique et patronal, on parle plus de compétitivité que d’efficacité économique. L’efficacité qui nécessite de raisonner à long terme et surtout d’investir dans l’humain n’est plus l’obligation première. Il est plus compétitif face à la concurrence mondiale d’investir là où le résultat est le plus rapide. Certains politiques ont la responsabilité de nous convaincre de cette nécessité . C’est ce qui les conduit à user du chômage comme moyen de favoriser les orientations patronales et libérales. Cela vise d’abord à peser sur le coût du travail, à accroître la concurrence entre les travailleurs, à les mettre en situation d’insécurité sociale pour calmer toutes ardeurs revendicatives.
Il me semble quand même fondamental de changer l’ entreprise, de travailler à forger un autre modèle et concept d’entreprise avec de nouveaux rapports sociaux. Ne faut-il pas également travailler à un nouveau contrat social qui mette en cohérence efficacité économique et efficacité sociale et qui favorise la responsabilité économique des salariés et contribue à des avancées démocratiques dans l’entreprise ?
Je suis pleinement conscient qu’il faudra bouleverser des pratiques culturellement instituées d’autant que les années de taylorisme ont contribué, ne nous voilons pas la face, à déresponsabiliser les travailleurs de la gestion d’entreprise. Les syndicats et les partis de gauche n’ont fait que se battre contre les conséquences sociales de ce système. Il est vrai que quelques tentatives ont été esquissées notamment avec "Paul Boccara - Les nouveaux critères de gestion" et également les "lois Auroux" - sans prise en compte sérieuse par le mouvement social.
Il faut reconquérir le terrain de l’entreprise. C’est là que ce concentrent les grands maux de la société, c’est là que prennent corps les inégalités et les souffrances sociales. C’est là que se construira durablement la conscience politique pour un changement fondamental de société.
Que reste il de l’identité communiste – est elle morte ? - j’ai du mal à répondre à cette question. En quoi Marx peut-il nous aider dans ces nouvelles orientations ? Je n’en sais rien. Mais peu importe, si Marx a été suffisamment visionnaire pour nous donner à agir sur notre réalité et bien tant mieux sinon tant pis. Je me suis débarrassé depuis longtemps de mes visions dogmatiques. J’ai suffisamment lu et rencontré des gens d’horizons politiques divers qui réfléchissent à ces questions et je suis convaincu que dans ce pays et même ailleurs, existe le potentiel intellectuel pour théoriser ces nouvelles stratégies.
Le parti communiste peut-il fédérer un tel changement ? Je n’en sais rien, parfois j’en doute le passé pèse encore trop lourd et les remises en question seraient trop fortes. J’aimerai me tromper. En tout cas, il est urgent d’avoir un parti à gauche de la gauche libérale, un parti qui s’engage dans cette voie de la démocratie économique, pour un autre mode de production et de consommation, prônant d’autres valeurs que celles de la performance et de la concurrence entre les hommes qui font plus de ravage qu’on ne l’imagine. Dans les choix professionnels des nouvelles générations, la quête d’un emploi prime sur les vocations et affecte gravement la valeur et le rapport au travail. Dans le même temps, la remise en cause des organisations sociales, la volonté de privatiser tous les services altèrent fortement le lien social, favorisent l’individualisme et placent les individus seuls face à leur destin. Les plus démunis sont plongés de plus en plus dans une véritable détresse sociale .
Si j’avais à créer un nouveau parti , je l’appellerais le parti de la démocratie et du travail. Parce ce qu’il me semble que ces deux éléments sont les fondements essentiels pour construire un projet de transformation de la société. Il s’agira d’orienter l’action pour développer à tout niveau l’intervention des gens dans la vie politique et dans l’entreprise pour changer le travail .
En effet travailler, c’est produire des biens et des services qui seront consommés par d’autres, le travail n’est pas un acte personnel, il a une dimension sociale et aussi politique. Mobiliser ses ressources, sa créativité, ses croyances pour autrui pose fortement la question de son adhésion à un projet de société et surtout aux valeurs dont il est porteur. De ce point de vue, on peut affirmer que tout travail est donc aussi un acte citoyen.
Toute la gouvernance politique a dans l’histoire cherché à contractualiser et orienter le management des savoirs et du travail en vue du modèle de société projeté idéologiquement. Aujourd’hui, le libéralisme a forgé l’idée, nullement contredite par ses opposants, que seule la rationalisation et donc la déshumanisation du travail pouvait permettre d’atteindre l’efficacité économique et sociale.
Penser que le travail n’a qu’une dimension économique est une lourde erreur qu’ont également commis tous les marxistes. Dans toutes les activités humaines, le travail a une part très importante qui structure la sociabilité, le sens et les valeurs d’une vie en société. Exclure cette dimension dans une stratégie politique de transformation de la société ne peut conduire qu’à des impasses parce qu’on réduit l’homme à une simple valeur économique (facteur de production). Il faut sortir de ces schémas réducteurs, c’est certainement beaucoup plus compliqué et de ce point de vue les philosophes ont beaucoup à nous apprendre. Je suis pour orienter l’action sociale et politique en ce sens. Je suis pour qu’on travaille à une prise de conscience des salariés que l’humanisation du travail n’est pas opposable à son efficacité. Cette humanisation peut relever d’un haut niveau de responsabilité. Encore faut-il définir d’autres rationalités et finalités économiques.
Mieux connaître l’Homme comme être social nous conduirait probablement à inventer un monde ou l’économie et la croissance ne serait pas une finalité, où l’on privilégiera le progrès humain au progrès économique. Mais au fait c’est quoi le progrès ? Quand je me pose cette question j’ai un peu le sentiment que pour accéder au confort matériel il faut accepter d’y perdre son âme et son humanité. Souffrir au travail pour gagner sa vie et assurer sa carrière est-ce la seule alternative ? Je suis convaincu que le travail est au centre de tout débat et projet de transformation de cette société.
SLIK Elie – Marseille
Les intertitres sont de Rouge Midi
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