Regards de décembre 2010
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LA CONVENTION INTERNATIONALE SUR LES MIGRANTS PLUS ACTUELLE QUE JAMAIS
Il y a 20 ans, le 18 décembre 1990, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté la « Convention internationale sur la protection des droits des travailleurs migrants et des membres de leurs familles ». Cette convention, conçue comme un des instruments onusiens en matière de droits de l’homme, est le traité international le plus complet en matière de droits des migrants. Elle leur applique tous les droits de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Elle vise à garantir les droits des migrants et de leurs familles, y compris des sans papiers. C’est ainsi qu’elle précise que les droits des migrants « irréguliers » doivent être protégés au même titre que ceux des migrants « réguliers » et qu’il convient de garantir l’égalité des droits entre travailleurs migrants et nationaux.
A ce jour, aucun Etat membre de l’Union européenne n’a ratifié cette convention internationale qui est entrée en vigueur le 1er juillet 2003. Les politiques européennes, appliquées dans tous les Etats membres, en prennent le contrepied puisqu’elles sont fondées sur le tout-répressif comme vient de le dénoncer l’association « Migreurop » dans son dernier rapport annuel intitulé « Aux frontières de l’Europe. Contrôles, enfermements, expulsions » (www.migreurop.org). De nombreux partis politiques, syndicats associations et ONG condamnent ces politiques qui se manifestent par le non respect de l’interdiction d’expulser des gens protégés, la sous-traitance de la « gestion des flux migratoires » à des pays tiers, comme le Maroc et la Lybie. Dans le cadre des politiques dites de « voisinage », l’Union européenne accorde des crédits et subventions à ces pays pour installer des camps de transit et surveiller les frontières afin d’empêcher l’arrivée des immigrés sur le territoire européen.
Pour le 20e anniversaire de la Convention internationale sur les travailleurs migrants, une pétition a été lancée pour demander aux Etats membre de la ratifier. De son côté, le Forum des Migrants préparatoire au Forum social mondial de février 2011 à Dakar s’est fixé le même objectif dans sa réunion du 18 décembre à Bruxelles.
POURSUIVRE LA MOBILISATION CONTRE LES POLITIQUES D’AUSTERITE
Après les Grecs, les Espagnols, les Français, les Portugais et les Irlandais ont manifesté contre les politiques d’austérité menées par leurs gouvernements. Au Portugal, la grève générale a été le plus fort mouvement enregistré dans l’histoire du pays à l’initiative des deux principales centrales syndicales CGTP et UGT, unies pour la première fois depuis 1988. Tous les secteurs ont été touchés et la paralysie des transports publics a été quasi totale.
La protestation s’exprime également dans les pays de l’Est. Après la Roumanie, la République tchèque connait d’importantes manifestations pour protester contre les fermetures d’entreprises (suppression de 12 000 emplois en 2009 dans la seule industrie automobile), contre la hausse du chômage (près de 10%), contre la privatisation des services publics, contre la baisse des salaires et des prestations sociales...
Sous la pression des marchés et obéissant aux « recommandations » du FMI et de l’Union européenne pour la réduction des déficits, les gouvernements adoptent des budgets d’extrême rigueur qui se caractérisent à des degrés divers par : le démantèlement des systèmes publics de retraites, les privatisations, la baisse des salaires des fonctionnaires, la diminution des dépenses de santé, de logement et d’éducation, le relèvement de la TVA...Ces mesures vont peser sur le pouvoir d’achat des ménages avec le risque d’entraîner une grave récession et une augmentation du chômage. Pendant ce temps, les banques, qui avaient été renflouées en 2008 et 2009 sans contrepartie avec de l’argent public, font des profits fabuleux. d’après le journal financier « l’Expansion », en 2009 le fiche de paie des salariés du monde entier a été amputée de 580 milliards de dollars au bénéfice des entreprises ;
Même la Confédération européenne des syndicats (CES), qui a soutenu la Traité de Lisbonne et accepté la « flexisécurité », est obligée de prendre en compte le mécontentement populaire. La traditionnelle manifestation européenne à la veille du Conseil européen de décembre (fixée cette année au 15 décembre) ne se contente pas de reprendre les slogans creux sur « l’Europe sociale » ; elle exprime une protestation massive contre les politiques d’austérité qui font payer le prix de la crise aux travailleurs. Cette solidarité dans l’action des salariés des pays européens dans leur refus de payer l’addition de la crise doit se poursuivre et se développer pour faire échec aux politiques de super austérité et imposer d’autres choix économiques et sociaux répondant aux besoins des peuples.
LES PEUPLES ONT DE LA MEMOIRE...
Les responsables du Parti socialiste européen (PSE) se sont réunis récemment à Varsovie pour analyser la crise qui sévit en Europe et proposer des solutions pour en sortir. Critiquant l’absence de prévention des crises de la part de la majorité conservatrice en Europe, le Parti socialiste européen prône un « Plan Marshall » pour la reprise. Comme l’explique le journal « La Croix », le PSE veut faire passer le message que la gestion de la crise serait différente si les socialistes et sociaux-démocrates étaient aux commandes en Europe.
Les peuples ne seront pas dupes ; ils n’oublient pas que la Commission européenne avait une majorité sociale-démocrate et que les gouvernements socialistes étaient les plus nombreux dans l’Union européenne pendant une longue période. Ils n’ont même pas tenté de mettre un frein aux politiques de libéralisation et de remise en cause des droits sociaux. Bien au contraire ! C’est avec une majorité socialiste en Europe qu’a été mis en place le marché unique fondé sur la libre concurrence, c’est sous le gouvernement Jospin que les privatisations ont été les plus importantes. C’est au Conseil européen de Barcelone que Jospin et Chirac ont signé un accord pour relever l’âge de la retraite. Les peuples n’oublient pas non plus que les socialistes et sociaux-démocrates ont soutenu, dans leur grande majorité, le projet de Constitution européenne puis le Traité de Lisbonne.
Actuellement, les gouvernements dirigés par des socialistes, comme en Espagne, en Grèce et au Portugal, appliquent les mêmes politiques de rigueur que les gouvernements dirigés par la droite. La résolution « Construire une Europe équitable par et pour les personnes », adoptée par le PSE à Varsovie, sera à ranger dans les armoires à souvenirs avec les slogans éculés répétés pendant des années sur « l’Europe sociale ».
L’EUROPE EN BREF...
Soren Sondergaad (Danemark) et Sabine Lösing (Allemagne), parlementaires européens du groupe GUE/NGL, ont remis le 8 décembre à l’Ambassade des Etats-Unis à Bruxelles la déclaration écrite signée par 171 députés au Parlement européen demandant l’abolition de la peine de mort et un procès équitable pour Mumia Abu-Jamal
La France n’a pas été la dernière à demander et obtenir que le Conseil des ministres des Affaires sociales de l’UE rejette la proposition du Parlement européen de prolonger la durée du congé maternité à 20 semaines dans l’UE sans réduction de la rémunération
Le commissaire européen Joaquim Almunia s’est félicité des mesures d’austérité prises par le gouvernement espagnol (tour de vis budgétaire, privatisations, hausse des impôts...) :« Ces mesures sont nécessaires, elles témoignent de la détermination du gouvernement et vont dans la bonne direction ». C’est-à-dire vers la satisfaction des marchés financiers et contre les intérêts du peuple espagnol !
Daniel Cohn-Bendit, qui prône le fédéralisme sur le plan européen, a récemment déclaré : « La crise de l’euro doit nous pousser vers plus d’Europe et celui qui l’a le mieux compris, c’est Jean-Claude Trichet qui fait vraiment du fédéralisme européen »
Le 25 novembre en session plénière, le Parlement européen a demandé que condamnation à mort de Tarek Aziz prononcée par la Cour suprême irakienne ne soit pas exécutée
Au cours d’une réunion le 20 novembre à Francfort avec les dirigeants des banques centrales, le directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn, a plaidé pour une TVA européenne et un transfert de pouvoirs vers la Commission européenne. Le club des fédéralistes se renforce !
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