Renaud Muselier : le cacou de boule.

dimanche 23 octobre 2011
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Le petit-fils de l’amiral espère couler Guérini, et du coup pêcher Marseille en 2014.

Son amiral de grand-père, premier officier général à rallier de Gaulle en 1940, avait imposé la croix de Lorraine comme emblème de la France libre.

Imposera-t-il, lui, la Javel la croix qui lave plus blanc ?.

Ou la croix bleue de Marseille va-t-elle devenir l’emblème de la Sarkozye maintenue ?

En 2008, exploit, il prive la gauche d’une victoire dans la cité phocéenne en l’emportant contre un certain Guérini et préserve ainsi le chef de l’Etat d’une déroute totale aux municipales.

On dit merci qui ?.

La semaine dernière, c’est encore lui qui sauve le week-end de l’UMP en villégiature à Marseille.

Raffarin rue sur son brancard, Devedjian réentonne sa complainte du mal-aimé, Strauss-Kahn monopolise les médias à sa suite .

Heureusement, Muselier est là avec l’affaire Guérini.

Grâce à lui, l’UMP a encore de quoi mordre les jarrets de l’adversaire socialiste, lui polluer sa primaire, et, pour le Président, ce n’est pas secondaire.

« Muzo », sauveur de Sarko ?.

Au dernier remaniement, Fillon lui avait proposé un secrétariat d’Etat aux Français de l’étranger ; il l’a laissé à une autre ceinture noire, un certain David Douillet.

Il a déjà donné dans le secrétariat d’Etat en 2002 avec Villepin, qui faisait tout, et lui le reste.

Seul Marseille l’intéresse désormais.

« Gros pédé et petit enculé ».

Et, pour patienter en attendant les municipales de 2014 et l’éventuelle retraite de Gaudin, le voici récompensé pour ses loyaux services par la présidence de l’Institut du monde arabe, ce qui ne peut pas nuire.

« La possibilité de prendre la tête d’un organe de ce niveau, ça ne se refuse pas. Etre le successeur de Baudis, c’est [très bon] en terme d’image », raconte Muzo, qui a fait le siège de ses copains Copé et Hortefeux pour qu’ils assurent sa promo auprès de Sarko.

Lequel ne s’est pas fait prier. Pour quelqu’un qui parlait il y a peu des immigrés comme « d’une faune insupportable » c’est en effet une récompense inespérée...

La « kadhafisation » - c’est le terme à la mode, à Marseille - de Guérini vaut bien une messe.

Muzo n’a pas le melon sur son balcon.

« Si je fais réélire le président de la République, parce que je fais mon boulot d’élu, ce sera une grande joie, mais ce sera surtout grâce à Hollande et à Aubry, qui ont laissé tout ça sur le tapis ».

Tout ça ou les petites affaires des frères de la côte bleue, Alex et Jean-Noël, le cadet spécialiste des ordures et l’aîné président du conseil général, mis en examen pour association de malfaiteurs, entre autres.

Si Muzo, dit également « Mumuse », veut marcher sur les traces de son pépé, les Guérini, eux, jurent de ne pas suivre celles de mémé.

Tout leur malheur, plaident-ils, est un coup monté par le descendant de l’amiral, qui les aurait dénoncés au parquet par lettre anonyme.

« Sur l’honneur », Alex s’est présenté aux enquêteurs, en novembre dernier, comme la « victime d’un complot politique ourdi par Muselier, visant à salir le nom de [s]a famille et en particulier celui de [s]on frère pour l’empêcher, par cette pratique ignoble et détestable qu’est la dénonciation anonyme, d’accéder à la mairie de Marseille ».

Et de poursuivre, sur son procès-verbal :

« Cette manipulation a été réalisée (...) en mettant en cause l’honorabilité de M. Squarcini, patron de la DCRI. »

En effet, M. Muselier a prétendu que la police nationale allait étouffer l’affaire, tout simplement parce que les deux enfants de M. Squarcini étaient salariés du conseil général des Bouches-du-Rhône".

En bon socialiste, Alexandre a le sens de la synthèse.

En quelques lignes, tout est dit d’une affaire, suivie de près par l’Elysée, qui a le mérite de plomber la plus grosse fédé socialiste et l’inconvénient d’égratigner au passage « le Squale », le patron de la police secrète de Sarko, un fada des fadettes qui n’avait pas besoin de ce dommage collatéral.

Bien sûr, on ne prête qu’aux riches, et Muzo, placide et financièrement à l’aise comme député absentéiste et patron d’une clinique fondée par ses parents, dément :

« Je comprends qu’ils m’accusent, c’est plus facile de dire que c’est moi plutôt qu’un de leurs amis ».

Muselier jure n’être pour rien dans le malheur des Guérini, même s’il a donné les premiers coups de patte.

En pleine réunion de la communauté urbaine, en novembre 2009, il dénonce des anomalies dans la commission des marchés et offre un exemplaire de « Gomorra », fameux reportage sur la Camorra, au président Caselli, homme lige des deux frangins, en lançant :

« Marseille, ce n’est pas Naples, et les républicains ne l’accepteront jamais ».

Des coups, il en reçoit aussi.

Au Cercle des nageurs de Marseille, en mars 2010, frère Alex le traite de « gros pédé » et de « petit enculé », ce qui semble contradictoire.

Il ne compte plus non plus les menaces de mort - encore trois vendredi dernier.

Si bien que son pote Hortefeux, toujours ministre de l’Intérieur, l’avait mis pendant deux mois cet hiver sous protection policière.

S’il n’a dénoncé personne et n’est à l’origine de rien, Muzo paie un lourd tribut.

« Je paie cash », dit-il.

Et, comme Johnny, il roule en Harley...

Tout ça, au fond, ne serait peut-être pas arrivé si Muselier n’avait pas joué les cacous et vexé Gaudin, en 2008, en devenant le sauveur de la droite marseillaise.

Dans la foulée, des petits malins de son camp ont cru bon de le priver de la communauté urbaine, qui lui était destinée.

Pour elle, il avait même refusé d’entrer au gouvernement.

Après ce petit meurtre entre amis, le cacou a failli abandonner la politique, mais Sarko l’en a alors dissuadé.

Depuis, le chiraquien Muselier s’est transformé en Monsieur Propre de la Sarkozye. Ce qui est plaisant pour quelqu’un qui naguère a été épinglé pour son cumul des mandats. Il est en effet tout à la fois directeur de clinique, député, maire d’arrondissement, vice-président d’agglomération ! Cumul qu’il a justifié par un poignant il faut bien « nourrir sa famille et ses enfants »...

Il pourfend les Guérini en particulier et dénonce les socialistes en général - sauf Montebourg.

Il défend la fragile UPM, Union pour la Méditerranée, plus sûrement union pour le bizness, dont il préside le conseil culturel.

Lors du conseil municipal du 17 octobre dernier, il crée l’évènement à droite en s’opposant au très UMP Guy Tessier en charge du parc naturel des calanques. Encore une histoire de pêche en vue de 2014 ?

Et, quand c’est nécessaire, il flingue Villepin, ce qui n’est jamais pour déplaire au Château.

Il sait aussi se mouiller pour protéger la famille, et pas qu’au Cercle des nageurs.

Squarcini est-il cité dans l’affaire Guérini ? Il le rattrape par le maillot :

« Je le connais bien, et je ne crois pas un seul instant qu’il puisse se mêler d’un truc mafieux ».

S’il le dit ...

Pour devenir le roi de Marseille dans trois ans, Muselier est prêt à beaucoup.

Car, la royauté, il connaît : il est le neveu de la reine d’Albanie.

Ce qui est mieux que de descendre du roi de Yougoslavie, assassiné à Marseille le 9 octobre 1934 par un nationaliste bulgare...

D’après Jean-Michel Thénard dans Le Canard enchaîné

Transmis par Linsay



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samedi 19 novembre 2011 à 19h49 - par  jmbalec
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dimanche 23 octobre 2011 à 11h10 - par  Gérard Legendre

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