Chez Hermès, ils ont cessé de se taire
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Rouge Midi avait repris en 2010 cet article de l’Huma qui parlait de l’usine Hermès de Bogny où les salariés venaient travailler la boule au ventre et bouches cousues. En cette fin d’année le silence a été rompu et la résignation aussi par près de la moitié des salariés. Pour le plus grand bien de toutes et tous.
BOGNY-SUR-MEUSE (Ardennes). La dernière grève remontait à 2007. Le sage personnel d’Hermès a débrayé, hier, pour des revendications salariales. Presque surpris par son audace.
Pas de banderole, pas de pancarte, pas de slogan. Il y a - quand même - un feu de pneumatiques qui dégage une épaisse fumée noire et, surtout, sur la chaussée, juste devant l’usine au design très moderne, une bonne centaine d’ouvriers et ouvrières (le personnel est ici très majoritairement féminin) : un mouvement de grève a perturbé, pendant deux jours, la production à la Maroquinerie des Ardennes, sur la zone de Braux, à Bogny.
Une unité du très florissant groupe Hermès. Un îlot de prospérité au cœur d’un territoire, la Vallée de la Meuse, par ailleurs fortement frappé par la crise, essentiellement dans le secteur de la métallurgie et de la sous-traitance automobile. Où le taux de chômage flirte souvent avec (et dépasse parfois) les 20 %…
« On ne se plaint pas des conditions de travail, on est évidemment conscients d’être épargnés par rapport à ce que peuvent connaître d’autres ouvriers ardennais, qui craignent pour leur emploi, ou qui galèrent pour en retrouver », précise un syndicaliste.
Ici les conflits sont rares : l’unique précédent dans l’histoire ardennaise d’Hermès (présent depuis 2002 dans le département grâce à la volonté d’un dirigeant du groupe originaire d’ici) date d’octobre 2007.
Une grève avait alors perturbé la maroquinerie après que le personnel eut appris le licenciement du directeur du site. « A Paris, ils l’ont jugé trop social », avaient alors dénoncé les salariés.
Hermes un groupe florissant et qui ne s’en cache pas On trouve très facilement des chiffres parlants sur Internet concernant la santé du groupe. "En 2011, le chiffre d’affaires du groupe Hermès s’élève à 2 841,2 M€ et progresse de 18,3% aussi bien à taux de change courants et constants. L’objectif annuel est dépassé grâce à une activité soutenue dans les magasins du groupe au quatrième trimestre (+15,8% à taux de change courants).(...) |
Une ouvrière a expliqué : « On fabrique des sacs de luxe, tant mieux, on sait qu’on n’a pas les moyens de s’en offrir, mais on sait aussi que notre groupe se porte bien. On demande à en profiter, même modestement… Les plus bas salaires ici sont proches du Smic. Cependant, on a un 13e mois, on a une prime d’intéressement, mais on a aussi un savoir-faire reconnu. C’est normal, donc, qu’on soit là… On réclame une part de notre dû. »
C’est d’autant plus normal que le groupe pratique une politique de discrimination salariale d’une usine à l’autre, d’une région à l’autre.
Après deux jours de grève le travail a repris. les salariés demandait 60€ d’augmentation des salaires, ils en ont obtenu 41€. Près de 500€ en plus par an : appréciable...
D’après un article de Philippe MELLET paru dans l’Ardennais. L’encart est de Rouge Midi.
Transmis par Linsay
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