« Indigènes » aux entournures.
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Il aura fallu le rire et les larmes de Chirac, partagés avec Jamel Debouzze lors d’une avant-première le 5 septembre du film « Indigènes » pour « décristalliser » enfin la mémoire du Président sur le traitement inique infligé par la France aux anciens combattants de nos ex-colonies...
Ce joli mot de « cristallisation » ne désige pas en l’occurence la naissance du sentiment amoureux vue par Stendhal, mais le désamour brutal qui a conduit la France à geler, au moment des indépendances, le montant des pensions des anciens combattants d’Afrique et Asie, au nombre de 253 000 en 1944, soit la moitié de l’armée française qui a contribué à la Libération...
Ce n’est pas sur la seule foi d’un film que le gouvernement envisage aujourd’hui de faire un geste.
Mais sous la menace d’une condamnation par la Cour européenne des droits de l’homme, et au terme d’un long combat juridique dont ces anciens combattants d’outre-mer se seraient bien passés.
Car l’Etat a été une première fois condamné pour discrimination en novembre 2001 par le Conseil d’Etat, qui a donné raison à titre posthume à l’ex-sergent sénégalais Amadou Diop : ce brave est mort au champ du déshonneur de l’ingratitude française.
L’Etat a du coup dû procéder à un premier « dégel » partiel en 2003, à hauteur de 220 millions d’euros seulement (par rapport aux 2 milliards envisagés sous Jospin), en prétendant hypocritement respecter la « parité du pouvoir d’achat » entre les différents pays d’origine...
Résultat, d’après le Gisti : un ancien combattant français continue de toucher 690 euros par mois pour une pension d’invalidité, quand un Sénégalais touche 230 euros, un Camerounais, 104, et un Marocain ou un Tunisien, 61...
Aujourd’hui, Alliot-Marie assure : « L’idée est d’instaurer une équité nominale » (sur France 3 le 25/9)...
Quand même pas une pure et simple égalité de toutes les pensions !
La mesure que cherche à chiffrer Bercy ne figure même pas dans le budget 2007, mais devrait être introduite par un simle amendement au cours de la discussion.
Pis, après le coup de pouvoir d’achat, le sous-ministre chiraquien aux Anciens Combattants Mekachéra a inventé l’astuce du « prix du sang ».
Il n’a promis en effet de revaloriser que la retraite du combattant et les pensions d’invalidité, qui représentent peu par rapport aux retraites mensuelles des militaires de carrière étrangers.
Lesquelles « ne dépendent pas de son budget » et vont rester indexées sur le pouvoir d’achat de leurs pays « afrik.com » du 25/9).
Quand Chirac voit un film, il fait toujours beaucoup de cinéma.
Article paru dans « Le Canard enchaîné ».
Transmis par Linsay.
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