Regards de février 2007
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Feu vert du parlement européen à la libéralisation du rail.
La manifestation unitaire des cheminots du 8 février à l’appel de l’ensemble des organisations syndicales était centrée sur les salaires, les retraites et la défense du service public. Les enjeux européens n’étaient pas absents avec la dénonciation du « bradage du fret SNCF exigé par la Commission européenne et mise en œuvre par les gouvernements successifs ». Il faut toutefois souligner que la libéralisation du fret, si elle a été effectivement proposée par la Commission, a été acceptée par le Conseil des ministres des transports (avec l’accord de Jean-Claude Gayssot) après avoir été avalisée par le Parlement européen. Dans le cas présent, la décision définitive -c’est-à-dire l’adoption de la directive - est prise conjointement par le Conseil et le Parlement européen.
Après avoir lancé le processus de libéralisation, le Parlement européen et le Conseil l’ont accéléré : après le fret international puis le fret national, c’est maintenant le transport de voyageurs. Le 18 janvier, en session plénière à Strasbourg, les groupes de droite et socialiste du Parlement européen se sont prononcés pour l’ouverture à la concurrence en 2010 du trafic international de passagers mais ont échoué à appliquer le même régime aux transports nationaux malgré le soutien du commissaire français aux transports Jacques Barrot. Toutefois, la directive autorise les compagnies effectuant des trajets internationaux à pratiquer le cabotage, soit à effectuer des arrêts et à prendre des passagers dans les pays traversés.
Le député italien libéral Paulo Costa s’est félicité :« L’ouverture des marchés ne crée aucune concurrence destructrice mais, au contraire, en augmentant leur efficacité, permet aux chemins de fer de gagner des parts de marché ». Le député français Gilles Savary, également porte-parole de Ségolène Royal, lui a fait écho : « Oui à la libéralisation, pourvu qu’elle soit régulée et que les services publics soient préservés ».
Pour la Fédération CGT des cheminots, c’est « un mauvais coup porté aux missions de service public » en estimant que « la libéralisation du trafic international de passagers se fera sur les relations les plus rentables comme elle s’est développée à propos des trafics ferroviaires de fret ». Elle a dénoncé cette politique de libéralisation « qui fait le lit des futures privatisations et n’a que pour seule ambition de répondre aux intérêts du capital ». Cette analyse juste n’aurait-elle pas eu plus d’impact si elle avait été portée par une mobilisation plus forte avant le vote du Parlement européen ?
Effectivement, la Fédération européenne des transports (ETF), membre de la CES, est bien intervenue auprès des parlementaires pour demander le rejet de la directive mais de façon discrète et sans véritable mobilisation. Des courriers, des courriels et des délégations de responsables ne peuvent pas remplacer de puissantes manifestations comme ce fut le cas avec les dockers dont les manifestations avaient contraint, par deux fois en 2003 et 2005, les parlementaires à rejeter la directive sur la libéralisation des services portuaires.
L’enseignement dans le collimateur du patronat avec l’appui de Bruxelles.
Les étudiants grecs et leurs enseignants se battent depuis plusieurs mois pour empêcher la privatisation des universités. Dans d’autres pays, les attaques ne sont pas aussi brutales mais l’objectif est le même : ouvrir toujours plus l’enseignement aux entreprise et le soumettre aux lois du marché, avec des doses de plus en plus fortes de privatisation.
C’est ainsi que l’OCDE a tiré les conclusions d’une étude comparative des différents systèmes d’enseignement : « Rien ne montre qu’un système est meilleur que l’autre, mais des droits élevés -accompagnés de bourses- permettent d’augmenter le budget des universités et la qualité des enseignements ». Les « experts » de l’OCDE rêvent de privatiser l’enseignement supérieur et de le soumettre aux mécanismes de marché au profit des plus riches.
Sur le plan européen, la Commission européenne consacre une large place à l’enseignement et à l’éducation dans la stratégie de Lisbonne fondée sur une économie de la connaissance. Elle s’inscrit dans la même démarche que l’OCDE ; dans une récente étude, elle estime qu’une université gratuite, totalement financée par le secteur public, est loin de garantir l’égalité des chances. Elle se prononce donc pour l’instauration de frais d’inscription et « une plus grande implication du secteur privé dans le financement des universités pour rapprocher le monde de la recherche et le monde de l’entreprise ».
Tout en prônant la privatisation de l’enseignement supérieur, la Commission veut investir le terrain de l’école primaire pour y développer les compétences managériales et l’esprit d’entreprise. Dans une interview au « Financial Times », le commissaire allemand Günter Verheugen (social-démocrate) critiquait l’image donnée de l’homme d’affaires par les manuels scolaires (« bedonnant, avec un chapeau melon et un cigare, exploitant les travailleurs ») et jugeait « important d’expliquer aux enfants ce qu’est vraiment l’entrepreneuriat ». Avec le commissaire à l’éducation, il a fait adopter par la Commission européenne une initiative visant à « promouvoir l’esprit d’entreprise dans les écoles et les universités ».
Elle demande aux Etats membres d’inscrire explicitement l’esprit d’entreprise dans les programmes des écoles (travaux pratiques, jeux de rôle, visites d’entreprises) à tous les niveaux, d’encourager la création de mini-entreprises par les étudiants, de favoriser la mobilité des enseignants entre le milieu universitaire et le monde des affaires et de faire participer les entreprises à l’enseignement. C’st donc fort logiquement qu’elle a attribué le « Prix de l’investissement dans le capital humain » à la Fondation pour la recherche et la formation à l’entreprise pour avoir favorisé, en coopération avec la région wallonne, la diffusion de l’esprit d’entreprise dans les écoles et les universités.
Au dernier Sommet de printemps des Chefs d’Etat et de gouvernement en mars 2006, le Conseil européen a appuyé ces orientations en insistant même sur l’importance de « développer la culture de l’entrepreneuriat chez les jeunes, dès le plus jeune âge ». A la grande satisfaction du « Forum Jeunesse » (groupement d’organisations nationales de jeunesse de l’Union européenne) qui est ...subventionné par le budget européen géré par la Commission.
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