Soutien total à Siné

mardi 29 juillet 2008
popularité : 4%

Il est de bon ton d’entretenir l’amalgame qui ferait de tout anti sioniste, un antisémite qui ne s’assume pas. Dans ces temps où l’idéologie a supplanté toute analyse concrète d’un système devenu unique — totalitaire, puisque n’acceptant nulle contradiction ni contradicteur sur ses fondements mêmes (la démocratie bourgeoise) —, il est devenu périlleux de remettre en cause les théories de Theodor Herzl. Il fut pourtant critiqué en son temps par nombre de ses coreligionnaires dont le plus radical sans doute fut Karl Krauss, pour qui un État séparé signifiait la victoire des antisémites qui voulaient chasser les juifs d’Europe, faute d’“assimilation”.

L’holocauste valait réparation, d’autant que les alliés ne se montrèrent pas vraiment prompts à libérer les camps d’extermination, dont ils eurent connaissance dès 1943. L’horreur révélée — toute honte bue — Israël fut reconnue par les puissances occidentales en 1948, au nom du principe “un peuple, une terre”. Manque de bol, un peuple habitait déjà cette terre, peuple maintenu tour à tour sous le joug des Ottomans et des Britanniques. Création occidentale au cœur du Moyen-Orient dont la décolonisation se fit au gré des pourparlers entre les différentes puissances ayant vaincu l’Allemagne Nazie, Israël fut cause de guerres multiples avec ses voisins arabes.

Être anti sioniste, c’est ne pas accepter cette entité artificielle, créée dans la seule vision du partage du monde entre les vainqueurs (France, Grande-Bretagne, USA, Union Soviétique). Israël reste une verrue au milieu du Machrek [1], responsable d’une guerre sans fin, qui ne doit son existence qu’à la culpabilité des responsables du génocide et de ceux qui fermèrent les yeux au nom d’intérêts supérieurs.

Mais revenons à la polémique qui vit le directeur de “Charlie hebdo”, Philippe Val, grand pourfendeur du prosélytisme musulman et thuriféraire de l’intervention des troupes de l’Otan au Kosovo, licencier Siné pour “antisémitisme”. Ce dernier est connu pour bouffer du curé, de l’imam, du moine tibétain (agitant ses clochettes tout en maintenant son peuple en esclavage) et du… Rabbin ! Mal lui en a prit lorsqu’il accusa un homme politique, qui plus est fils du Président de la République et piètre conducteur, de vénalité en épousant une riche héritière. Par un étrange retournement sémantique, l’attaque visant Jean Sarkozy se convertissant à la religion juive pour bénéficier de la main et de la fortune d’une descendante de la dynastie des magasins Darty, se transforma en amalgame entre argent et “race” (SIC ! Cf. Laurent Joffrin - Libération du 25 juillet 2008) juive. Or, dans les propos de Siné, il ne s’agit que de dénoncer l’opportunisme d’un jeune ambitieux prêt à tout pour conquérir — si ce n’est le monde — du moins la notoriété et les fastes dus à son rang. Ce tour de passe-passe permet de jeter la suspicion, non pas sur le seul Siné, mais sur l’ensemble de l’extrême gauche dont l’antisionisme ne serait qu’un paravent, cachant de fait un antisémitisme digne de Drumont, Maurras ou Brasillach (reSIC ! Laurent Joffrin).

Ce discours calomnieux, digne de la presse de caniveau, n’est hélas pas vraiment nouveau et montre la fatuité des vainqueurs, face aux vaincus. Défaite, la classe ouvrière et ses organisations sont jetées dans la poubelle de l’histoire au même titre que le nazisme. N’accusait-on pas les opposants à la guerre du golfe, en 1991, d’être des Munichois, alors même que l’Union Soviétique rendait ses derniers soupirs ? Dans le même ordre d’idée Nazisme et Stalinisme (élargi à toute contestation du système capitaliste) sont devenus frères jumeaux. Il est vrai que les accords germano-soviétiques n’ont guère aidé les partisans d’une économie basée sur d’autres critères que le seul profit.

Dans la même veine que les croisades d’un Georges Bush, combattant le mal après l’attentat du 11 septembre, les rodomontades des puissants et de leurs valets contre toute opinion mettant en cause les sacro-saintes institutions démocratiques qui n’en ont que le nom, nous dénoncent à la vindicte populaire en nous taxant d’antisémites. N’est-ce pas le mal absolu ? J

Je ne partage peut-être pas toutes les convictions de Siné et leurs mises en scène, mais ce n’est pas avec les censeurs que je m’en entretiendrai (pas plus que je n’ai condamné il y a vingt ans les attentats d’Action Directe). Depuis bien trop longtemps la pensée est confisquée par une petite caste d’intellectuels qui tout en trahissant les idéaux de leur jeunesse, ont ruiné les espoirs d’une génération entière. Bellicistes et défenseurs infatigables des intérêts des puissants, ils distribuent bons et mauvais points au gré des conflits qui secouent la planète, au point d’user de l’invective comme seul argument. Siné licencié de “Charlie hebdo”, un simple conflit du travail ? Il faut attaquer en Prud’homme, camarade, avant que Sarkozy, père et fils, ne détruisent tout a fait le code du travail ! Merci tout de même de m’avoir convaincu de signer la pétition en faveur de Siné.
Quant à “Charlie hebdo”, il peut toujours servir à emballer le poisson.

Marseille le 29 juillet 2008


En médaillon un dessin de Plantu publié dans le blog de de soutien à Siné


[1Le Machrek (ou Machreq, Mashreq, arabe : مشرق) désigne l’Orient arabe, de l’Égypte à l’Irak et à la péninsule arabique



Commentaires

Logo de Dominique Carpentier
mercredi 20 août 2008 à 19h38 - par  Dominique Carpentier
mardi 19 août 2008 à 18h01
Logo de <span class=BENBARA Abdallah" />
vendredi 1er août 2008 à 20h14 - par  BENBARA Abdallah
Site web : opportuniste
Logo de <span class=BENBARA Abdallah" />
mardi 29 juillet 2008 à 15h22 - par  BENBARA Abdallah
Site web : VALet ses mensonges

Sites favoris


20 sites référencés dans ce secteur