Sanctions pour Véolia, futur exploitant du tramway colonial de Jérusalem
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Alors que le chantier du tramway de Jérusalem se poursuit avec la pose des rails dans les rues de la Ville sainte, les pressions s’accentuent sur Veolia et Alstom, les deux entreprises françaises impliquées dans ce projet controversé. Le 15 avril, le tribunal de grande instance de Nanterre s’est déclaré compétent sur la procédure de l’Association France-Palestine Solidarité (AFPS), qui demande l’annulation de ce contrat « hors la loi » parce qu’il vise à relier au centre de Jérusalem des colonies juives implantées dans des quartiers palestiniens occupés par Israël. L’AFPS base sa démarche sur la IVe Convention de Genève, qui considère comme illégale toute colonie de peuplement en territoire occupé.
Le 15 avril, le tribunal de grande instance de Nanterre s’est déclaré compétent sur la procédure de l’Association France-Palestine Solidarité (AFPS), qui demande l’annulation de ce contrat « hors la loi » parce qu’il vise à relier au centre de Jérusalem des colonies juives implantées dans des quartiers palestiniens occupés par Israël. L’AFPS base sa démarche sur la IVe Convention de Genève, qui considère comme illégale toute colonie de peuplement en territoire occupé.
Alstom et Veolia sont respectivement responsables de la fourniture des rames du tramway et de sa future exploitation. Sur son site Internet, Veolia déplore que l’Autorité palestinienne n’ait formulé son opposition au chantier qu’en 2006, quatre ans après l’attribution du marché. Le tribunal a estimé qu’Israël, en tant qu’Etat étranger, ne bénéficierait pas d’une immunité de juridiction, « puisqu’il est en réalité puissance occupante de la partie de la Cisjordanie où sera exploité le tramway litigieux ». Alstom et Veolia ont fait appel.
Cette décision de justice, potentiellement lourde de conséquences, intervient alors que le mouvement de boycottage d’Alstom et Veolia prend de l’ampleur, sous l’impulsion d’une coalition de mouvements propalestiniens. Veolia, qui est aussi impliquée en Cisjordanie dans l’exploitation d’une ligne de bus et d’une décharge à ordures - deux investissements qui profitent aux colonies juives -, est devenue la tête de Turc des activistes, qui ont lancé le mot d’ordre « Derail Veolia » (« Faisons dérailler Veolia »). En début d’année, la multinationale française a perdu la gestion du métro de Stockholm, en Suède, un juteux contrat de 1,9 milliard d’euros, qu’elle détenait jusque-là. Même si les élus assurent que leur décision est le produit de considérations commerciales, le travail de lobbying de l’ONG suédoise Diakonia a indéniablement pesé.
A la mi-mars, la ville de Sandwell, au Royaume-Uni (300 000 habitants) a éliminé Veolia d’un marché de collecte des ordures d’un montant de 1,6 milliard d’euros. Un mois plus tard, le conseil municipal de Galway, la troisième plus grosse ville d’Irlande, a recommandé de ne pas renouveler le contrat de distribution d’eau, propriété jusque-là de Veolia. Toujours en avril, à Bordeaux, la filiale transport de la compagnie française a perdu un marché de 750 millions d’euros. Joint par téléphone, un chargé de communication de Veolia tient à minimiser le lien entre ces déconvenues et la campagne de boycottage. « C’est la vie courante d’une entreprise de perdre des marchés, dit-il. A Bordeaux, les autorités locales avaient juste envie d’essayer un autre opérateur. » Il reconnaît cependant qu’« en Scandinavie et au Royaume-Uni, la campagne a pu (nous) coûter un peu cher ». Un aveu qui n’étonne pas le Palestinien Omar Barghouti, l’un des animateurs du réseau Derail Veolia. « Depuis le début de l’année, Veolia a perdu 7 milliards de dollars (4,9 milliards d’euros) en marchés potentiels. A moins de considérer que les managers de l’entreprise soient devenus subitement mauvais, il est évident que l’affaire du tramway ternit son image. »
Conscient que ses arguments ne portent guère, Veolia prépare un site Internet destiné à parer aux critiques. Il y a urgence. Des établissements financiers ont rejoint la campagne de boycottage, comme la banque hollandaise ASN et le fonds de pension suédois AP7, l’un des investisseurs les plus importants du pays. Galvanisés par ces premiers succès, les propalestiniens étendent leur éventail de cibles. La société d’ingénierie lyonnaise Egis Rail, qui a rejoint le chantier du tramway, est désormais dans leur collimateur. « Notre campagne se développe à une vitesse imprévue, dit Omar Barghouti. Les pays occidentaux préférant fermer les yeux, c’est à nous, société civile, de faire en sorte qu’Israël respecte enfin le droit international. »
Benjamin Barthe dans Le Monde
(le titre est de la rédaction de RM)
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