REFLEXIONS DE CE TEMPS

( réponses récentes à l’un de mes correspondants )
lundi 1er février 2010
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...Je m’étonne que vous ne me parliez pas de Yalta qui a prédestiné les 50 années suivantes, aujourd’hui on parle du « mur » mais toujours pas de Yalta et de sa signification. C’est pourtant ce partage de l’Europe selon les rapports de forces militaires qui décide de l’avenir immédiat des peuples tant à l’Est qu’à l’Ouest de l’Europe, à ne considérer que cette partie du monde. Certains pays et peuples doivent avoir un régime communiste et cela ne sera pas remis en cause de longtemps, même si la « guerre froide » démarre au moins avec Hiroshima.

30 décembre 2009

A l’ouest, c’est l’interdiction de faire la révolution, c’est en fait la perte, à supposer qu’elle ait un jour existé, de l’indépendance stratégique pour le PCF et l’essentiel des autres partis communistes qui n’auront plus dès lors qu’à « amuser la galerie » en attendant des jours meilleurs qui ne peuvent venir et qui ne viendront pas, sinon trop tard, et avec un parti qui ne saura plus, ou ne voudra plus, les utiliser, un parti qui s’est intégré de fait au système, capitaliste, de plus en plus profondément.

« Le socialisme aux couleurs de la France » est venu trop tard et sera très vite abandonné, Marchais ne tardant pas à aller faire allégeance à Moscou.

Finalement, c’est « l’action » du gouvernement Jospin qui m’ouvre réellement les yeux.

On est ainsi vite en 2006 et le redoublement de la stratégie suicidaire avec MGB, vite avouée d’ailleurs au moins par une partie des « dirigeants ». C’est ensuite le « Front de gauche », nouvelle version, et certainement dernière version pour conduire le « cortège funèbre ».

Je quitte le PCF à l’automne 2006, dans la grande et tragique comédie qui précède l’élection présidentielle, et le sabotage du mouvement populaire majoritaire du NON de 2005.

En juin 2007, nous lançons à quelques-uns l’initiative d’Assises du communisme pour construire la force communiste du 21e siècle.

Mais là encore il y a les nostalgiques d’un passé mythifié qui ne veulent voir que les images d’Epinal de ce passé construites laborieusement et ne voient l’avenir que dans le rétroviseur.

Pour moi et quelques autres, après la prise de conscience de ce qu’a été Yalta, c’est également la prise de conscience du rôle de la 3e Internationale qui a perduré bien après sa disparition officielle, la prise de conscience du rôle des « dirigeants » du PCF qui ont continué à tout cautionner.

C’est aussi la prise de conscience de ce que les idées de Marx ont été trahies dès l’époque de Lénine.

D’où la relecture aussi des textes des opposants à la 3e Internationale, ce sont pour l’essentiel des retours aux sources intéressantes et encore l’ignorance de ceux dont vous avez cité les noms.

Herman Gorter exclu de la 3e internationale

Beaucoup de temps perdu mais je vois aussi ceux qui continuent d’en perdre et je ne peux les critiquer même si l’échange politique est parfois sévère avec eux.

2 janvier 2010

Je vous trouve bien aimable avec Lénine qui se serait contenté de « transformer le marxisme sous l’influence d’une lecture sociologisante de Marx via Plekanov... »

Certes, Lénine n’avait pas une multitude de choix, et ce à quoi il s’est attaqué ressemblait quelque peu à une « mission impossible », et il n’a disposé que de peu de temps...

Il est bien clair pour moi qu’il ne disposait en aucune façon des « conditions » considérées par Marx pour accoucher d’une nouvelle société et construire le communisme sans « prolétariat » représentant sans doute une gageure insurmontable dans l’état d’alors de la Russie et dans la situation internationale de l’époque.

Bien des conditions, et pas seulement économiques, n’étaient pas réunies.

Mais le pouvoir tsariste s’était écroulé, l’Etat semblait à ramasser, et d’autres forces économiques, sociales, politiques, n’étaient pas en mesure de le faire, à considérer également les traditions despotiques tsaristes dominantes...

Mais de là à systématiser l’usage du concept de « dictature du prolétariat » plutôt rare, sinon presque inexistant chez Marx, est quand-même beaucoup plus qu’une « transformation », au moins une substitution grave, dont la mesure est tout de suite donnée par la répression de Kronstad, même si économiquement ensuite on s’oriente plutôt vers le capitalisme d’Etat que vers l’appropriation sociale, même si l’on ne considère que la NEP...

C’est donc la paysannerie qui va être rudement sollicitée pour réaliser l’accumulation nécessaire, et pour ce faire, après lui avoir donné la terre, on la lui reprend, ce qui n’était sans doute pas la meilleure voie, ni la plus rapide, ni la moins coûteuse, pour parvenir au résultat souhaité.

Là, je pense que nous ne devons pas être très éloignés dans la perception des inconvénients majeurs de ces choix.

Reste que l’on ne peut refaire l’histoire , mais l’on peut en tirer quelques leçons.

D’accord aussi pour considérer le dévoiement du marxisme en une sorte de communisme national et sans doute a-t-il été d’abord russe, notamment stalinien dans l’acceptation qui en a été faite aux heures les plus terribles et dramatiques de l’avancée des troupes hitlériennes jusqu’à Moscou et Léningrad.

Il me semble que Staline n’a pas « mégoté » de ce point de vue et le nationalisme, pour n’être pas « Grand-russien » dans d’autres pays, a certainement beaucoup marqué les sociétés dont les cadres communistes, notamment ceux de Pologne, avaient beaucoup souffert de la « proximité » des « frères » russes.

Bien évidemment, il n’y a toujours rien de marxiste dans toutes ces pratiques... Et comment la 3e Internationale aurait-elle pu l’être dans sa forme Komintern ou Kominform !

Ces partages de l’Europe et du monde ne sont alors que l’expression - provisoire - des résultat de la guerre et des rapports qui en résultent et ont tout des pratiques impérialistes/nationalistes qui caractérisaient les affrontements des royautés et des empires des siècles précédents où les Etats-nations cherchaient à se constituer et à s’émanciper.

Sans doute les motivations de ces luttes ont-elles pu évoluer, des motivations succéder à des motivations...

Sans doute la « vitrine » capitaliste a-t-elle joué son rôle, j’ai vu il y a quelques années des amies polonaises de ma femme pleurer à l’entrée des grands magasins français et à l’étal de ces profusions de marchandises.

Je les ai également vu rire de moi gentiment quand je les assurais que tel ou tel pourcentage de la population française vivait en-dessous du seuil européen de pauvreté, il leur était impossible de me croire voyant ce qu’ils, ou elles, voyaient.

N’empêche, ce sont ces mêmes peuples, alléchés ô combien par les vitrines ouest-européennes, qui se sont dès le début, dès qu’ils ont été consultés, prononcés massivement contre l’adhésion de leurs pays à l’Union européenne et qui continuent de le faire tout aussi massivement comme l’ont encore montré les élections du 7 juin dernier.

Sans doute avaient-ils, et ont-ils toujours, une certaine "avance de conscience" sur ce que signifient ces structures super-étatiques, Etats au-dessus des Etats, comme éléments de domination et de sujétions, et là cette conscience a été plus forte, plus impérieuse, que tous les "mirages" inaccessibles des magasins capitalistes !

Et sans doute y-a-t-il quelques leçons à en tirer, sans doute malgré ce que certains continuent de nier relativement aux identités nationales, ces motivations-là ont-elles plus de force que celles déterminées par l’abondance et la fascination des marchandises capitalistes dont ils ont bien vite compris, en regardant les prix, combien elles pouvaient être inaccessibles à leur porte-monnaie, à leur salaire, à leur revenu.

Reste que je demeure encore profondément incompris quand je leur dis que ce qu’ils ont connu ce n’était pas le communisme, au moins celui esquissé par Marx dans ses grands principes, appropriation sociale et dépérissement de l’Etat... alors qu’ils n’ont connu que l’hyper-étatisme économique, social, politique, culturel...Mais ont-ils jamais lu Marx ?

13 janvier 2010

Je pensais avoir moi-même parlé de "mission impossible" s’agissant des objectifs affichés de la révolution russe dont les principaux initiateurs apparaissent avoir plutôt considéré qu’elle résidait dans le développement d’une sorte de capitalisme d’Etat et non d’un socialisme qui en fait devait venir ensuite.

C’était même, je crois, plutôt du réalisme, et Lénine a souvent considéré comme l’un de ses référents essentiels "l’étude concrète d’une situation concrète" et des contradictions qui y sont à l’oeuvre, à l’origine du mouvement de ces situations...

Qu’il ait été nécessaire de se livrer à une élaboration spécifique en Russie, Lénine ne l’a pas seulement compris après 1917. Nombre de ses ouvrages sont antérieurs à cette date et "l’Etat et la révolution" est de 1918.

Lénine était suffisamment marxien ou marxiste pour savoir que rien en Russie ne correspondait aux critères de la société capitaliste dont parlait Marx qui se référait plutôt à l’Angleterre, à l’Allemagne et à la France.

Puisque l’objectif était une sorte de capitalisme d’Etat comme nombre de ses opposants communistes l’ont mis en évidence, il n’y avait, ou bien l’on pouvait considérer qu’il n’y avait pas qu’une seule alternative puisque l’on se situait dès lors dans le cadre classique des contradictions inter-impérialistes, mais l’alternative choisie l’a été pour l’essentiel après Kronstad et la fin du système réel des Soviets.

Le problème pour moi n’est donc pas que Lénine ait utilisé les concepts de Marx pour procéder à l’analyse mais dans ce qu’il les a "torturés" pour leur faire dire le contraire de ce que disait Marx, tout en continuant à se réclamer de Marx.

Ainsi, le "dépérissement de l’Etat" de Marx se transforme-t-il en hyper-étatisation, et il s’agira de L’Etat-Parti. La "métamorphose" a lieu pour l’essentiel avec « l’Etat et la Révolution ».

Mais si c’est Lénine qui a conceptualisé, c’est pour l’essentiel Staline qui a appliqué, et il semble y avoir mis tout son coeur !

Vous dites : "Prémisses fausses de la nature humaine" ? Mais je ne pense pas qu’il y ait une "nature humaine", je ne vois d’ailleurs pas qui ou quoi pourrait en être le dépositaire, à moins de considérer un nouveau "Créateur" puisque le premier est nié !

Où, et comment, naissent, apparaissent, se développent, vieillissent, et finissent par disparaître, les idées, les sentiments, toutes les constructions intellectuelles humaines , les comportements qui en découlent, les relations sociales...?

Mais tout cela apparaît dans les réalités de la société elle-même, dans la confrontation des êtres humains avec ces réalités, qui sont contradictoires, et donc porteuses du mouvement de l’histoire humaine, des idées qui y sont dominantes, des idées qui y sont minoritaires, des idées qui n’en finissent pas de se heurter jusqu’à se modifier en même temps que la réalité.

N’est-ce pas Marx lui-même qui analyse, comme personne ne l’a fait avant lui, le mouvement du mode de production, et donc des idées en dernière analyse en fonction des expériences, du travail, du type de relations sociales...et c’est pourquoi il ne peut y avoir une nature humaine, qui plus est serait éternelle, puisque rien en ce monde n’est éternel !

Vous dites encore : "Marx n’a pas pu ou n’a pas su décrypter le fondement de la modernité non pas comme société de classe, mais comme société techniciste quel que soit le mode de pouvoir gérant les sociétés humaines."

Mais ii me semble que Marx n’a fait que cela, à considérer qu’il n’ait eu quelques prédécesseurs dans la carrière, car lui-même "a pris le train en marche" en s’appropriant les acquis de l’économie anglaise, de la philosophie allemande, et du socialisme-communisme français...

Qu’est-ce donc les évolutions du mode de production, les révolutions industrielles, les liens dialectiques du travail, de la création de valeur, en même temps que de technique et de marchandise ?

Et n’est-ce pas lui qui développe cette idée du "fétichisme de la marchandise" qui est, à l’exemple du "fordisme", ou du "taylorisme", ou de quelque autre mode plus récent correspondant à l’automation et à l’informatisation de toute la production et de toute la société...

Et n’est-ce pas dans les blocages actuels résultant de ces dernières évolutions que se situe la crise actuelle de "sur-accumulation-dévalorisation" du capital dans ses phases nouvelles avec notamment l’hypertrophie, liée à la virtualité, du capital financier ?

Et qu’est-ce donc enfin que l’abolition du salariat sinon celle du capitalisme lui-même : pas de capital sans travail salarié, et pas de travail salarié sans capital !

Et je vous invite à lire la dernière enquête de Tns-Sofres que je vous ai fait parvenir, et avec notamment et entre autres, les 72% de salariés qui considèrent le capitalisme comme négatif, ce que les principales forces politiques, y compris donc le PCF, essaient de faire oublier sans toutefois masquer une certaine panique, laquelle peut conduire à la négation pure et simple de la souveraineté exprimée des Français, comme à l’occasion du référendum de 2005, c’est-à-dire en fait un coup d’Etat que seules quelques individualités reconnaissent !

Et il n’est qu’à considérer les 8 millions de français qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté, et que quelques autres millions ne sont guère en-dessus d’eux, pour comprendre et prendre en considération qu’ils soient finalement 72% à avoir compris que le capitalisme est la cause de cette situation, laquelle offre donc bien du "grain à moudre" à quelque force politique qui souhaiterait accompagner jusqu’au bout cette prise de conscience.

13 janvier 2010

Daniel Bensaîd, Puissances du communisme :

« Le progrès authentique réside enfin dans le développement et la différenciation de besoins dont la combinaison originale fasse de chacun et chacune un être unique, dont la singularité contribue à l’enrichissement de l’espèce. »

J’ai cédé à la tendance à lire, ou relire, quelques textes de Daniel Bensaïd, lorsque j’ai pris connaissance de votre mail je venais de terminer cette lecture de l’article intitulé : "Puissances du communisme".

Je l’ai mis en rapport avec notre débat qui appelle d’autres développements encore, notamment le processus très long de l’évolution de l’espèce humaine, processus qui en modifie en permanence les caractéristiques, ce qui fait en permanence de chaque membre un être différent.

Si donc on souhaiterait parler d’essence de cette espèce, il conviendrait de considérer que c’est avant tout le mouvement, le changement, qui nie en permanence ses caractéristiques précédentes, et par là-même son essence.

Daniel Bensaïd, Puissances du communisme (suite) :

« 9. Le Manifeste conçoit le communisme comme « une association où le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous ». Il apparaît ainsi comme la maxime d’un libre épanouissement individuel qu’on ne saurait confondre, ni avec les mirages d’un individualisme sans individualité soumis au conformisme publicitaire, ni avec l’égalitarisme grossier d’un socialisme de caserne.

Le développement des besoins et des capacités singuliers de chacun et de chacune contribue au développement universel de l’espèce humaine. Réciproquement, le libre développement de chacun et de chacune implique le libre développement de tous, car l’émancipation n’est pas un plaisir solitaire.

10. Le communisme n’est pas une idée pure, ni un modèle doctrinaire de société.

Il n’est pas le nom d’un régime étatique, ni celui d’un nouveau mode de production.

Il est celui du mouvement qui, en permanence, dépasse/supprime l’ordre établi.

Mais il est aussi le but qui, surgi de ce mouvement, l’oriente et permet, à l’encontre des politiques sans principe, des actions sans suites, des improvisations au jour le jour, de déterminer ce qui rapproche du but et ce qui en éloigne.

A ce titre, il est, non pas une connaissance scientifique du but et du chemin, mais une hypothèse stratégique régulatrice. Il nomme, indissociablement, le rêve irréductible d’un autre monde de justice, d’égalité et de solidarité ; le mouvement permanent qui vise à renverser l’ordre existant à l’époque du capitalisme ; et l’hypothèse qui oriente ce mouvement vers un changement radical des rapports de propriété et de pouvoir, à distance des accommodements avec un moindre mal qui serait le plus court chemin vers le pire.

11. La crise, sociale, économique, écologique, et morale d’un capitalisme qui ne repousse plus ses propres limites qu’au prix d’une démesure et d’une déraison croissantes, menaçant à la fois l’espèce et la planète, remet à l’ordre du jour « l’actualité d’un communisme radical » qu’invoqua Benjamin face la montée des périls de l’entre-deux guerres. »

14 janvier 2010

Pour ma part, j’ai ignoré Bensaid jusqu’à une date récente, comme bien d’autres marxisants d’ailleurs. Je ne considère pas son appartenance politique mais son apport théorique auquel il ne donne pas souvent les propositions et les pratiques qui pourraient en être issues.

Se dire "anticapitaliste" ne veut rien dire en soi, cela ne dépasse pas la spontanéité des réactions des travailleurs aux capitalistes qui les exploitent.

Je pense que j’ai été trop longtemps anticapitaliste et que maintenant il faut que je cesse de l’être, c’est-à-dire que je pense qu’il faut enfin sortir du capitalisme, qu’il faut enfin en finir avec le capitalisme.

Cela a été interdit aux communistes français, comme aux autres communistes ouest-européens, par les accords de Yalta et le partage de l’Europe auquel se sont livrés les vainqueurs de la dernière grande guerre.

Ce sont ces derniers qui ont pris la décision d’édifier un mur allant de la Baltique à la Méditerranée, et ceux qui ont tenté d’ignorer cette décision, les communistes grecs par exemple, ont été massacrés sans que personne, ni à l’Ouest, ni à l’Est, ne s’émeuve particulièrement.

L’histoire réelle de la seconde moitié du 20e siècle reste donc à écrire en repartant de ce partage auquel personne n’a jamais voulu donner sa véritable signification, ni considérer ses véritables conséquences.

D’où cependant l’errance stratégique des PC ouest-européens auxquels il a été interdit de "faire la révolution", que ce fut possible ou non, errance à laquelle le PCF n’a pas échappé, et c’est avant tout en cela qu’il a été stalinien tant il a mis de zèle à respecter les décisions de Staline, avant même la caution qu’il a apporté à ce qui a été appelé communisme, surtout socialisme, à l’Est, et qui n’a jamais été partagé par les peuples de ces pays qui ont été mis dans leur majorité devant le fait accompli.

L’autre aspect, vous l’avez dit par ailleurs, fut la "guerre froide", c’est-à-dire le refus des impérialismes occidentaux d’accepter ce partage de l’Europe, le mouvement de décolonisation qui s’en suivit, qui les privait de territoires immenses où ils ne pouvaient plus librement imposer les lois du marché et du profit de leurs capitalistes.

Je pense qu’il est d’une extrême urgence de montrer comment "les dés ont été pipés", c’est-à-dire l’urgence de dire enfin la vérité aux peuples, notamment d’Europe, et donner la seule explication plausible, réelle, de l’évolution de ces dernières décennies dans l’ensemble de l’humanité.

Et en rappelant, avec la force nécessaire, que le communisme, celui dont parlait Marx, n’a jamais été mis en oeuvre nulle part. Il faut en finir avec l’un des plus grands mensonges de l’histoire.

Quant à ce que dit Daniel Bensaid ? Au fond, je ne vois pas en quoi il rompt avec Marx dont il est un des rares à rappeler ce qu’il a dit véritablement, c’est-à-dire affirmer quelques principes qui ne sont, et ne peuvent être une construction pensée et détaillée d’une société communiste, puisque justement Marx affirme qu’on ne peut le faire à la place des "masses", lesquelles, elles, peuvent le faire, dans les conditions de développement de la société dans laquelle elles vivent.

C’est en ce sens également que l’on ne peut considérer la seule option de la violence, a fortiori s’il n’y a pas de "modèle" historique, et sans considérer non plus les évolutions des sociétés elles-mêmes, qui ne sont plus celles de 1789, ni de 1848, ni de 1871, ni d’octobre 17, ni de 1945, ni de 1968, ni de 1981, ni encore celle de Jospin en 1997 quand la "gauche plurielle"....

Une petite parenthèse pour dire que j’estime depuis les années 70 que le concept de "gauche" est inopérant et trompeur quant à l’ampleur et à la nature des rassemblements à effectuer pour en finir, non point avec la droite, il faut arrêter d’amuser le peuple avec ce cirque ou ce théâtre, mais avec le capitalisme, là encore Marx ne considérant que deux camps, celui des exploiteurs et celui des exploités.

En Russie, en 1917, l’Etat tsariste s’était effondré, écroulé, il n’y avait personne d’autre pour le ramasser, et si ce n’étaient les contradictions inter-impérialistes, et donc les interventions étrangères, ce ne sont pas les seules forces des "Blancs" qui auraient conduit, selon mes souvenirs, à la signature du traité spoliant de Brest-Litovsk.

Je l’ai dit aussi, ce ne sont pas les violences des guerres de défense, ou de conquête, qui peuvent également être acceptées, ou reproduites, pour parvenir à des changements de société.

Et pourquoi, en quelque sorte, faudrait-il attendre pour demain les violences que l’on connait dès aujourd’hui.

Le peuple français, et certainement d’autres peuples, sont soumis à de violentes violences qui n’ont jamais eu d’égal dans l’histoire de l’humanité.

Je ne considère pas ici les violences qui découlent directement de l’exploitation capitaliste, des dominations et aliénations qui y sont liées et qui peuvent conduire jusqu’au suicide les salariés qui y sont soumis, phénomène qui dépasse ce que l’on veut bien nous dire à ce sujet.

Je pense plutôt à la violence du matraquage politique, idéologique, théorique, culturel en général, sinon identitaire, et qui conduit à un divorce profond entre l’Etat, les différentes forces politiques qui concourent à son fonctionnement et y sont profondément intégrées, et la grande majorité du peuple français qui perçoit bien la violence à laquelle il est soumis, qui la dénonce sans toutefois encore pouvoir passer outre.

Aussi, dénoncer pour demain une violence de "type traditionnel", laquelle d’ailleurs n’est pas absente dès aujourd’hui, permettrait, et permet, de faire l’impasse sur des faits qui dépassent ce qu’a pu représenter à l’époque l’incendie du Reichstag.

Nous avons nos incendies journaliers dont on veut bien faire accroire qu’ils sont de la responsabilité des jeunes des banlieues, lesquels, eux, ne seraient soumis à aucune violence systémique !

Et nous avons les exceptionnels à la mesure des enjeux de notre temps et qui cependant peuvent être significatifs de la panique qui monte dans les rangs des couches ou classes dirigeantes.

Je pense par exemple à l’exceptionnel complot qu’a constitué la destruction des tours du World Trade Center, je considère que je n’ai pas à m’attarder davantage sur ce que je ne sais pas trop qualifier encore tant cela dépasse tout ce que nous avons pu connaître jusqu’à nos jours dans le mensonge, l’hypocrisie, l’ignominie, l’horreur, et que l’on ose à peine évoquer encore publiquement tant cela semble impossible à concevoir que des chefs d’Etat puissent avoir atteint ce stade de l’impensable, de l’incompréhensible et de l’inacceptable.

Ce ne serait donc point la crise du capitalisme, encore que cela m’apparaisse bien imité et quoique nous soyons effectivement dans l’inédit.

Mais un inédit dont les fondamentaux ne sont guère différents de ce qui pouvait encore apparaître en gestation au temps de Marx où les crises, au moins au milieu du 19e siècle, ne pouvaient avoir les profondeurs croissantes et l’extension généralisée que nous connaissons, qu’elles concernent directement le mode de production, lui-même complexifié et financiarisé au-delà de toute prévision, ou toutes les constructions, juridiques, institutionnelles, constitutionnelles, auxquelles n’échappent aucun des "appareils idéologiques d’Etat", ou bien encore tout le système représentatif et partitaire "qui fait eau de partout".

Je ne vois pas non plus de quelle "métaphysique" il pourrait s’agir en l’occurrence, tout cela a des causalités bien réelles, des conséquences bien matérielles et l’on voit un personnage aussi représentatif du système que Soros, mais hélas bien connu dans sa spécificité, demander rendez-vous à l’un des marxistes parmi les plus actuels de notre temps, Eric J. Hobsbawm, pour qu’il lui parle de Marx et de son analyse du capitalisme, jusqu’à faire regretter à certains le fait que Marx ne soit plus au programme, non seulement dans les Universités, mais dans toutes les grandes écoles où se forment les cadres dirigeants du système qui voient s’écrouler, sans y comprendre goutte, toutes les certitudes inébranlables dont ils étaient bardés à l’aune des diplômes obtenus ou à obtenir.

Je l’ai montré, mais je souhaite le préciser, il m’apparaît que Marx n’a jamais dit, et ne pouvait pas dire, au moins après s’être dit communiste, que "l’homme fait l’histoire", ce serait effectivement une tout autre histoire.



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