Services publics et sécurité
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Interview de Jean François SALES délégué syndicat CGT de la chambre de commerce qui gère l’aéroport Marseille Marignane et d’Edmond MAUDUY secrétaire de la CGT Air France
R.M : partout depuis plusieurs années les services publics sont attaqués dans le pays et chez vous ?
Au départ, il y a eu le plan BLANC qui a donné le signal de la casse.
Sur notre aéroport cela s’est traduit par la suppression de 50 lignes au départ de Marseille.
Ce fut la politique du tout Hub, c’est à dire départ de Roissy Charles de Gaulle et non de Marseille.
Aujourd’hui Air France se développe soit par des accords avec des compagnies du groupe, soit avec des compagnies partenaires.
Air France maîtrise la commande, se comporte comme le donneur d’ordres et la compagnie partenaire - on devrait dire sous traitante - se débrouille avec les tarifs qui sont imposés.
Le passager croit prendre 1 vol d’Air France, en fait il prend 1 vol privé et la seule façon de le savoir c’est d’être capable de décoder les indications portées sur le billet. Ainsi si sur un billet il y a comme indications AF A2 cela veut dire que le voyageur va voyager avec Air Italia ! C’est une compagnie privée comme la SAT qui va faire l’assistance.
R.M : Comment intervient la chambre de commerce (CCI) sur l’aéroport ?
Historiquement les aéroports ont été gérés par les CCI avec l’argent de l’Etat.
C’était donc une gestion publique, avec le droit de regard que cela comporte !
Il y a 4 ans, il est sorti un livre blanc disant grosso modo pour plus de réactivité, il faut faire appel au privé. Dans la foulée en 2005 la loi de Robien a entériné cette orientation. L’intervention syndicale a au moins permis que la loi comporte un volet social.
Dans cette logique 3 aéroports (Nice, Bordeaux, Toulouse) basculent vers le privé en 2006 avec une répartition de 20% au CCI, 15% aux collectivités territoriales, 51% à l’Etat. Bien sûr, ce n’est que transitoire et nous savons bien que le but c’est d’arriver à une gestion 100% privée.
- ...et Edmond
Ce qui voudrait dire la fin des obligations de service public à la laquelle les chambres de commerce sont soumises aux réseaux de distribution, points de vente, assistance au sol.......
R M : Les conséquences pour les personnels ?
Il faut bien voir, que si le chiffre d’affaires et le volume d’activités progressent l’emploi, lui, ne suit pas.
Marseille Marignane est le seul aéroport de France où toute l’activité d’Air France est géré par son personnel
Notre combat syndical est pour faire créer de l’emploi et arrêter la précarité mais on a à faire à une sous traitance de plus en plus présente.
Aussi si notre accord d’entreprises maintient les garanties cela n’est pas le cas pour les compagnies low coast. Ces compagnie dites à bas coût qui font leur publicité sur la casse des prix, cassent surtout les salaires et les conditions de travail.
Le vice président de la CCIMP délégué à l’Aéroport, JF Bigay, lui même est obligé de dire « on ne fera pas carrière dans une compagnies low coast »
En ce qui concerne la chambre de commerce, nous sommes la seule chambre de commerce maritime. On a le même statut que les salariés du port autonome. Cela est important parce que, cela a une répercussion directe sur la stabilité du contrat de travail.
Pour les boites privées de sous traitance il en va évidemment tout autrement.
Le donneur d’ordre est totalement maître de la charge de travail. Les horaires varient d’un mois sur l’autre..... et les salaires aussi.
R.M : Et les conséquences pour les usagers ?
Il y a des boites de sûreté qui mériteraient un article à elles seules....
R M : on le fera !
On ne mesure pas à quel point le risque d’accident augmente !
Les horaires de travail sont un défi au bon sens, quand tu travail sur les écrans de 2h00 du matin à 14h00 (c’est l’exemple des boites de sûreté), tu ne vois plus rien du tout et tu peux laisser passer dans les soutes des bagages des objets que tu devrais arrêter.
La logique de développement du privé est complètement contraire aux intérêts des usagers.
Il y a quelques années les comoriens [soutenus entre autre par le comité chômeurs CGT] s’étaient battus pour avoir une ligne directe Marseille - Moroni puisqu’ avec 60 000 habitants, Marseille est la plus grande ville comorienne du monde. Air France avait alors refusé. Depuis, cette ligne, a été ouverte dans le cadre du privé avec toute les conséquences dont on a parlé plus haut, - absences d’obligation de service publics, surexploitation du personnel....De même pour le Maroc, on va faire l’opération ciel ouvert qui va aboutir à la mise en place de compagnies low coast. Fini les accords de nation à nation
R M : Quelles sont vos propositions pour combattre cette logique ?
D’abord on s’est organisés sur l’aéroport. On a créé un collectif de 18 entreprises qui travaillent ensemble et s’épaulent syndicalement. On s’incruste dans toutes les commissions, on ne néglige aucun terrain de lutte. On a le service public comme boussole.
Air France doit être réintégré dans la nation. L’aéroport a été géré par ce moyen pendant 70 ans et il n’a cessé de progresser.
Nous sommes le dernier aéroport ou ce qui est Air France est traité par des salariés AF et on se bat dans ce sens. Ainsi le service hôtelier où nous venons d’obtenir l’intégration de 6 nouvelles personnes aux services publics, on a en vue d’autres intégrations.
Les salariés de l’aéroport ça leur ferait mal au cÅ“ur de voir un privé s’accaparer la technicité que nous avons acquise. En ce sens notre lutte rejoint celle de la RTM, du port ou de la SNCM.
Depuis des années le pouvoir pense transport au terme de concurrence au lieu penser en terme de complémentarité. C’est une départementale(!)qui alimente l’aéroport et non le train.
On devrait penser train, à l’échelle nationale et avion à l’échelle internationale
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